(.) par Steve Holland, David Morgan et Jeff Mason WASHINGTON, 5 février (Reuters) - Les tensions entre Donald Trump et Nancy Pelosi se sont exacerbées à l'occasion du discours sur l'état de l'Union, mardi soir au Congrès, où le président républicain a évité de serrer la main de la cheffe de file de l'opposition démocrate, qui a déchiré la copie du discours qu'il lui avait remise. A la veille de son vraisemblable acquittement par le Sénat, Donald Trump n'a pas évoqué durant son discours le sujet de l'"impeachment" mais les cicatrices de la bataille bipartisane autour de sa destitution sautaient aux yeux: les républicains, debout, ont acclamé Trump à son arrivée au Congrès tandis que les démocrates sont pour la plupart restés assis. Donald Trump a refusé de serrer la main de Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants où a été votée en décembre sa mise en accusation, lui tendant simplement une copie de son discours avant de s'exprimer depuis l'estrade. Bien que Donald Trump et elle ne s'étaient plus vus ni entretenus depuis une réunion avortée à la Maison blanche quatre mois plus tôt, Nancy Pelosi a semblé surprise. Elle a omis les formules d'usage avec lesquelles la "speaker" annonce traditionnellement le discours du président. "Membres du Congrès, le président des Etats-Unis", s'est contenté de dire Pelosi pour présenter Trump. Lorsque le président républicain a terminé son discours, la représentante démocrate s'est levée et a déchiré la copie du discours qu'il lui avait remise. Kayleigh McEnany, porte-parole de la campagne Trump, a dénoncé via Twitter le "comportement élitiste" de Nancy Pelosi, décrivant celle-ci comme "aveuglée" par sa haine à l'égard de Donald Trump. Postant sur le réseau social une photo de sa main tendue en direction de Donald Trump, Nancy Pelosi a déclaré que les "démocrates ne cesseront jamais de tendre la main de l'amitié pour faire le nécessaire pour le peuple." "Nous oeuvrerons pour trouver un terrain d'entente quand cela sera possible, mais nous défendrons notre terrain quand cela ne sera pas possible", a-t-elle ajouté. "QUATRE ANNÉES DE PLUS" La procédure de destitution engagée en septembre dernier par les démocrates à l'encontre de Donald Trump a alimenté l'amertume entre ce dernier et Nancy Pelosi. Le président républicain qualifie régulièrement de "folle" la speaker démocrate lors de ses meetings de campagne. Quand Donald Trump a débuté son discours, les républicains des deux chambres du Congrès ont scandé "Quatre années de plus", presque neuf mois jour pour jour avant l'élection présidentielle du 3 novembre prochain. Dans les rangs démocrates, majoritairement silencieux, certains ont secoué la tête lorsque l'actuel locataire de la Maison blanche a déclaré que "l'état de notre union est plus solide que jamais". Plusieurs parlementaires démocrates avaient refusé de se rendre au Capitole, comme la libérale Alexandria Ocasio-Cortez, en guise de protestation contre le président républicain. Donald Trump s'est félicité de ce qu'il a accompli depuis qu'il a succédé au démocrate Barack Obama il y a trois ans, disant avoir dynamisé l'économie américaine et favorisé l'emploi. "En seulement trois petites années, nous avons brisé la mentalité de déclin américain et rejeté la décroissance de la destinée de l'Amérique", a-t-il dit lors d'un discours pugnace de 80 minutes dont il s'est servi pour présenter sa vision pour le pays pour les quatre prochaines années. Donald Trump a critiqué les propositions pour l'assurance-santé formulées par les candidats à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle, alors que les primaires du Parti démocrate ont été lancées lundi dans l'Iowa dans la plus grande confusion. Les sénateurs démocrates Bernie Sanders et Elizabeth Warren ont proposé un système de santé pour tous géré par le gouvernement, qui mettrait fin à l'assurance privée dont bénéficient des millions d'Américains via leurs employeurs. "Nous ne laisserons jamais le socialisme détruire le système des soins de santé américain", a dit Donald Trump, qui a fait l'objet de critiques pour n'avoir pas pris cette question à bras-le-corps afin de réduire les coûts d'assurance-santé croissants qui pèsent sur la classe moyenne américaine. GUAIDO INVITÉ SURPRISE Trump a dressé un bilan positif de sa présidence dans l'espoir de convaincre les Américains de lui accorder en novembre un second mandat de quatre ans. Il a salué un invité surprise au Congrès, le chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido, que l'administration Trump a reconnu l'an dernier comme le président légitime du pays d'Amérique latine. Donald Trump a aussi répété que les migrants venus d'Amérique centrale devaient être empêchés de franchir la frontière sud des Etats-Unis et que les villes dites "sanctuaires" protégeant les migrants avaient tort de le faire. Ces commentaires sur l'immigration ont provoqué la désapprobation de Nancy Pelosi, qui a secoué la tête. Mis en accusation par les démocrates pour abus de pouvoir et entrave au Congrès, Donald Trump a dénoncé par le passé une "chasse aux sorcières" et une tentative de putsch. L'issue du procès en destitution au Sénat ne fait pas de doute, alors que la chambre haute du Congrès est contrôlée par les républicains. Pour aboutir, l'"impeachment" doit être approuvé à une majorité des deux tiers, soit 67 voix. Or aucun des 53 sénateurs républicains n'a fait part de sa volonté de rompre les rangs. Le vote au Sénat est attendu mercredi vers 16h00 (21h00 GMT). (version française Jean Terzian)
USA-Trump, au Congrès, snobe Pelosi qui déchire la copie de son discours
information fournie par Reuters 05/02/2020 à 07:00
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