par Lucy Raitano et Samuel Indyk
Les résultats du troisième trimestre des entreprises européennes ont été pour la plupart supérieurs aux anticipations des marches, certes faibles, ce alors que les investisseurs initialement pessimistes récompensent les bonnes performances financières.
Les analystes avaient abaissé leurs anticipations de croissance bénéficiaire d'environ 385 points de base durant les deux mois précédant le début de la saison des résultats, selon des données LSEG, contre une baisse moyenne de 100 pb.
Près de la moitié des entreprises du Stoxx 600 ont publié leurs résultats pour ce trimestre, et 56% d'entre elles ont surpris le consensus à la hausse, selon des données de Citi, dans la moyenne d'une saison des résultats classique.
SURPRISES A LA HAUSSE
A l'inverse des précédents trimestres, les investisseurs ont davantage récompensé les surprises à la hausse que puni les résultats moins bons qu'attendu.
Selon une analyse de Bank of America Global Research, les entreprises dont les résultats ont été meilleurs qu'attendu ont affiché une surperformance de 1,8% le jour de la publication, la deuxième meilleure surperformance en dix ans.
La contre-performance des entreprises aux résultats moins bons que prévu s'est affichée en ligne avec sa moyenne historique, à -0,8%.
"Les investisseurs s'inquiétaient des résultats au troisième trimestre", souligne Andreas Bruckner, stratégiste action chez BofA.
"Ces inquiétudes semblent avoir été trop fortes, les chiffres étant surprenamment positifs; cela se constate également dans l'accueil réservé aux bons résultats et la révision à la hausse de 3% des perspectives de bénéfice par action récemment", ajoute le stratège.
CHINE ET CYCLIQUES
La faiblesse de l'activité chinoise a pesé sur les valeurs cycliques en Europe, qui s'inquiètent d'une demande plus faible dans la deuxième économie du monde.
"Les tendances que nous observons sur les résultats sont pour le moment négatives: d'importantes révisions à la baisse ont eu lieu, en particulier en Europe et dans certains secteurs exposé à la Chine, comme l'automobile", explique Graham Secker, responsable de la stratégie action chez Pictet Wealth Management.
Le groupe de luxe LVMH LVMH.PA , les constructeurs automobiles Mercedes-Benz et Volkswagen et la major pétrolière BP BP.L ont tous prévenu que la faible demande chinoise avait un impact sur leurs résultats.
PLAN DE RELANCE CHINOIS
Malgré le pessimisme entourant la Chine, l'espoir demeure d'une reprise de la demande locale, déclenchée par les plans de soutien annoncés en septembre.
Bernie Ahkong, responsable des investissements au sein du
fonds alternatif UBS O'Connor, a déclaré ne pas être surpris par l'inquiétude des entreprises à court terme sur la demande chinoise, mais ajoute que les actions européennes réagissent positivement aux bonnes nouvelles sur leurs fondamentaux.
"Les investisseurs regardant au-delà de ces mesures de soutien, tandis que les fonds alternatifs limitent leur exposition au risque et couvrent leurs positions vendeuses en amont des élections américaines", ajoute Bernie Ahkong.
BANQUES
Les banques européennes ont profité une nouvelle fois des taux d'intérêt élevés, qui soutiennent leurs marges.
Malgré le cycle d'assouplissement entamé par la Banque centrale européenne, les investisseurs demeurent optimistes.
"Les taux vont demeurer structurellement plus élevés qu'au cours des précédents cycles économiques", estime Thomas McGarrity, responsable action chez RBC Wealth Management.
La croissance des bénéfices pour les groupes financiers est attendu à 20,6% au troisième trimestre, la troisième plus forte croissance des secteurs du Stoxx 600, selon des données LSEG I/B/E/S.
Pour le moment, 80% des entreprises du secteur ont publié des résultats meilleurs que prévu.
OPPORTUNITES
L'économie européenne stagne depuis deux ans, et la faible demande domestique pèse sur les petites et moyennes capitalisations.
"Les entreprises sont devenues plus pessimistes sur les perspectives de croissance, mais les prévisions suggèrent désormais que la reprise aura lieu en 2025", relève David Walton, gérant chez Marlborough.
"Il n'est pas certain que la reprise en 2025 sera importante, mais cela créé des opportunités d'achat car les valorisations sont faibles", précise le gérant.
Les entreprises européennes se négocient à un ratio de prix sur bénéfices à 12 mois de 13,6x, contre une moyenne à long terme de 14,3x. Les capitalisations moyennes sont encore moins chères, à 12,7x contre une moyenne de 15x.
(Rédigé par Lucy Raitano et Samuel Indyk ; version française Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)
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