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Syrie-Les Kurdes se tournent vers Damas pour négocier l'autonomie
information fournie par Reuters 26/07/2018 à 12:22

    par Ellen Francis
    BEYROUTH, 26 juillet (Reuters) - Les Kurdes syriens, qui se
méfient des Etats-Unis, allié devenu imprévisible, sont plus que
jamais disposés à négocier avec le régime de Bachar al Assad
afin de conserver leurs acquis depuis le début de la guerre
civile.
    Les principaux groupes kurdes figurent parmi les rares
bénéficiaires du conflit en Syrie. Les Forces démocratiques
syriennes (FDS), milice à dominante kurde, ont pris le contrôle
d'une bonne part du nord du pays, région qui jouit d'une
autonomie de fait depuis le début de la guerre.
    En plus de sept années de conflit, les Kurdes ont pour la
plupart évité de s'opposer frontalement au régime d'Assad, au
côté duquel ils ont même combattu les insurgés et les forces
turques dans la région d'Afrin, près de la frontière avec la
Turquie.
    Une négociation s'est ouverte entre les Kurdes et le
gouvernement syrien sur le retour des fonctionnaires et la
réparation d'une des infrastructures les plus importantes de
Syrie : le barrage de Taqba, le plus grand du pays, dont les FDS
ont repris le contrôle au groupe djihadiste Etat islamique (EI)
l'an dernier avec l'appui aérien des Etats-Unis.
    Selon un haut représentant kurde, les milices pourraient
prêter main forte à une éventuelle offensive des forces
pro-gouvernementales dans la province d'Idlib (nord-ouest), où
se sont regroupés la majorité des rebelles, et coopérer
davantage avec le pouvoir syrien face à l'offensive turque.
    
    ASSAD PRÊT À DISCUTER, MAIS PAS PRESSÉ
    Les Kurdes, après avoir subi pendant des années la
répression du parti Baas au pouvoir à Damas, disent ne pas
vouloir l'indépendance de la région qu'ils contrôlent mais
trouver un accord politique pour préserver son autonomie.
    En mai, Bachar al Assad a déclaré pour la première fois
"ouvrir la porte" à des discussions avec les représentants des
FDS, tout en menaçant d'utiliser la force. 
    Si un accord venait à être trouvé, Damas pourrait avoir
réglé le conflit dans la majeure partie du pays.
    Cependant, des experts estiment que le gouvernement de
Bachar al Assad n'est pas pressé de venir à la table des
négociations, renforcé dans sa position par les succès
militaires des forces gouvernementales qui ont repris de
nombreux territoires aux rebelles.
    "Nous avons la conviction qu'il faut ouvrir des canaux de
dialogue (...) La Constitution, le processus politique, tout
cela ne sera pas résolu sans le régime", souligne Ilham Ahmed,
une représentante de la branche politique des FDS.
    "Le régime ne va pas disparaître", ajoute-t-elle.
    Avec l'apport décisif des milices kurdes des Unités de
protection du peuple (YPG) et le soutien des pays occidentaux,
l'alliance arabo-kurde des FDS contrôle près d'un quart de la
Syrie.
    Environ 2.000 soldats américains sont déployés dans cette
région riche en pétrole, en eau et en terres agricoles - ce qui
constitue un important levier pour les Kurdes.
    
    DÉCLARATIONS AMÉRICAINES CONTRADICTOIRES
    Si la Turquie considère les YPG comme des terroristes liés
au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les Etats-Unis
voient dans la milice kurde un allié dont le rôle a été
essentiel dans la lutte contre les djihadistes de l'EI.
    Washington a toutefois évité de faire des promesses
politiques aux Kurdes, qui se méfient de la position américaine.
    Les Etats-Unis ont multiplié ces derniers mois les
déclarations contradictoires et pourraient privilégier leurs
relations avec la Turquie, l'un de leurs partenaires de l'Otan.
Ainsi Washington est-il resté silencieux lorsque Ankara a lancé
une opération militaire dans la région d'Afrin.
    "Nous nous sommes sentis abandonnés", dit Ilham Ahmed. "Ce
que veulent les Etats-Unis n'est pas clair."
    Donald Trump a déclaré en avril vouloir retirer sous peu les
troupes américaines de Syrie, une hypothèse que des
représentants américains ne considèrent pas d'actualité.
    Le déploiement de soldats américains à Manjib, près de la
frontière turque où Ankara voulait déloger les YPG, a cependant
été vu comme un signal positif par la représentante kurde.
    Selon Henri Barkey, professeur de relations internationales
à l'université Lehigh, dans l'Etat américain de Pennsylvanie, la
politique de Washington en Syrie a poussé les dirigeants kurdes
à se rapprocher de Damas.
    "Si vous êtes un Kurde syrien, vous devez penser au jour où
Trump va décider de retirer les troupes (...) Il peut mener des
politiques complètement contradictoires", rappelle-t-il.
 

 (Avec la contribution de Rodi Saïd dans le nord de la Syrie et
Tom Perry à Beyrouth; Jean Terzian pour le service français,
édité par Tangi Salaün)
 

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