par Victoria Waldersee
SEAT, filiale espagnole de Volkswagen VOWG_p.DE , devra réduire sa production et licencier environ 1.500 salariés si l'Union européenne (UE) n'abaisse pas ses droits de douane sur sa voiture électriques (VE) fabriquée en Chine d'ici à la fin du mois de mars, a déclaré à Reuters son directeur général, Wayne Griffiths.
Depuis octobre et les droits de douane imposés par l'UE sur tous les VE fabriqués en Chine et vendus en Europe, SEAT, qui produit des voitures sous les marques SEAT et CUPRA, s'acquitte d'une surtaxe de 20,7% en plus des droits de douane existants de 10% sur sa CUPRA Tavascan fabriquée dans l'usine du groupe VW à Anhui, en Chine, dont elle est l'actionnaire majoritaire.
Les dirigeants de plusieurs constructeurs automobiles européens dénoncent les droits de douane supplémentaires sur les véhicules fabriqués en Chine.
Selon Wayne Griffiths, la taxe, prélevée sur une voiture vendue entre 50.000 et 60.000 euros, a empêché la filiale d'atteindre ses objectifs financiers l'année dernière et elle lui coûtera des centaines de millions d'euros en 2025.
"Nous n'avons pas beaucoup de temps. Nous devons trouver une solution au cours du premier trimestre", a ajouté Wayne Griffiths lors d'un entretien avec Reuters.
La Commission européenne s'est refusée à tout commentaire.
"RÉDUIRE LA PRODUCTION ET COMMENCER À LICENCIER"
Les dirigeants de SEAT et de VW ont tenu des réunions régulières avec des représentants de l'UE sur le sort de la Tavascan, la dernière ayant eu lieu jeudi. Le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a également fait appel à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour résoudre le problème et éviter des pertes d'emplois importantes, selon un porte-parole de SEAT.
Wayne Griffiths a refusé de dire quel niveau de droits de douane le constructeur automobile pourrait accepter, mais il a précisé que celui-ci devrait être "aussi proche que possible" des 10% initiaux.
Si la surtaxe n'est pas réduite ou supprimée au premier trimestre, SEAT sera contrainte de retirer le véhicule déficitaire de sa gamme, a dit Wayne Griffiths.
La filiale devra alors relever un autre défi : réduire les émissions moyennes de la flotte pour atteindre les objectifs de l'UE sans le Tavascan.
Les constructeurs automobiles peuvent soit acheter des crédits carbone aux fabricants de véhicules électriques, un processus appelé "pooling", soit réduire la production de voitures à moteur à combustion pour diminuer leurs émissions moyennes.
Le groupe Volkswagen s'est jusqu'à présent abstenu de rejoindre un pool, déclarant en décembre qu'il espérait combler son retard en matière d'émissions grâce aux ventes de VE.
"Nous ne pouvons pas résoudre ce problème du jour au lendemain", a déclaré Wayne Griffiths. "Que faire alors? Réduire la production de moteurs à combustion et commencer à licencier. C'est ce qui va se passer si nous ne trouvons pas de solution."
Tesla, BMW, Mercedes-Benz et plusieurs fabricants chinois de VE ont déposé des recours contre les nouveaux droits de douane auprès de la Cour de justice de l'Union européenne. Cependant, ces procédures durent en moyenne 18 mois et peuvent faire l'objet d'un appel.
SEAT ne peut pas exclure une action en justice, a précisé son directeur général mais elle ne peut pas non plus se permettre d'attendre.
"La CUPRA a changé la donne, c'est elle qui nous a permis de devenir une entreprise rentable", a déclaré Wayne Griffiths. "Si la CUPRA est en danger, SEAT est en danger."
(Reportage Victoria Waldersee, avec Phil Blenkinsop; version française Elena Smirnova, édité par Kate Entringer)
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