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POINT MACRO-La Chine doit d'abord se stabiliser avant de se relancer
information fournie par Reuters 06/05/2019 à 07:00

 (Répétition sans changement d'une dépêche transmise vendredi)
    * La Chine en phase de stabilisation
    * Le danger de la dette
    * Mesures ciblées de la BPC
    * L'investissement, paradoxe européen
    * USA-croissance en trompe-l'oeil
    * 

    par Wilfrid Exbrayat
    PARIS, 6 mai (Reuters) - La Chine semble détenir plus que
jamais les clés d'une reprise de la croissance mondiale mais son
économie en est pour l'instant à se stabiliser avant même de se
relancer, tandis qu'en Europe et aux Etats-Unis les indicateurs
se contredisent les uns les autres et brouillent les signaux.
    "Nous ne nous attendons pas à un rebond rapide et solide de
l’activité économique en Chine; les indicateurs renvoient plutôt
à une stabilisation de l’activité mais pour l’instant rien de
plus", a dit à Reuters Emile Gagna, économiste de Candriam.
    L'économie chinoise a pu, au premier trimestre, dégager une
croissance un peu meilleure que prévu de 6,4%, égale à celle du
dernier trimestre 2018.   
    Elle s'est en particulier appuyée sur une production
industrielle dont la hausse en mars a été la plus forte depuis
juillet 2014, mais les indices PMI d'avril ont certes mis en
lumière une croissance de l'activité manufacturière mais pas
aussi soutenue qu'espéré.  
    Et ce en dépit de mesures de relance destinées à doper une
économie dont la croissance fut en 2018, à 6,6%, la plus basse
depuis 30 ans. Comme le remarquait le Premier ministre Li
Keqiang fin avril, les pressions baissières sur l'économie
chinoise ne manquent pas. 
    Et en premier lieu celles exercées par la dette. 
    Dans une étude datée d'avril, l'Organisation pour la
coopération et le développement économiques (OCDE) note que "la
relance risque d'amplifier encore la dette du secteur des
entreprises et, plus généralement, d'inverser les progrès
accomplis en matière de désendettement".
    Pékin n'entend pas lâcher la bride comme en 2009 et en
2015-2016; c'est pourquoi les économistes ne voient pas
l'activité repartir en force comme elle le faisait par le passé
à chaque fois que l'Etat lui donnait un massif coup de pouce.
    "Autant nous anticipions une reprise chinoise, autant nous
sommes convaincus qu'elle ne sera pas vigoureuse", dit Benjamin
Melman, directeur allocation d'actifs et dettes souveraines
d'Edmond de Rothschild Asset Management, dans une note.
"Autrement dit, les chances de continuer à être surpris
positivement par la Chine ne sont pas durables".
    La Banque populaire de Chine (BPC) s'abstient pour le moment
de toute initiative radicale - une nouvelle baisse du
coefficient des réserves obligatoires par exemple - au profit de
mesures ponctuelles. La facilité de prêt à moyen terme ciblée
(TMLF), apparue en décembre, a été à nouveau mobilisée en avril
pour inciter les banques à prêter plus aux PME.  
    "On sent bien que les marges de manoeuvre des autorités
chinoises sont plus restreintes que par le passé et elles
reviennent à des mesures plus ciblées", observe Emile Gagna.
    Ces mesures "suffisent pour l’instant à stabiliser la
conjoncture économique locale, ce qui n’est déjà pas si mal",
poursuit-il. "Il faudra ensuite se poser la question de la
pérennité de la croissance. Nous pensons qu'une fois réamorcée,
elle peut tenir sur la durée".
    
    LE PARADOXE DE L'INVESTISSEMENT 
    Le recentrage de l'économie chinoise sur la consommation et
les services est d'autant plus avisé que le différend commercial
avec les Etats-Unis, toujours pas réglé, altère tout à la fois
les perspectives du commerce international mais aussi le rôle de
 stabilisation de la Chine dans tout le reste de l'Asie. 
    C'est ainsi que la Corée du Sud a subi au premier trimestre
sa première contraction depuis la crise financière mondiale,
alors qu'en Allemagne, autre grande nation exportatrice, le
moral des chefs d'entreprise s'est à nouveau altéré contre toute
attente le mois dernier.    
    Pour l'ensemble de la zone euro, l'indice du sentiment
économique s'est dégradé pour le 10e mois d'affilée, tombant au
plus bas depuis septembre 2016, et l'indice du climat des
affaires est lui à un creux depuis août 2016.  
    Il peut alors sembler paradoxal que ses entreprises
augmentent leurs investissements, suivant une enquête d'UBS, la
banque suisse anticipant 7,7% de croissance de l'investissement
cette année, la plus forte depuis huit ans.  
    Ceci peut expliquer, au moins en partie, que la zone euro
ait dégagé sur les trois premiers mois de l'année une croissance
supérieure aux attentes.  
    Malgré tout, l'activité de son secteur manufacturier s'est
encore contractée en avril pour des motifs identiques depuis des
mois: affaiblissement de la demande mondiale, tensions
commerciales et incertitudes liées au Brexit.  
    Une "dichotomie" semble se manifester entre les données
économiques reposant sur des enquêtes, tels les indices PMI, et
les données réelles, obtenues à partir de mesures et non pas
d'un sentiment, observe Emile Gagna.
    "Nous avons tendance à penser, dans l’environnement actuel,
que les enquêtes risquent peut-être d’exagérer un peu la
faiblesse de l’activité économique. Il faut cependant en tenir
compte car à trop déprimer, l’investissement par exemple
pourrait en pâtir", dit-il.
    Dans ses prévisions de printemps, le Fonds monétaire
international (FMI) ne prévoit plus que 1,3% de croissance en
zone euro cette année alors qu'il projetait 1,9% cet automne,
cet abaissement des projections économiques n'étant d'ailleurs
pas limité à la seule zone euro.  
    Et pourtant, comme le remarquait Mario Centeno, le président
de l'Eurogroupe, dans un entretien en mars au quotidien italien
Il Sole 24 Ore, la zone euro a enregistré 22 trimestres de
croissance ininterrompue, créé neuf millions d'emplois depuis la
crise et porté l'investissement à un niveau proche de ce qu'il
était avant la crise. Il illustrait à son tour ce décalage
pouvant exister entre les résultats économiques concrets et le
sentiment que l'on peut en avoir.
    
    EN TROMPE-L'OEIL
    Ce décalage se retrouve, dans une moindre mesure, aux
Etats-Unis, dont l'expansion du premier trimestre est allée elle
aussi au-delà de ce que l'on espérait, accompagnée d'une
croissance de la productivité d'une ampleur sans précédent
depuis le troisième trimestre 2014.     
    Là encore, l'indice ISM manufacturier tranche en tombant en
avril à son niveau le plus bas depuis deux ans et demi, ne
présageant rien de bon pour le deuxième trimestre.   
    Mais les chiffres de la croissance économique sont encore
provisoires et peut-être trompeurs car reposant sur des éléments
- balance commerciale, stocks des entreprises - qui risquent
d'être absents dans les trimestres à venir. 
    Tout comme ceux des commandes à l'industrie, qui ont connu
en mars leur hausse la plus nette depuis sept mois sans annoncer
forcément un avenir meilleur car les stocks se sont accumulés
sur 28 des 29 derniers mois, tandis que les commandes en
souffrance n'ont augmenté que marginalement.   
    "L'indice ISM est venu montrer qu'un ralentissement était
engagé sans que ce soit forcément brutal", dit Emile Gagna. "Ce
n'est pas en soi un réel un réel motif d’inquiétude puisque
l’économie américaine doit ralentir".
    
    Voir aussi : 
    ENTRETIEN MACRO-Accord avec les USA et ouverture, clés de la
relance en Chine  

 (édité par Marc Joanny)
 

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