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Quels risques financiers représente le réchauffement climatique ? Quelles solutions ? (Mirova)
information fournie par Boursorama 30/11/2015 à 15:06

Philippe Zaouati, directeur général de Mirova.

Philippe Zaouati, directeur général de Mirova.

À l'occasion de l'ouverture de la COP21, nous nous entretenons avec Philippe Zaouati, directeur général de la société de gestion Mirova.

Vous expliquez régulièrement que le changement climatique représente un risque pour les investisseurs et les assureurs. De quels risques s’agit-il ?

P. Z. : Et nous ne sommes plus les seuls à le dire !

Mark Carney, le Gouverneur de la banque d’Angleterre et actuel président du FSB, a expliqué récemment que selon lui le climat fait bel et bien peser un risque systémique sur le système financier. Il identifie trois types de risques : le risque de valorisation des actifs liés aux énergies fossiles (surévaluation des réserves pétrolières, ce qu’on appelle les « stranded assets »), le risque physique notamment pour les assureurs (un monde avec une hausse de 4°C est-il assurable ?) et enfin le risque de transition, ou autrement dit le risque lié à une mauvaise identification de ces risques.

Nous sommes tout à fait en phase avec ce constat.

Pour répondre à ce défi, quelles sont les stratégies d’investissement permettant de financer une économie bas carbone ?

P. Z. : Pour construire une stratégie d’investissement bas-carbone, il faut à la fois comprendre, agir et rendre compte.

Comprendre, ce n’est plus seulement avoir conscience des conclusions du savoir scientifique, c’est aussi saisir le mouvement de fond de régulations et d’innovations technologiques qui transforment de plus en plus rapidement l’environnement économique.

Agir, dans cet environnement en mutation, ce n’est plus seulement une question d’altruisme ou d’écologie. C’est un monde d’opportunités qui s’ouvre pour investir dans des entreprises ou des projets favorables à la transition énergétique. Investir dans et pour le climat est aujourd’hui une possibilité qui n’oblige pas à renoncer à une juste rémunération des capitaux engagés. Bien au contraire

Enfin il faut rendre-compte, en commençant par mesurer l’empreinte carbone de ses investissements.

Encore faut-il que le thermomètre soit fiable et pertinent. C’est dans cet esprit que Mirova a participé au développement de la méthodologie Carbon Impact Analysis de la société Carbone 4 (www.carbone4.com). Mirova sera ainsi à même de mesurer non seulement les émissions de gaz à effet de serre induites dans ses portefeuilles, mais aussi et surtout les émissions évitées par ses investissements vertueux d’un point de vue climat.

Dans ce cadre, on entend parfois parler des « green bonds », ou « obligations vertes ». S’agit-il d’obligations émises par les mêmes entreprises que celles entrant dans des fonds ISR, ou est-ce autre chose ?

P. Z. : Les green bonds sont bien plus que des « obligations ISR ». L’intérêt de ces « obligations vertes » réside dans le fait que l’émetteur s’engage à utiliser les fonds levés pour financer des projets favorables à la transition énergétique, c’est-à-dire pour être plus concret des projets de production d’énergie renouvelable ou d’efficacité énergétique.

Nous observons une grande diversité des émetteurs sur le marché des green bonds. Les agences et les émetteurs supranationaux sont les pionniers et sont donc les principaux acteurs du marché, mais de plus en plus de banques ou d’entreprises émettent des obligations en vue de financer des projets « verts ». Mirova est l’une des premières sociétés de gestion au monde à avoir lancé un placement d’obligations vertes : Mirova Green Bond - Global.

En tant qu’investisseur responsable, Mirova analyse bien sûr le rationnel financier des projets sous-jacents mais aussi la qualité « ESG » de l’émetteur afin de nous assurer de la cohérence de la démarche et de l’investissement.

Du côté des marchés actions, la baisse des prix du pétrole n'influe-t-elle pas négativement sur la performance des actions liées au secteur des énergies renouvelables ?

P. Z. : Par le passé, le secteur des énergies renouvelables a toujours été corrélé aux prix des matières premières et en particulier celui du pétrole. Historiquement le prix des énergies fossiles était un paramètre décisif pour définir la rentabilité des énergies alternatives. Aujourd’hui, nous considérons que la situation est très différente. Bien que le marché ait tendance à considérer que la baisse  du prix de pétrole est un élément négatif pour les énergies renouvelables, Mirova est convaincue que les énergies renouvelables constituent aujourd’hui un marché mature et compétitif. Par ailleurs, il est important de rappeler que la production d’électricité issue du pétrole est de l’ordre de 5%. Ce constat confirme que mettre en perspective les énergies renouvelables et le prix du pétrole n’a plus beaucoup de sens.

Qu'est-ce qui explique cette nouvelle absence de corrélation entre les prix du pétrole et la dynamique des énergies renouvelables ?

P. Z. : Le coût de production des énergies renouvelables continue de baisser. C’est le cas pour les énergies matures comme le solaire ou l’éolien, et c’est également le cas pour d’autres technologies connexes et moins matures comme le stockage en batteries.

Ce coût reste-t-il tout de même un handicap par rapport au pétrole ou au nucléaire ?

P. Z. : De moins en moins. La baisse continue des coûts de production de l’énergie solaire, proches de la « parité réseau » (autrement dit rentables sans aucune subvention pubique), s'observe dans certaines régions du monde. A titre d’exemple, on estime que le solaire a atteint cette « grid parity » dans 10 états américains. De même, l’énergie éolienne on-shore est plus compétitive que les nouvelles générations de centrales nucléaires. EDF vendra l’électricité de la centrale EPR en cours de construction au Royaume-Uni à un prix de 92,5 £/MWh (soit plus de 130 €/MWh au cours actuel) tandis que le tarif d’achat de l’électricité éolienne en France est de 82€/MWh selon un communiqué de presse d'EDF et le ministère du développement durable.

Propos recueillis par Xavier Bargue

À propos de Mirova : Mirova est une société de gestion dédiée à l’investissement responsable du Groupe BPCE, second groupe bancaire en France. Mirova développe une approche globale de l’investissement responsable : actions, taux, infrastructures généralistes et énergies renouvelables, Impact investing, vote et engagement. Mirova totalise 5,8 milliards d’euros d’encours en gestion et 42,9 milliards d’euros en vote et engagement. Mirova rassemble une cinquantaine d’experts multidisciplinaires : spécialistes de la gestion thématique, ingénieurs, analystes financiers et ESG, spécialistes du financement de projets et experts de la finance solidaire.

9 commentaires

  • 01 décembre 14:09

    A vous de payer industriels qui ravagent tout pour le profit.Ils n y sont pas eux a la COP21 les TOTAL ENGIE....on leur demande rien a eux?Et nous petit cytoyens qui trions nos déchets, c'est à nous a financer par ldes taxes et impots la pollution des fabriquants qui se gavent déjà sur notre dos??LE MONDE TOURNE VRAIMENT PLUS ROND


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