
Une nouvelle ère s'ouvre pour le secteur européen de la défense (Crédits: Adobe Stock)
Un véritable changement de braquet. Le secteur de la défense s'envole lundi en Bourse, alors que le sommet de Londres ayant réuni nombre de dirigeants européens ce week-end augure d'une forte progression des budgets militaires dans les années à venir. Avec un cap clair pour le Vieux Continent: prendre à bras-le-corps le sujet de sa propre sécurité en réduisant sa dépendance au "parapluie militaire" américain.
Le président de la République Emmanuel Macron a estimé dimanche dans une interview au Figaro que les pays européens devraient se fixer comme objectif des dépenses de défense "autour de 3% ou 3,5% du PIB [produit intérieur brut]" - contre environ 2% actuellement en moyenne - alors que la nouvelle entente entre Washington et Moscou sur le dossier ukrainien suscite l'inquiétude.
Une telle accélération d'ici à 2030 se traduirait par une augmentation des dépenses militaires allant de 7% à 10% par an en Europe, selon les calculs de Deutsche Bank. Un changement de paradigme majeur.
Les investisseurs ont bien cette nouvelle réalité en tête et se positionnent en conséquence. Vers 15h00, l'italien Leonardo, le britannique BAE Systems et l'allemand Rheinmetall enregistraient des gains compris entre 13% et 14% en Bourse. Les français Thales et Dassault Aviation n'étaient pas en reste avec des bonds respectifs de 15% et 17%.
+ "Une montée en puissance irrésistible" +
"Plus qu'un simple rallye [boursier], c'est l'aube d'une nouvelle phase de croissance pour la défense européenne", souligne lundi AlphaValue dans une note, en saluant une "montée en puissance irrésistible". "La demande d'équipements de défense monte en flèche et les entreprises européennes sont en première ligne pour en bénéficier", ajoute l'intermédiaire financier.
Après 30 ans de sous-investissements, le programme du réarmement de l'Europe est désormais bel et bien engagé, appuie JPMorgan, qui a relevé lundi de 25% en moyenne ses objectifs de cours sur les valeurs du secteur européen de la défense.
En Europe, l'Allemagne est le pays qui a le plus de retard à rattraper s'agissant des dépenses militaires. Berlin en a bien conscience. Les deux partis négociant la formation du prochain gouvernement en Allemagne envisageraient ainsi d'investir plusieurs centaines de milliards d'euros dans la défense, selon les informations rapportées dimanche par Reuters.
Ce qui représenterait un "véritable choc positif pour l'Allemagne et l'Europe", juge lundi Deutsche Bank. A titre de comparaison, les membres européens de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) ont affiché des dépenses de défense combinées de 476 milliards de dollars en 2024, selon les données de l'Otan citées par JPMorgan.
En résumé, "il y a des décennies où rien ne se passe et il y a des semaines où des décennies se produisent", comme disait Lénine. Plus que de "semaines" on pourrait même parler de "jours" actuellement, indique Deutsche Bank, alors que les dirigeants européens se réunissent de nouveau jeudi pour évoquer un plan de paix en Ukraine et la montée en puissance des budgets militaires.
-Vincent Alsuar, Agefi-Dow Jones, valsuar@agefi.fr, ed: JDO
Agefi-Dow Jones The financial newswire
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer