
( AFP / LOU BENOIST )
Le géant pharmaceutique français Sanofi va investir environ 1,3 milliard d'euros dans la construction d'une nouvelle installation de production d'insuline en Allemagne, sur son site proche de Francfort.
Cette nouvelle installation, d'une superficie "d'environ 36.000 mètres carrés, soit cinq terrains de football", "remplacera les usines de production existantes" d'ici à 2029, sur son site de Hoechst près de Francfort, a précisé jeudi le groupe dans un communiqué publié via sa filiale allemande.
Elle devra permettre d'"assurer l'approvisionnement à long terme en insuline vitale pour les personnes vivant avec le diabète, tout en renforçant la résilience de l'approvisionnement européen", souligne Sanofi.
Coup de pouce de l'Allemagne
Cet investissement a reçu le soutien du gouvernement fédéral allemand, du gouvernement du Land de Hesse et de la ville de Francfort, "un signal important pour l'industrie biopharmaceutique", a estimé la présidente du conseil de direction de Sanofi en Allemagne, Heidrun Irschik-Hadjieff, citée dans le communiqué.
Ce soutien, qui doit être approuvé par la Commission européenne,"renforce non seulement la souveraineté sanitaire, mais aussi favorise la croissance économique régionale et nationale ainsi que l'emploi de travailleurs hautement qualifiés", a-t-elle ajouté, sans préciser le montant.
Dans une réaction transmise à l'AFP, le ministère de l'Industrie souligne qu'"en moins de six mois, Sanofi a choisi d'implanter deux immenses usines en France et en Allemagne".
"Ces annonces prometteuses permettent de renforcer la souveraineté européenne et sanitaire", ajoute-il.
Le campus de production d’insuline à Francfort, décrit par Sanofi comme ""l’un des plus grands sites de production d’insuline au monde", couvre toute la chaîne de production de l'insuline, de la fabrication du principe actif (API) à l'assemblage des cartouches, des stylos et des auto-injecteurs, ainsi qu'à la distribution mondiale.
Il emploie plus de 4.000 employés et fournit 80 pays avec 20 produits différents d'insuline.
L’Allemagne, comme d'autres pays européens dont la France, cherche à renforcer sa souveraineté sanitaire, après que la pandémie de Covid-19 a mis en évidence une dépendance à l'égard de produits pharmaceutiques fabriqués hors d'Europe.
"La concurrence européenne est assez constante et intense entre l'Allemagne, la France et l'Italie pour attirer les investissements pharmaceutiques", indique à l'AFP un expert du secteur sous couvert d'anonymat.
Ce projet d'investissement intervient après l'annonce en novembre 2023 par le groupe pharmaceutique américain Eli Lilly d'un investissement de 2,3 milliards d'euros en Allemagne pour élargir sa production de médicaments contre le diabète, dont le Mounjaro, son médicament vedette contre l'obésité.
Le groupe danois Novo Nordisk, numéro un mondial de l'insuline avait pour sa part annoncé un investissement de 2,1 milliards d'euros pour agrandir son site français de production à Chartres.
"Continuité" de l'héritage Aventis
Selon l'expert, Sanofi "capitalise" sur sa présence industrielle héritée du rachat en 2004 de l'allemand Aventis, alors acteur majeur dans le diabète, y voyant une sorte de "continuité".
Sanofi a pris une position de premier plan sur ce marché via cette acquisition en intégrant à son portefeuille le Lantus, une insuline à durée d’action prolongée, qui a été approuvée aux États-Unis et dans l’Union européenne en 2000.
Le Lantus est resté l’un des moteurs de la croissance du groupe pendant des années, jusqu'à ce que ce "blockbuster" ne perde son brevet en 2015 et ne soit court-circuité par les génériques, faisant chuter les ventes.
Fin 2019, Sanofi, qui n'est pas parvenu à renouveler son portefeuille dans ce domaine, a alors décidé de stopper ses activités de recherche dans le diabète.
Dans le cadre d'un investissement de 1,1 milliard d'euros annoncé en mai dans la production de médicaments en France, 10 millions d'euros sont prévus pour produire, près de Lyon, un traitement qui retarde l'évolution du diabète de type 1.
Ce traitement a été approuvé par l'agence américaine du médicament en novembre 2022. La substance active, pour l'heure produite aux États-Unis, va être ainsi rapatriée en France.
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