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Sur les pentes de l'Everest, des "débutants absolus" créent un risque mortel
information fournie par Reuters 06/06/2019 à 13:28

    par Kate Kelland
    MAIDENHEAD, Angleterre, 6 juin (Reuters) - Des alpinistes
candidats à l'ascension de l'Everest incapables de fixer leurs
crampons ou d'attacher leur baudrier, de longues files d'attente
au niveau des passages techniques de la voie normale et des
cadavres à enjamber: le témoignage de Nick Hollis, grimpeur
britannique de retour de l'Himalaya, éclaire la saison
meurtrière qui s'achève sur le toit du monde.
    A 45 ans, ce montagnard chevronné est arrivé au sommet de
l'Everest à l'aube du 21 mai, entrant dans le club fermé des
alpinistes ayant conquis les "Sept Sommets", soit les points
culminants de chaque continent (dont l'Aconcagua en Amérique du
Sud et le Denali-McKinley en Amérique du Nord).
    L'Everest et ses 8.850 mètres était la dernière marche à
franchir. La gravir a été "bien plus dur" qu'il ne l'avait
imaginé, dit-il dans une interview accordée à Reuters à son
retour à Maidenhead, sa ville du Berkshire.
    "Ce que je n'avais pas anticipé, c'était de voir autant de
cadavres d'alpinistes", confie-t-il. "Il n'est pas exagéré de
dire qu'il fallait enjamber des cadavres."
    D'après les autorités népalaises, onze décès ont été
enregistrés cette saison sur les pentes de l'Everest, neuf sur
le versant népalais, les deux autres sur le versant tibétain. 
    Ce bilan, le plus lourd depuis 2015, conjugué avec les
photos de longues files d'attente sur la voie normale qui ont
fait le tour du monde, ont relancé des controverses habituelles:
le Népal délivre-t-il trop de permis d'ascension et des
débutants sont-ils incités à s'attaquer à l'Everest par des
compagnies privées sans scrupules ?
    Le gouvernement népalais avait distribué cette année un
nombre record de 381 permis, à 11.000 dollars pièce. En y
ajoutant les guides et les sherpas, ce chiffre signifie que plus
de 800 personnes se sont retrouvées cette année au camp de base
pour tenter l'ascension durant une brève fenêtre météo qui s'est
refermée fin mai.
    
    QUE LE NÉPAL PRENNE EN COMPTE LES COMPÉTENCES
    Pour Nick Hollis, le facteur le plus dangereux est à
chercher du côté des "alpinistes incompétents" qui s'offrent une
expédition commerciale mais peinent dans les passages techniques
de la voie normale, formant derrière eux engorgements et longues
attentes particulièrement dangereuses à des altitudes où les
ressources en oxygène sont limitées et le corps humain en
danger.
    "Le paysage sur l'Everest s'est modifié. Et la situation
semble avoir culminé cette année", reprend le grimpeur
britannique, qui dit avoir assisté au camp de base à des scènes
irréelles de débutants incapables d'utiliser des crampons
indispensables pour évoluer sur la glace ou de fixer leurs
baudriers qui les relient aux cordes fixes et à leur cordée.
    "Ces gens sont des novices absolus. Ils sont très lents et
incapables de franchir les obstacles et les sections plus
techniques. C'est ce qui crée ces embouteillages."
    Nick Hollis et son sherpa, Pemba Tshering, ont décidé de
porter l'assaut un jour plus tôt que prévu pour éviter ce
risque. Mais ont dû en braver un autre: celui d'une météo
mauvaise avec vents violents, nuages tourbillonnants de cristaux
de glace arrachés à la paroi et neige fraîche compliquant leur
progression le long des cordes fixes qui équipent la voie
normale.
    La solution ? Réduire simplement le nombre de permis
accordés chaque année ne suffirait pas, estime Hollis. "Si vous
les limitez à 200 par exemple, vous pourrez toujours avoir 100
grimpeurs incompétents dans le lot", explique-t-il.
    Il faudrait donc, poursuit-il, que le système d'attribution
des permis d'ascension prenne en compte l'expérience. "Vous
devriez produire un CV de vos ascensions, avoir un certain
niveau d'expérience avant d'être autoriser à mettre les pieds
sur cette montagne."

 (avec Stuart McDill
Henri-Pierre André pour le service français)
 

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