* Un sénateur UDI réfute le lien entre cancer et glyphosate * "Pas de conclusion dans le rapport", corrige Villani * Soupçons de lobbying de la part de Monsanto (Actualisé tout du long avec contexte, commentaires et précisions) TOULOUSE, 13 mai (Reuters) - Le sénateur UDI de Haute-Garonne, Pierre Médevielle, qui a affirmé à de nombreux médias que la cancérogénicité du glyphosate n'était pas établie scientifiquement, a été désavoué lundi par ses pairs, notamment par Cédric Villani, député La République en marche (LaRem) de l'Essonne. Considéré comme "probablement carcinogène pour l'homme" par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), émanation de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'herbicide vedette de Monsanto - filiale du groupe allemand Bayer BAYGn.DE - n'est en revanche pas classé comme tel par les agences sanitaires européenne (Efsa) et française (Anses). Alors qu'un rapport parlementaire sur le rôle des agences sanitaires doit être présenté jeudi à la presse, sous l'égide de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), Pierre Médevielle, co-rapporteur de ce document, a déclaré à Reuters que malgré "une véritable psychose autour des effets du glyphosate (...) aucune étude scientifique ne prouve sa cancérogénicité ni en France, ni en Europe, ni dans le monde". Le rapport en question, qui a nécessité quinze mois d'enquête et plus de 70 auditions, porte sur "l'indépendance et l'objectivité des agences chargées d'évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché". "Il n'y a pas de rapport sur le glyphosate, (...) il a un rapport sur lequel a travaillé le sénateur Médevielle, qui porte sur le fonctionnement des agences d'évaluation des risques sanitaires", a expliqué sur France inter le député LaRem Cédric Villani, premier vice-président de l'Opecst. Selon le mathématicien, en lice pour les municipales à Paris, ""le sénateur Médevielle (...) a ajouté aux conclusions du rapport ses propres conclusions, qui ne regardent que lui et qui n''engagent en rien (la) responsabilité" de l'Opecst. "MALADRESSE" "Je déplore cette maladresse", a-t-il ajouté. Dans un communiqué commun avec le sénateur de la Meuse Gérard Longuet, président de l'Opecst, il précise que "contrairement à ce qui a pu être indiqué, (le rapport) ne se prononce pas sur la toxicité à long terme du glyphosate, qui doit être réexaminée par plusieurs agences d'évaluation européennes dans le cadre du processus de ré-autorisation du glyphosate à l’horizon 2022". D'autant plus qu'il n'appartient pas à l'Opecst "de formuler une vérité scientifique officielle ou de procéder par lui-même à des travaux de recherche", est-il rappelé dans ce communiqué. "Nos travaux ont été approuvés par le CNRS, l'Inra (Institut national de la recherche agronomique-NDLR) et l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail-NDLR)", a précisé le sénateur de Haute-Garonne. Se défendant de céder à la pression des lobbies, il rappelle qu'il faisait partie des 40 premiers signataires contre les néonicotinoïdes tueurs d'abeilles. "RESTAURER LA CONFIANCE" "Le lobbying de Monsanto pris en flagrant délit !", a pourtant estimé le député européen José Bové sur Twitter. Selon Pierre Médevielle, il s'agit "juste que sur un tel débat de société, comme celui du glyphosate, la confiance soit restaurée entre les agences nationales chargées d'évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché et l'opinion." Mais Cédric Villani a expliqué sur France Inter que "le rapport tel qu'il est déjà rédigé n'a aucunement l'intention de rouvrir le dossier du glyphosate ou de changer une quelconque conclusion de l'une des agences qui se sont prononcées là-dessus". Fin 2017, les Etats membres de l'Union européenne ont renouvelé pour cinq ans la licence du glyphosate. Le gouvernement français a de son côté promis que la substance serait interdite "dans ses principaux usages" d'ici 2021, et "pour tous les usages" d'ici cinq ans. Bayer a annoncé dimanche avoir chargé un cabinet juridique extérieur d'enquêter sur la constitution par Monsanto d'un fichier de personnalités en France en fonction de leurs positions sur les pesticides. Selon des informations révélées par France 2 et Le Monde, un fichier secret de 200 noms de journalistes, politiques, dirigeants d'organisations professionnelles ou scientifiques a été constitué en novembre 2016. Il provient d'une fuite du cabinet de lobbying et de relations publiques Fleishman-Hillard, "mandaté par Monsanto pour l'assister dans sa défense du glyphosate". Des personnalités dont les noms sont cités comme figurant dans le fichier ont annoncé vendredi leur intention de porter plainte. Une enquête préliminaire, confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), a été ouverte par le parquet de Paris, à la suite d'une plainte déposée par Le Monde. France Télévisions a également fait part ce week-end de son intention de porter plainte. Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) en ont fait autant lundi. (Julie Rimbert, avec Myriam Rivet et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)
Un sénateur recadré après ses propos controversés sur le glyphosate
information fournie par Reuters 13/05/2019 à 18:00
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