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Ukraine-Les corps de civils jonchent les rues de Boutcha après le retrait russe
information fournie par Reuters 02/04/2022 à 23:00

par Simon Gardner, Zohra Bensemra et Abdelaziz Boumzar

BOUTCHA, Ukraine, 2 avril (Reuters) - Des corps de civils jonchaient les rues de Boutcha samedi, trois jours après le retrait des forces d'invasion russes de cette ville située au nord d'Irpin, dans la banlieue nord-ouest de Kyiv.

Dans une rue de la ville dévastée par les bombardements, sur laquelle flotte l'odeur entêtante de la poudre et de la mort, Vassili, 66 ans, regarde les cadavres d'une vingtaine d'hommes allongés dans la rue devant sa maison. Le visage fermé, il désigne l'un d'eux, le beau-père de son fils, dit-il, un ami d'enfance.

D'après les témoignages des habitants, tous ces hommes ont été tués par les soldats russes avant leur départ.

Les morts portent des vêtements civils. Certains sont tombés à côté de leur vélo, d'autres ont un sac de courses à la main. La décomposition de certains corps indique qu'ils sont là depuis des jours, voire des semaines. Difficile de dire s'ils ont été tués par balles, ou victimes d'un bombardement. L'un d'eux a une partie du crâne arrachée.

"Les salopards", s'emporte Vassili en sanglotant de rage. "Ce sont des chiens", dit-il à propos des soldats russes qui avaient positionné leur char à côté de sa maison.

"On est resté dans la cave pendant deux semaines. On avait à manger, mais pas de lumière, pas de chauffage. On chauffait l'eau avec des bougies, on dormait avec nos bottes."

Des responsables municipaux ont guidé l'équipe de Reuters dans les rues de Boutcha, désormais patrouillées par des blindés de l'armée ukrainienne, drapeau bleu et jaune bien visible.

Selon le maire, Anatoli Fedorouk, plus de 300 habitants ont été tués, nombre d'entre eux enterrés sommairement dans une fosse commune située près d'une des églises de la ville.

De nombreuses carcasses de chars russes et de véhicules blindés calcinés encombrent les rues, à côté de roquettes et même d'un obus de mortier qui n'ont pas explosé.

Maria Jelezova, 74 ans, avait la santé trop fragile pour fuir Boutcha quand les soldats russes sont arrivés dans les jours qui ont suivi le début de l'invasion, le 24 février.

Marchant dans les rues de la ville comme une somnambule, au bras de sa fille Irina, âgée de 50 ans, elle dit avoir échappé de peu à la mort à trois reprises, dont une fois lorsqu'une balle a fait voler en éclats la fenêtre de sa chambre, la blessant à la jambe.

Elle montre un brassard blanc que les soldats russes avaient imposé aux habitants de porter à tout instant. "On ne veut pas qu'ils reviennent", souffle-t-elle. "J'ai fait un rêve cette nuit. J'ai rêvé qu'ils étaient partis, et qu'ils ne revenaient pas."

Ni le ministère russe de la Défense, ni le Kremlin n'ont fait de commentaire sur les évènements qui se sont déroulés à Boutcha au cours du mois écoulé.

(Rédigé par Simon Gardner, version française Tangi Salaün)

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