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Que restera-t-il de l'empire Vivendi après sa probable scission en quatre?
information fournie par Agefi Dow Jones 09/12/2024 à 09:17

siège vivendi (crédit photo : Flickr / L. Grassin )

siège vivendi (crédit photo : Flickr / L. Grassin )

(Cette dépêche a initialement été diffusée le vendredi 6 décembre après la clôture des marchés européens)

Le "Big bang" est proche. Le groupe de médias et de divertissement Vivendi s'apprête à se scinder en quatre, en redonnant leur liberté à Canal+, Havas et au regroupement de Lagardère et Prisma Media dans une nouvelle entité baptisée Louis Hachette Group. Les actionnaires de Vivendi doivent approuver ce projet de scission lors d'une assemblée générale lundi 9 décembre.

S'il est validé, il ne restera pratiquement rien de l'ex-Compagnie générale des Eaux. Vivendi ne conservera sous sa gestion que l'éditeur de jeux vidéo Gameloft et une série de participations minoritaires dans des entreprises de divertissement et de médias.

Au coeur de ce portefeuille figurera la participation de 9,9% dans la maison de disques Universal Music Group (UMG). Elle en représentera, de loin, le principal actif. Cette part vaut en effet au cours actuel 4,3 milliards d'euros, soit 66% de la valeur totale du portefeuille. Le reste, ce sont 17% de l'opérateur Telecom Italia, 1% de Telefonica et 12% du groupe espagnol de médias Prisa, propriétaire du journal El Pais. S'y ajoutent des parts de près de 20% dans le groupe audiovisuel MediaForEurope (ex-Mediaset) et la société de production Banijay.

Dans une note publiée début octobre, l'agence Moody's relevait que la scission de Vivendi entraînerait "un changement important du modèle d'entreprise" dans la mesure où la génération de cash-flow libre "reposerait principalement sur les dividendes reçus des entités cotées en Bourse."

En effet, le seul actif encore contrôlé, Gameloft, n'a dégagé que 5 millions d'euros de résultat opérationnel (Ebita) en 2023, soit 0,5% du résultat total de Vivendi. Dans le même temps, les dividendes versés par UMG se sont montés à 94 millions d'euros, soit 10% de l'Ebita, et leur poids dans le nouveau périmètre devrait être beaucoup plus important.

+Décote de holding +

Si les perspectives favorables du marché de la musique enregistrée - et donc d'UMG - laissent espérer la poursuite de ce flux de trésorerie régulier pour Vivendi, il ne pourra pas compenser la "perte de substance" dénoncée par certains opposants au projet que représente la distribution de ses principales activités opérationnelles.

D'après les analystes de JPMorgan, la capitalisation boursière du groupe devrait être divisée par deux après la scission, à 4,5 milliards d'euros, soit 4,5 euros par action.

Cette estimation se fonde sur l'actif net réévalué (ANR), autrement dit la valeur des participations cotées du groupe, moins la dette nette. A la fin juin, l'ANR s'établissait à 4,8 milliards d'euros, selon des chiffres fournis par le groupe dans le cadre de son projet de scission.

Le marché pourrait toutefois retenir une valorisation plus faible en appliquant au nouvel ensemble une décote de holding. "Dans le cas de Vivendi, cette décote pourrait être importante, de l'ordre de 50%, compte tenu du fait que le groupe ne dispose d'aucune participation de contrôle en dehors de Gameloft et ne réalisera aucune synergie entre ses actifs", relève Pascal Quiry, auteur du Vernimmen.

+Une proie potentielle +

Mais l'intérêt de Vincent Bolloré, le principal actionnaire de Vivendi avec 29,9% du capital, pourrait être ailleurs.

Le rétrécissement de Vivendi pourrait conduire à sa sortie du CAC 40, ce qui obligerait un certain nombre de fonds indiciels à vendre l'action. L'afflux de papier sur le marché entraînerait alors une baisse du titre dont pourrait profiter Bolloré pour lancer une offre publique d'achat (OPA), observe JPMorgan. "Il pourrait être judicieux pour Bolloré d'augmenter sa participation le plus tôt possible afin de tirer parti de la vente des fonds indiciels", qui détiennent environ 10% du capital, estime la banque.

Jusqu'à présent, Vincent Bolloré s'est bien gardé de franchir le seuil de 30% de Vivendi, synonyme d'offre d'achat obligatoire, et a même vendu des titres au cours des dernières années pour demeurer sous ce seuil. Mais étant donné la taille beaucoup plus modeste du nouveau Vivendi et de sa probable décote de holding, une telle opération se ferait à moindre frais.

Elle permettrait au passage au Groupe Bolloré de monter au capital d'UMG, dont il détient déjà 18% auxquels s'ajouteraient les 10% de Vivendi.

Mais le milliardaire breton pourrait aussi se renforcer dans les trois nouvelles sociétés - Canal+, Havas et Louis Hachette - sans avoir à lancer d'offre publique d'achat dans l'immédiat en raison du choix controversé de leurs places de cotation.

Le sort de Vivendi dépendra largement de ces arbitrages. La longue histoire boursière du groupe pourrait alors connaître son épilogue.

-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: LBO, JDO

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1 commentaire

  • 14 décembre 18:03

    Les petits actionnaires vont-ils passer à la trappe?


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