par Tuvan Gumrukcu ANKARA, 16 octobre (Reuters) - Les Etats-Unis ont dépêché leurs plus hauts responsables en Turquie pour des discussions urgentes destinées à convaincre Ankara d'interrompre son offensive dans le nord de la Syrie, où les forces russes poursuivaient mercredi leur déploiement. Robert O'Brien, conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump, est arrivé en Turquie où il devait rencontrer le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu. Le vice-président Mike Pence et le secrétaire d'Etat Mike Pompeo devraient s'entretenir le lendemain avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. L'administration américaine s'efforce de limiter les dégâts après la décision de Donald Trump de retirer les forces américaines du nord-est de la Syrie, où elles protégeaient les forces kurdes d'une opération militaire turque. Recep Tayyip Erdogan a exclu de nouveau mercredi tout cessez-le-feu dans l'offensive lancée le 9 octobre dernier pour créer une "zone de sécurité" en territoire syrien et en chasser les Unités de protection du peuple (YPG), milice kurde qu'Ankara considère comme une organisation terroriste. Le président turc a également menacé d'annuler une visite prévue en novembre à Washington en raison du "manque de respect" des responsables politiques américains, après la décision des autorités américaines de sanctionner la Turquie pour l'obliger à faire machine arrière. Il a également dénoncé les sanctions "illégales" des Etats-Unis contre la banque publique turque Halkbank. LES RUSSES FRANCHISSENT L'EUPHRATE L'opération "Source de paix" lancée par les Turcs trois jours après la décision de Donald Trump de retirer les forces spéciales américaines du nord de la Syrie a jeté 160.000 civils sur les routes, reposé la question du danger présenté par les djihadistes emprisonnés en Syrie et contraint Washington à abandonner une stratégie mise en place depuis cinq ans dans le pays et à laisser le champ libre à la Russie. L'administration kurde du nord de la Syrie, s'estimant trahie par Washington malgré sa lutte acharnée contre les combattants djihadistes de l'Etat islamique, s'est tournée vers Damas avec l'assentiment de la Russie. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG qui suit le conflit syrien depuis 2011, les troupes russes ont franchi mercredi l'Euphrate et se dirigeaient vers Kobané, ville frontière que les Kurdes avaient disputée à l'Etat islamique (EI) au prix d'une bataille sanglante en 2014. La chaîne de télévision libanaise al Mayadine a rapporté de son côté que les forces gouvernementales syriennes, épaulées par l'armée russe, avaient établi des avant-postes à Rakka, l'ex-capitale du califat proclamé par l'EI, capturée par les Kurdes en 2017 lors de leur campagne contre les djihadistes, avec le soutien des Américains et de leurs alliés. Les troupes syriennes ont également pris position dès mardi à Manbij, autre ville frontière jusqu'ici contrôlée par les forces kurdes et qui constituait un objectif majeur de l'armée turque. Recep Tayyip Erdogan, qui s'est entretenu mercredi avec son homologue russe Vladimir Poutine, a dit avoir accepté le contrôle de Manbij par le régime de Damas, "du moment que les organisations terroristes en seront chassées". Aucune puissance ne pourra interrompre l'opération turque en Syrie tant que celle-ci n'aura pas atteint son objectif de créer une "zone de sécurité" le long de la frontière turco-syrienne, de la ville de Manbij à la frontière irakienne, sur quelque 450 km, a réaffirmé mercredi le chef de l'Etat turc. Recep Tayyip Erdogan a ajouté que l'opération cesserait immédiatement si les forces kurdes rendaient leurs armes et se retiraient de la bande de territoire syrien large de 20 miles (32 km) que la Turquie entend contrôler. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Sophie Louet)
Syrie-Washington presse Ankara d'accepter une trêve, Moscou pousse son avantage
information fournie par Reuters 16/10/2019 à 18:08
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