L'écart de rendement entre la dette à 10 ans française et sa contrepartie allemande
FR10DE10=RR touche mercredi un plus haut en séance depuis 2012, reflet du malaise des investisseurs inquiets de la trajectoire budgétaire de l'Hexagone.
À 08h50 GMT, cet écart atteignait 87,2 points de base après avoir atteint un pic plus tôt en séance à 90,3 points de base, un record depuis juillet 2012.
"L'inquiétude demeure que (Marine) Le Pen puisse censurer le gouvernement sur le budget pour 2025", expliquent dans une note les stratèges d'ING.
Le Sénat a débuté lundi l'examen du Projet de loi de finances (PLF) pour 2025, après le rejet du texte à l'Assemblée nationale, ouvrant la voie d'ici la fin de l'année à un vote sur lequel gouvernement de Michel Barnier joue son avenir.
Le Premier ministre va probablement recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le texte à l'Assemblée nationale, ce qui l'expose à une motion de censure susceptible de renverser son gouvernement si elle est votée par les groupes d'opposition du Nouveau Front populaire (NFP) et du Rassemblement national (RN).
La cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, a prévenu que son parti pourrait voter une motion de censure si le PLF devait amputer le pouvoir d'achat des Français.
Lors d'un entretien sur TF1 mardi soir, Michel Barnier a prévenu de "turbulences graves sur les marchés financiers" en cas d'adoption d'une motion de censure.
"Nous empruntons déjà très haut nos taux d’intérêt, les taux d’intérêt que nous sommes obligés de respecter pour financer notre dette avec des investisseurs chinois ou américains. Ils sont actuellement presque au niveau de la Grèce", a-t-il dit.
Le rendement de l'OAT à dix ans FR10YT=RR évoluait mercredi à 3,04% contre 3,07% pour le taux des emprunts souverains grecs de même échéance GR10YT=RR .
Le déficit public de la France doit atteindre 6,1% du PIB cette année et le gouvernement a présenté un projet de budget pour 2025 visant à le ramener à 5% en 2025 et sous le seuil de 3% en 2029.
En cas de vote d'une motion de censure, "le Premier ministre a raison de dire que s'il y avait tempête, ce ne serait pas tant une tempête pour les membres de ce gouvernement (que) pour le pays", a plaidé mercredi le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, sur France Inter.
"Cette alerte-là (doit) être entendue", a-t-il ajouté.
(Rédigé par Corentin Chappron, avec la contribution de Diana Mandia, édité par Blandine Hénault)
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