
( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / ROB KIM )
Le groupe de spiritueux Rémy Cointreau , affecté par l'atonie des ventes aux Etats-Unis et la morosité en Chine, a annoncé jeudi des bénéfices en recul au premier semestre de son exercice décalé, mais se prépare "à la reprise" en dépit d'incertitudes liées notamment aux droits de douane sur ses deux grands marchés.
Son bénéfice net sur la période d'avril à septembre s'élève à 92 millions d'euros, en recul de 18,6%, pour un chiffre d'affaires de 533 millions d'euros en repli de 16,2%, plombé par des baisses de prix et surtout de volumes.
"Dans un contexte économique et géopolitique complexe, Rémy Cointreau a su préserver sa marge grâce à une gestion rigoureuse des coûts" notamment, a déclaré Eric Vallat, le directeur général du groupe, qui a lancé pour cet exercice annuel un plan de réduction des coûts de 50 millions d'euros.
Ce plan n'affectera pas l'emploi, a-t-il précisé lors d'un échange avec des journalistes.
Rémy Cointreau prévoit pour son exercice décalé 2024-25 entre 15% et 18% de baisse organique (à périmètre et taux de change constants) du chiffre d'affaires, et une marge opérationnelle courante comprise entre 21% et 22%, en organique, a-t-il précisé jeudi.
L'entreprise est très dépendante du succès du cognac (près des deux tiers de son chiffre d'affaires) et de la demande des Chinois pour cette boisson haut de gamme.
Or ce marché se contracte et la volonté de Pékin d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les eaux-de-vie de vin, en raison d'un conflit commercial avec l'UE, assombrit l'horizon.
- "Signaux encourageants" -
A ce stade, pour son marché Amériques le groupe n'envisage "pas de reprise de la croissance avant le quatrième trimestre 2024-25, au plus tôt". En Asie-Pacifique, il prévoit une "détérioration séquentielle des ventes au second semestre par rapport au premier", et ailleurs la "poursuite d'une consommation en demi-teinte au second semestre".
Pour autant, "le temps est venu de se préparer à la reprise", selon le directeur général.
"Si la reprise aux États-Unis s'annonce très lente, les récents signaux encourageants sur le cognac et la résilience des Liqueurs & Spiritueux confirment la pertinence de notre stratégie de prix menée avec fermeté. En Chine, malgré un marché incertain, nous continuons à gagner des parts de marché grâce à la désirabilité de nos marques, notre capacité à innover et notre forte présence en e-commerce", explique le dirigeant du groupe (cognac Rémy Martin, gin The Botanist).
"C'est pourquoi dès le second semestre certains investissements marketing seront réintroduits pour accompagner les pics d'activité en Chine et aux Etats-Unis. La qualité de nos marques, l'implication et le talent de nos équipes nous permettent d'aborder l'avenir avec confiance", a-t-il ajouté.
A la Bourse de Paris, l'action Rémy Cointreau gagnait 2,09% à 58,60 euros vers 10H10, dans un marché en hausse de 0,61%.
En Chine, le groupe explique avoir "pris acte de la décision provisoire d'appliquer des droits de douane additionnels à hauteur de 38,1% sur les importations de cognac à partir du 11 octobre". "Si ces droits provisoires étaient confirmés, l'impact serait marginal pour l'exercice 2024-25 et le groupe activerait son plan d'actions pour en atténuer les effets à partir de 2025-26", ajoute-t-il.
Parmi ses leviers, figurent les prix et coûts. En revanche Rémy Cointreau n'envisage pas d'exportation de cognac en vrac en Chine, contrairement à son concurrent Hennessy (LVMH) qui a suspendu ce projet devant la levée de boucliers de ses salariés. "Il n'y a aucune intention d'embouteiller en Chine. Je pense qu'il y aurait plus à y perdre qu'à y gagner," a dit M. Vallat.
Aux Etats-Unis, "nous suivons de près la situation", a-t-il dit à propos des intentions éventuelles du président élu Donald Trump, qui dans sa campagne a menacé de taxer de 10 à 20% les produits européens.
"10% cela aurait un impact négatif mais ce ne serait pas du même niveau matériel que les droits potentiels en Chine. Cela ne remettrait pas en cause notre stratégie aux Etats-Unis et nos investissements en faveur de nos marques là-bas".
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