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par Charlotte Van Campenhout
Le projet de l'Union européenne (UE) d'utiliser les avoirs russes gelés pour soutenir financièrement l'Ukraine pourrait compromettre les chances d'un accord de paix potentiel pour mettre fin à la guerre qui dure depuis plus de trois ans, estime le Premier ministre belge Bart De Wever.
"Aller de l'avant à la hâte sur le projet de prêt pour les réparations aurait comme dommage collatéral que nous, en tant qu'UE, empêchions effectivement la conclusion d'un éventuel accord de paix", déclare-t-il dans une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, que Reuters a pu consulter.
Le Financial Times a été le premier à faire état de cette lettre jeudi soir.
Depuis octobre, les Vingt-Sept débattent d'un "prêt de réparation" de 140 milliards d'euros destiné à Kyiv et financé par les avoirs russes gelés dont la majorité est placée chez Euroclear, structure financière de dépôts de titres basée en Belgique.
Le pays abrite ainsi 185 milliards d'euros d'avoirs russes gelés sur un total de 210 milliards d'euros placés en Europe.
Le projet européen prévoit que l'Ukraine ne rembourse le prêt de l'UE que si Moscou lui verse des dommages de guerre dans le cadre d'un accord de paix.
Mais le gouvernement belge se montre très frileux concernant les risques juridiques et financiers d'un tel montage et les Vingt-Sept ne sont pas parvenus à obtenir son soutien lors de leur sommet le 23 octobre.
"La proposition de prêt pour les réparations est à mon avis fondamentalement erronée", juge Bart De Wever dans sa lettre.
La Commission européenne doit présenter - vendredi ou durant le week-end, selon des responsables de l'UE - un projet de proposition juridique concernant l'utilisation des avoirs russes gelés afin de lever les objections de la Belgique.
Le Premier ministre belge affirme pour l'heure n'avoir vu "aucune proposition de formulation juridique de la part de la Commission".
L'exécutif européen n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.
La Commission espère que l'UE parviendra à un accord sur cette question lors du prochain sommet des dirigeants des Vingt-Sept, qui se tiendra les 18 et 19 décembre.
(Rédigé par Bipasha Dey à Bangalore et Charlotte Van Campenhout à Bruxelles ; version française Blandine Hénault, édité par Sophie Louet)

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