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Thales double la production de ses sonars, bête noire des sous-marins
information fournie par AFP 12/10/2025 à 08:40

Atelier d'assemblage des sonars Captas de Thales à Brest, le 1er octobre 2025 ( AFP / Fred TANNEAU )

Atelier d'assemblage des sonars Captas de Thales à Brest, le 1er octobre 2025 ( AFP / Fred TANNEAU )

A quelques encablures de la base navale de Brest où sommeillent les sous-marins nucléaires français, Thales intensifie la fabrication de sonars destinés à traquer les bâtiments ennemis sous l'eau, des "poissons" jaunes dont la demande explose sur les océans.

Agrandis, les ateliers tournent à plein régime. Le groupe de haute technologie et de défense a récemment vendu le centième sonar remorqué Captas, son produit vedette, qui équipe dix-sept marines, dont celle des Etats-Unis.

"Pour tenir compte de l'augmentation de la demande", la capacité de production va être multipliée "par 2 à 2,5" entre 2024 et 2026, assure Emmanuel Michaud, vice-président du secteur sous-marins chez Thales. Une dynamique portée par l’augmentation des budgets de défense en Europe face à la posture de plus en plus menaçante de la Russie.

Thales, qui emploie plus de 1.800 personnes à Brest, y a recruté 120 personnes en 2024 et le même nombre d'embauches est prévu en 2025.

- Entendre l'invisible -

Un sous-marin ne vaut que tant qu'il est invisible: dès qu'il est repéré, il devient une cible.

"Localiser et identifier le sous-matin ennemi vous donne un avantage stratégique significatif", explique à l'AFP Kai Balder, spécialiste de la guerre anti-sous-marine au cabinet de conseil Roland Berger.

Récemment la frégate française multimission Alsace équipée de Captas a escorté pendant plusieurs semaines un sous-marin russe dans l'Atlantique.

Mise à l'eau par télécommande du sonar Tsam de Thales du programme de la lutte contre les mines franco-britannique MMCM à Brest, le 1er octobre 2025  ( AFP / Fred TANNEAU )

Mise à l'eau par télécommande du sonar Tsam de Thales du programme de la lutte contre les mines franco-britannique MMCM à Brest, le 1er octobre 2025 ( AFP / Fred TANNEAU )

"Les sonars touchent directement à la dissuasion. La lutte anti-sous-marine est un facteur déterminant de la crédibilité" d'une puissance nucléaire, explique à l'AFP l'amiral Eric Chaperon, conseiller défense de Thales.

Dans cette lutte, Thales figure "parmi les meilleurs fournisseurs de sonars au monde, non seulement en France, mais aussi au Royaume-Uni, et même dans certaines parties aux Etats-Unis qui préfèrent traditionnellement leurs fabricants nationaux", remarque Kai Balder.

Mis à l’eau depuis l’arrière d'une frégate, le Captas scrute les profondeurs en émettant des ondes de très basse fréquence à grande distance pour détecter les échos dans les profondeurs.

"Le sous-marin a beau être silencieux, il va être touché", dit Eric Chaperon.

En complément, la bouée sonar de Thales Sonoflash, qui peut être transportée par hélicoptère puis larguée dans l'eau, affine la localisation.

Ce dispositif "permet de détecter, de pister et, le cas échéant, d’engager un armement une fois que la cible est identifiée", explique Emmanuel Michaud.

- Marché "attrayant" -

Thales développe aussi des outils de lutte contre les mines sous-marines, misant sur les drones pour tenir les équipages à l’écart du danger.

E-Poc, centre opérationnel de la guerre anti-mines de Thales qui fait partie du programme franco-britannique MMCM visant à remplacer les chasseurs de mines traditionnels par des systèmes autonomes, à Brest, le 1er octobre 2025 ( AFP / Fred TANNEAU )

E-Poc, centre opérationnel de la guerre anti-mines de Thales qui fait partie du programme franco-britannique MMCM visant à remplacer les chasseurs de mines traditionnels par des systèmes autonomes, à Brest, le 1er octobre 2025 ( AFP / Fred TANNEAU )

Le sonar tracté Tsam, remorqué sur un drone de surface, peut trouver des objets "de l'ordre d'une carte bancaire sous l'eau", explique Anthony Loussaut, responsable des sonars pour le projet de la lutte contre les mines franco-britannique MMCM visant à remplacer les chasseurs de mines traditionnels par des systèmes autonomes.

Thales qui a déjà vendu plus de 300 sonars de chasse aux mines à une cinquantaine de marines, a livré pour la première fois un système autonome à la Marine nationale fin 2024 puis à la Royal Navy en février 2025. Leur mise en service est prévu en 2026.

Mais la concurrence fait rage, reconnaît Benoît Drier de Laforte, conseiller en guerre des mines de Thales.

Le groupe franco-belge Exail qui fabrique des drones marins chasseurs de mines revendique ainsi des solutions moins chères et un carnet de commande "multiplié par dix" depuis un contrat en 2019 avec les marines belge et néerlandaise.

"Thales a une vraie capacité d'intégration de bout en bout, ils savent coordonner les drones, la connectivité, les capteurs, le traitement de données... Exail est plutôt champion dans le domaine des véhicules non-habités", détaille Xavier Tytelman, expert défense et ancien aviateur de la patrouille maritime interrogé par l'AFP.

De façon générale, "la demande pour ce type de solutions croît rapidement, c'est un marché attrayant", conclut Kai Balder.

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