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USA-Les marchés commencent à douter de l'efficacité de la Fed
information fournie par Reuters 23/08/2019 à 06:00

 (Répétition sans changement d'une dépêche diffusée jeudi)
    par Trevor Hunnicutt
    JACKSON HOLE, Wyoming, 23 août (Reuters) - Lorsqu'elle a
abaissé son principal taux directeur pour la première fois
depuis dix ans le mois dernier, la Réserve fédérale américaine
avait deux objectifs: soutenir la croissance et relancer les
anticipations d'inflation. 
    Mais vu des marchés, le pari n'est pas gagné: la conjoncture
semble se dégrader et les indicateurs économiques suggèrent un
ralentissement de la hausse des prix plutôt qu'une accélération.
    La capacité des banquiers centraux à retarder la prochaine
récession sera donc au coeur des débats entre responsables
monétaires, économistes et autres participants au symposium
économique de Jackson Hole, dans l'Etat américain du Wyoming en
cette fin de semaine. 
    Il faut parfois attendre des mois pour pouvoir mesurer
l'impact d'une baisse de taux sur la croissance. En attendant,
si la baisse de taux de juillet semble déjà s'être répercutée
sur le coût des crédits pour les entreprises et les ménages, les
interrogations subsistent sur la capacité des seules baisses de
taux à apaiser les craintes de récession. Car ces dernières sont
alimentées avant tout par l'escalade dans les tensions
commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. 
    "Il y a une prise de conscience non exprimée d'au moins une
majorité des intervenants de marché sur le fait que quelles
soient les baisses de taux que décidera la Fed, et même si la
Fed décide de se lancer dans le QE, cela n'aura pas assez de
force pour contrer les droits de douane", explique Kristina
Hooper, responsable de la stratégie de marché globale d'Invesco.
    Le QE (quantitative easing, assouplissement quantitatif)
fait référence à la politique d'achats d'obligations sur les
marchés menée par la Fed pour soutenir l'économie après la crise
financière.
    
    LE RISQUE D'UNE INFLATION FAIBLE PERSISTE
    Depuis la baisse de taux du mois dernier, les marchés
financiers restent nerveux, d'autant que les tensions entre
Washington et Pékin sont loin de s'apaiser et que les signes de
ralentissement économique s'accumulent. Ce climat s'est traduit
par la dégradation de différents indicateurs de marché, des
actions aux obligations d'entreprise, qui influencent la
croissance économique.
    La volonté du président de la Fed, Jerome Powell, de ne pas
s'engager sur la poursuite de la baisse des taux lors de sa
conférence de presse du 31 juillet n'est pas la cause première
de la nervosité des marchés mais elle n'a assurément pas aidé à
l'apaiser, expliquent des investisseurs.
    "Ma préoccupation première porte sur l'efficacité de la
baisse des taux", dit Jason Brady, directeur général de
Thornburg Investment Management. 
    L'évolution de l'inflation dans les mois à venir pourrait
être un critère clé d'évaluation de l'efficacité de la Fed. Lors
de leurs dernières réunions, plusieurs responsables de
l'institution ont dit craindre que les investisseurs et les
consommateurs commencent à anticiper une chute de l'inflation,
une conviction qui peut en théorie favoriser d'elle-même la
baisse des prix. 
    Une inflation faible pourrait freiner la croissance des
salaires et de la consommation et forcer la banque centrale a
ramener les taux à zéro, ce qui ne lui laisserait que peu de
ressources pour soutenir la croissance lors de la prochaine
crise économique.
    Certaines statistiques officielles suggèrent que l'inflation
pourrait remonter et que certaines des déceptions des derniers
mois en la matière pourraient être liés à des facteurs
passagers. Mais les investisseurs ne jugent pas pour autant que
les efforts de la Fed pour soutenir l'inflation soient
particulièrement crédibles.
    
    LA FED "OBSÉDÉE" PAR LES ANTICIPATIONS D'INFLATION ? 
    Le niveau d'inflation anticipé sur une période de cinq ans à
partir de 2024 est tombé à son plus bas niveau depuis deux ans à
1,71% après la baisse de taux de juillet, selon un baromètre
très surveillé qui prend en compte les prix de marché.
    "Ce qu'anticipe le marché en matière d'inflation future est
tout simplement trop bas", juge Leslie Falconio, stratège senior
d'UBS Global Wealth Management. "On va assister à une remontée
de l'inflation avec les droits de douane et l'assouplissement
décidé par la Fed."
    Mais ce pronostic ne fait pas l'unanimité. Pour Adam Posen,
ancien responsable de la Banque d'Angleterre devenu président du
Peterson Institute for International Economics, les responsables
monétaires ont échoué à relancer l'inflation et attachent trop
d'importance aux efforts visant à faire remonter les
anticipations d'inflation alors que d'autres facteurs pèsent sur
les prix. 
    "La politique fondée sur des objectifs d'inflation est
exagérément obsédée par les anticipations", dit-il.
    Après des années d'inflation faible, la vision qu'ont les
investisseurs de l'économie semble avoir changé. Les marchés
obligataires ont ainsi des anticipations très modestes en
matière de croissance et d'inflation alors qu'ils s'attendent à
une forte diminution des taux d'intérêt: selon le baromètre
FedWatch de CME Group, les investisseurs tablent sur une baisse
lors de chacune des trois réunions du Federal Open Market
Committee (FOMC) qui auront lieu d'ici la fin de l'année.
    "Le marché fait confiance au FOMC pour continuer à réduire
les taux et accentuer le caractère accommodant de la politique
monétaire mais il n'est pas convaincu que cela se traduira
effectivement par des pressions inflationnistes", résument les
analystes de BMO Capital Markets dans une note récente.
    

 (Avec Howard Schneider;
Marc Angrand pour le service français)
 

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