
(Crédits photo : Flickr - vishpool )
Après 10 ans de large surperformance face au reste du monde, de nombreux investisseurs questionnent la place des actions américaines dans les portefeuilles. Ce leadership peut-il continuer ?
Une croissance potentielle jamais vue depuis 30 ans
Depuis le début de l'année, les actions américaines (+13%) sont légèrement en retrait par rapport aux actions européennes. Quelles sont les attentes sur la croissance US et quel est le potentiel de croissance des bénéfices ?
« Le consensus attend une croissance en réel de 6,5% cette année aux Etats-Unis avec 2% d'inflation soit près de 9% de croissance en nominal. Ce serait le meilleur chiffre depuis le début des années 80. Or, les analystes ont plutôt eu tendance jusqu'à maintenant à sous-estimer l'ampleur de la reprise », souligne Tristan Camp, spécialiste produit actions américaines chez Franklin Templeton. Selon lui, cette croissance déjà forte alors que l'économie n'est pas totalement repartie a de grandes chances de se poursuivre, y compris l'année prochaine.
Cependant, l'ampleur du stimulus budgétaire et monétaire est colossale. Tout comme en Europe, le gouvernement fédéral est massivement intervenu avec un accroissement du déficit budgétaire à hauteur de 25% du PIB, contre 17% pour les 5 dernières récessions… en cumulé ! Dès lors, n'assiste-t-on pas à une reprise à crédit ? « Cela sera en partie financé par une hausse des impôts sur les entreprises et les ménages les plus fortunés. L'idée est que le plan se finance lui-même sur une durée de 5 à 10 ans », tempère Tristan Camp.
« Le plan Marshall a été une reprise à crédit avec plusieurs années de croissance qui ont suivi », rappelle Christophe Foliot, co-Directeur de la gestion Actions chez Edmond de Rothschild Asset Management. Un bon comparable puisque les taux d'endettement étaient extrêmement élevés après la seconde guerre mondiale. Si l'investissement des entreprises repart, le gérant estime ainsi que les niveaux de croissance du PIB resteront assez forts en 2022 et en 2023.
Le risque d'inflation n'est pas un problème sauf si…
Ces perspectives très fortes de croissance n'entraînent-elles pas des craintes sur l'inflation et donc potentiellement des réactions des banques centrales entraînant une baisse du marché ? Pour Philippe Quillet, analyste senior US chez OFI Asset Management, le risque numéro 1 n'est pas l'inflation mais une perte de crédibilité des banques centrales. « Une reprise de l'inflation est quelque part ce que souhaite un peu tout le monde », nuance-t-il, tout en restant attentif à l'évolution de cet indicateur.
Encore faut-il voir de quel niveau il s'agit lors que l'on parle d'inflation. « Entre 2% et 3%, nous serions dans un monde assez idéal parce que l'on pourrait s'attendre à une poursuite de la rotation sectorielle vue depuis le mois de novembre. Cela serait très favorable pour un certain nombre de matières premières, les industrielles ou encore les financières », juge Christophe Foliot, de Edmond de Rothschild AM, qui sélectionne des titres « value ». A l'opposé, il met en garde contre certaines valeurs de croissance ou de technologie ne faisant pas de profit mais ayant des valorisations extrêmes, et les considère « à risque ».
Au-delà de 3% d'inflation, le scénario pourrait d'après lui s'avérer négatif pour l'ensemble du marché car cela pourrait ralentir l'économie américaine.
Trop chère la technologie US ?
Le potentiel de croissance évoqué n'a pas grand d'intérêt pour l'investisseur si tout est déjà pris en compte dans les cours. Or selon les métriques traditionnelles, les actions US sont dans le 5% le plus cher de l'histoire. La question se pose en particulier sur les valeurs technologiques, qui représentent 30% du S&P 500. « Avec un taux 10 ans à 1,60%, les GAFAM sont peu chères ! Croissance des revenus, croissance des BPA, marges opérationnelles… ces sociétés-là sont bien placées pour jouer les thématiques liées à l'accélération de la digitalisation », réplique Philippe Quillet d'OFI AM.
Christophe Foliot approuve cette analyse mais reste néanmoins très peu exposé à la tech. Il explique ce positionnement par son approche en termes de risque/rendement et considère qu'il y a un certain nombre de secteurs sur lesquels il préfère y trouver des opportunités comme les services pétroliers, côté cyclique, ou les grands laboratoires pharmaceutiques, côté défensif.
Sous-pondération plutôt attendue des investisseurs européens
Alors qu'elles représentent un poids important du MSCI World (57%), les actions US pèsent moins de 30% des allocations hors fonds euros pour 61% des conseillers financiers d'après un sondage mené par EOS Allocations. Seuls 3% d'entre eux indiquent allouer plus de la moitié des portefeuilles sur la zone.
« L'allocation aux actions américaines mérite d'être plus proche de ce qu'elle représente dans la valorisation boursière mondiale, certainement pas loin de 50%. Il y a des opportunités uniques en matière de société de croissance que l'on ne trouve pas encore ailleurs avec une profondeur et une diversité de marché incomparables », conclut Tristan Camp de Franklin Templeton.
Ce-dernier prend l'exemple du segment des petites capitalisations américaines, en voie de rattrapage, permettant de jouer le rebond de l'économie locale car ces sociétés sont beaucoup plus dépendantes du marché américain.
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