La plupart des sociétés de gestion dressent donc un tableau solide de l’économie, d’autant plus que cette croissance est homogène et non pas tirée par certains secteurs.
Comment vont les actions européennes ?
Cela fait 12 mois que l’on entend parler de resynchronisation de la croissance mondiale. L’économie se trouve ainsi dans une phase de reprise globale. Des conditions très rarement connues et qui bénéficient de fait au marché européen.
Les entreprises européennes vont ainsi extrêmement bien. « Ce n’est pas très étonnant avec un contexte exceptionnel de croissance du PIB européen à 2% » explique Jean-Charles Belvo, gérant actions chez Inocap Gestion.
2017 a d’ailleurs été l’année où l’on a enfin eu de la croissance du Bénéfice Par Action (BPA). La plupart des sociétés de gestion dressent donc un tableau solide de l’économie, d’autant plus que cette croissance est homogène et non pas tirée par certains secteurs. Et malgré le retour de la volatilité en ce début d’année, Emmanuel Chapuis (co-responsable global de la gestion actions fondamentales chez Oddo BHF AM) ne voit pas ce qui pourrait cette année casser la dynamique entamée en 2017. « Le reflux que l’on voit là nous paraît salutaire, comme une respiration qui nous permet de trouver d’autres opportunités » se réjouit-il.
Quel serait l’impact d’une Guerre Commerciale pour l’Europe ?
Si les chiffres d’activité demeurent globalement sur une bonne dynamique, la montée du protectionnisme à l’échelle mondiale a cependant occupé le devant de la scène ces dernières semaines et semble menacer les marchés.
« Cette guerre commerciale n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie mondiale » estime Guillaume Dard, Président de Montpensier Finance. Un avertissement à peine nuancé par Igor de Maack, porte-parole de la gestion chez DNCA qui indique qu’au milieu de cette virulence verbale et médiatique entre les Etats-Unis et la Chine, « l'Europe va s'efforcer de tenir le cap pour affronter son propre défi : la convergence économique. »
« Les conséquences pourront être absorbées, si une périlleuse escalade est évitée dans les mois à venir » rassure néanmoins Guillaume Dard. Certes, les tensions commerciales à venir entre la Chine et les Etats-Unis enlèvent beaucoup de visibilité, mais Cyrille Geneslay, Gérant Allocataire chez CPR AM, se veut pragmatique : « Si les Etats-Unis gagnent la guerre commerciale, l’Union européenne ne manquera pas de s’engouffrer dans la brèche en réclamant des tarifs plus souples à la Chine. Si Pékin gagne la partie, l’Union européenne n’aura pas "fâché " la Chine. "Win-Win ". »
Pourquoi les Actions européennes plutôt que les Actions US ?
Depuis quelques années, de nombreux gérants affirment qu’il faut avoir des actions européennes. « Mais le marché américain a été bien plus dynamique en termes de BPA » note Emmanuel Chapuis. Et ce différentiel explique bien pourquoi les Etats-Unis surperforment.
Est-ce qu’on doit pour autant se positionner sur le marché américain ? « Il y a un niveau de valorisation très élevé mais tiré par la tech » constate le gérant. Et si le momentum des BPA est bien meilleur aux Etats-Unis, 2017 semble malgré tout être un point d’inflexion en Europe. « Cela nous paraît un moment où le marché européen retrouve de l’attrait en relatif » poursuit Emmanuel Chapuis.
Chez M&G Investments, le gérant Juan Nevado remarque un grand écart de valorisation entre les actions US et non US, favorisant ainsi ces dernières dans ses fonds. Et dans certains pays comme l’Allemagne, le rendement des actions est actuellement au-dessus de leur moyenne historique. « Les actions européennes sont également moins chères que le crédit européen » précise l’expert.
2018 sera-t-elle l’année du stock-picking sur l’Europe ?
Cette fois, c’est la bonne ? Cette année encore, les sociétés de gestion affirment que ce millésime sera celui du stock-picking. Un discours déjà entendu, pourquoi faudrait-il donc davantage croire les gérants cette année ?
« Il y a une nouveauté depuis 10 ans, c’est le retour de l’inflation » remarque Bertrand Puiffe, gérant actions chez Fidelity International. Et il note que l’histoire nous rappelle que dans un contexte similaire entre 1975 et 1982, le marché n’avait rien fait. Il n’y avait donc pas beaucoup d’intérêt à investir sur l’indice. Mais l’expert précise que 30% des valeurs ont plus que doublé pendant cette période. « Il va y avoir de plus en plus de différences entre les stock-pickers et on va vraiment voir qui fait son boulot » avance-t-il.
Laurent Dobler reconnaît qu’il ne peut dire que les actions sont bon marché aujourd’hui. Mais il considère qu’il n’y a pas beaucoup d’alternatives actuellement. Il anticipe un marché qui va rester « en tôle ondulée » ces prochaines années, d’où l’importance de trouver les bonnes valeurs. « La croissance va être plutôt difficile à trouver. C’est comme dans la publicité Duracell, il y a les lapins morts et ceux qui continuent à fonctionner... mais qui vont rester chers » annonce-t-il.
D’ailleurs, certaines valorisations comme Snapchat ou Twitter « frisent le non-sens » selon Bertrand Puiffe. Certes, il ne doute pas qu’il y a de la croissance dans la technologie mais il pense qu’il y aura de l’écrémage. « D’un point de vue valorisation, cela peut créer un risque » prévient-il.
Plutôt actions « Croissance » ou actions « Value » ?
Comgest est particulièrement reconnue comme une société spécialisée Croissance, mais Laurent Dobler a cependant toujours considéré qu’il faisait également du Value. Il cherche à acheter des croissances beaucoup plus longues que le marché ne l’anticipe. « On achète un long film, quand la Value va acheter un court-métrage ou une photo » image-t-il. Et il peut y appliquer une stratégie de « buy and hold », caractéristique de Comgest depuis 30 ans.
Bertrand Puiffe, qui a un biais Value assumé, pointe que l’élastique des écarts de performance entre Value et Croissance est tendu. Il se dit qu’avoir uniquement de la Croissance dans son portefeuille est risqué car il anticipe qu’il va y avoir une correction. « La Value en relatif est intéressante, pas seulement en cours de bourse mais aussi en valorisation » juge-t-il.
Concernant ce débat Value / Croissance, Emmanuel Chapuis essaie de mettre tout le monde d’accord. « On est pas croissance à tout prix, et dans notre choix de titres, la valorisation est clé. »
Peut-on encore trouver de la valeur sur les micro et small cap ?
Jean-Charles Belvo voit encore des titres intéressants sur ce marché malgré des multiples de valorisation qui ont eu tendance à s’apprécier. « Même si on trouve encore beaucoup d’idées, on a désormais une sélection encore plus forte, notamment via notre biais innovation » admet-il.
Selon Laurent Dobler, il y a en Europe une certaine richesse avec des sociétés qui vont continuer à croître. Il lui semble cependant que le contexte va être moins favorable, notamment pour les nouveaux arrivants.
A la faveur de la remontée des taux, Bertrand Puiffe analyse que l’on pourrait voir un mouvement d’accélération des fusions acquisitions. « Et les small et mid cap sont une cible » ajoute-t-il. En effet, elles constituent un vivier de croissance externe pour les grands groupes grâce à leurs capacités à innover, mais aussi en raison de valorisations parfois relativement faibles.
Le segment des entreprises microcaps semble également concerné avec un millésime 2018 prometteur sur le plan des OPA après un début d’année dynamique. « Elles comptent pour 2% de la capitalisation boursière totale des marchés actions dans le monde alors qu’elles représentent quasiment la moitié des sociétés cotées et continuent à offrir plus d’inefficiences que l’univers des grandes valeurs » commente Sébastien Lagarde, gérant et spécialiste de la classe d’actifs chez Mandarine Gestion.
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