
teleperformance lisbonne (Crédit: Miguel Carraca / Unsplash)
La rédemption boursière n'est pas encore arrivée pour le leader mondial des centres d'appels. Sa reconquête de la croissance perdue est freinée par le climat économique incertain. Subséquemment, l'ajustement de ses prévisions pour l'exercice à l'occasion de la publication des résultats semestriels fin juillet, dans un contexte de grande nervosité des marchés et d'extrême sévérité de ces derniers à son égard, ne pouvait se traduire que par une nouvelle déconvenue pour le titre. Celle-ci a été impressionnante. L'action a plongé de plus de 20 % le 1er août et a même poursuivi sa baisse depuis. En trois ans, il a perdu les trois quarts de sa valeur!
Un peu moins bien que prévu
Rien de dramatique pourtant dans les chiffres publiés fin juillet. Certes, le groupe ne vise plus que la borne basse de sa fourchette de croissance organique comprise entre 2% et 4%, et sa cible d'une marge opérationnelle courante en légère progression de 10 points de base au mieux est confirmée mais à changes constants (contre courantspréalablement). Toutefois, le consensus de place tablait déjà sur une croissance organique pour l'exercice de 2,3%, et sur une marge de 15% (elle devrait s'établir à 14,8% sur la base des changes actuels). Enfin, l'objectif d'une génération de cash-flow net de l'ordre de 1milliard a été, de son côté, réaffirmé.
Cette révision tient à des effets de change négatifs du fait de l'appréciation de l'euro par rapport à la plupart des devises et à la volatilité de l'environnement commercial aux Etats-Unis. L'activité Services spécialisés a ainsi vu son chiffre d'affaires sur la période de janvier à juin se replier de 7% à données comparables (il aurait crû de 3% en excluant l'impact du non-renouvellement d'un contrat majeur dans la gestion des demandes de visa). La croissance organique de la division Core services, à 2,9%, s'est avérée plus encourageante, d'autant qu'elle s'est accompagnée d'une accélération d'un trimestre à l'autre (de + 2,3% au premier à + 3,5% au deuxième), grâce, notamment, à l'Europe et à l'Asie. Au total, le chiffre d'affaires a atteint 5,1milliards d'euros, en hausse de 1,5% à données comparables. De son côté, l'Ebita courant est resté quasi stable, à 697millions, faisant ressortir une marge de 13,6% en repli de 30 points de base (13,9% hors effet de change).
«Value»
La question autour de Teleperformance ne tient plus seulement à sa capacité à s'adapter à la révolution que représente l'IA mais aussi à son statut en Bourse. Elle n'est plus une valeur de croissance, c'est un fait acté depuis des mois déjà. Sa croissance organique normative devrait désormais s'établir entre 2% et 3% tout en dégageant plus de 1milliard de liquidités tous les ans. En d'autres termes, elle est devenue une belle «value» à la condition, bien sûr, qu'elle réussisse à faire de l'IA une source d'opportunités. C'est un pari, mais il ne justifie en rien une valorisation aussi bradée: 4 fois le cash-flow attendu cette année.
Il est difficile de se battre contre le marché, mais les résultats restent solides et la valorisation est devenu extrêmement faible. C'est ce qui justifie notre conseil d'achat spéculatif. Si des signes alarmants de décroissance de l'activité apparaissaient, nous pourrions toutefois être amenés à revoir ce conseil.
Retrouvez cet article sur INVESTIR
3 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer