Cette "comptabilité verte" européenne a été décrite comme un "enfer" par la porte-parole du gouvernement. Si sa "complexité normative" doit être atténuée, l'UE ne doit pas perdre sa nouvelle boussole malmenée par les milieux économiques, plaident des dizaines de dirigeants dont Pascal Demurger (MAIF) ou encore Jean-Marc Jancovici.

Jean-Marc Jancovici, en 2007, à Paris ( AFP / FRANCOIS GUILLOT )
"La CSRD, une avancée réelle pour les entreprises" : plus de 80 dirigeants d'entreprise, banquiers, assureurs ou consultants ont signé dans Les Echos une tribune pour défendre la CSRD, cette directive européenne verte sous le feu des critiques des milieux économiques que la Commission prévoit de simplifier.
"Ce n'est pas en refusant le rendez-vous chez l'opticien ou l'investissement dans des lunettes qu'on y verra plus clair, bien au contraire", affirment Jean-Marc Jancovici (Carbone 4), Antoine Frérot ( Veolia ), Pascal Demurger (MAIF) ou encore Gauthier Louette ( SPIE ), convaincus qu'"abandonner ou diminuer l'ambition sur la durabilité" serait "une erreur stratégique" alors que "l'Union européenne et ses Etats membres y ont investi beaucoup de capital politique et que les entreprises y ont consacré des moyens importants".
"Dans un contexte de concurrence accrue, il faut au contraire valoriser et solidifier les acquis européens", ajoutent-ils dans cette tribune mise en ligne mardi 18 février sur le site des Echos .
La CSRD, sorte de comptabilité verte qui vise à harmoniser en Europe la manière dont les entreprises publient leurs données de "durabilité" (environnementales, sociales et de gouvernance), a été adoptée durant la précédente législature européenne dans le sillage du Pacte vert, critiqué par le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI) .
Ne pas opposer "durabilité" et "compétitivité"
Aujourd'hui, elle subit des attaques frontales des milieux économiques européens, soucieux de retrouver d'urgence un meilleur niveau de compétitivité. Récemment, la CSRD était pointée du doigt comme "un enfer" pour les entreprises par la porte-parole du gouvernement. Face à la pression des milieux patronaux, la nouvelle Commission européenne a accepté le principe d'une loi omnibus qui simplifierait ces textes.
Certes, la mise en oeuvre de la CSRD "au sein des entreprises mobilise des ressources humaines et du temps des dirigeants" et il serait , concèdent les auteurs de la tribune, "utile de réduire la complexité normative de CSRD" mais cela doit se faire avec nuance" et pas "en opposant systématiquement durabilité et compétitivité".
Les signataires insistent sur la "responsabilité particulière" de la France et de l'Union européenne face aux discours climatosceptiques: "Sur notre continent particulièrement dépourvu de ressources, et particulièrement exposé aux conséquences du changement climatique, nous devons réussir à réconcilier performance économique et lucidité sur les questions sociales et environnementales" , arguent les auteurs.
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