(Actualisé après les déclarations du procureur) par Krisztina Than KECSKEMET, Hongrie, 21 juin (Reuters) - Le procès de quatre hommes accusés d'être responsables de la mort de 71 réfugiés en 2015 s'est ouvert mercredi devant un tribunal de Kecskemet, dans le centre de la Hongrie. Les quatre hommes, un Afghan et trois Bulgares, sont accusés d'avoir laissé les migrants s'asphyxier à l'arrière d'un poids lourd, en toute connaissance de cause. Les corps des réfugiés, 59 hommes, huit femmes et quatre enfants, ont été retrouvés entassés dans le véhicule abandonné en bordure d'une autoroute autrichienne. "Les 71 victimes sont mortes en raison de leur confinement, de leur incapacité à se mouvoir, du manque d'oxygène et de la chaleur (...), elles sont décédées peu de temps après le début de leur trajet. Avant leur mort, elles ont frappé à de multiples reprises sur les parois du camion et ont crié", a rappelé la justice dans un communiqué publié sur le site internet de la juridiction. Cet incident est le plus grave répertorié sur la "route des Balkans" empruntée à l'époque par des centaines de milliers d'exilés fuyant les guerres ou la famine au Moyen-Orient, en Afrique et dans le sud de l'Asie. Les enquêteurs ayant établi que les décès s'étaient produits en Hongrie, c'est à cette dernière qu'il est revenu de juger les accusés, également inculpés pour trafic d'êtres humains de même que sept autres prévenus, tous de nationalité bulgare. PIÉGÉS Pendant cinq heures, le procureur Gabor Schmidt a dressé la liste des chefs d'accusation à l'encontre des inculpés et raconté dans le détail le déroulé des événements ayant conduit au drame. Il a déclaré que les accusés profitaient alors du pic de la crise migratoire en 2015 pour maximiser leurs profits, transportant jusqu'à 100 personnes par jour de Hongrie vers l'Autriche ou l'Allemagne, la plupart via l'autoroute M1 qui relie Budapest à Vienne. Avant l'incident du mois d'août, de nombreux migrants avaient déjà été transportés dans des conditions extrêmes ayant provoqué "d'importantes souffrances physiques et mentales", a souligné le procureur. Gabor Schmidt a expliqué que le prévenu afghan, Lahoo Samsooryamal, considéré comme le chef du réseau, avait promis 3.500 euros à l'un des prévenus bulgares pour conduire un camion frigorifique de la frontière serbo-hongroise à l'Allemagne. Les 71 migrants ont été entassés à l'arrière du véhicule dépourvu de ventilation, dont les portes ne pouvaient s'ouvrir que de l'extérieur. Les trois autres membres de la bande suivaient le poids lourd en voiture et restaient en contact téléphonique. Les migrants ont commencé à frapper sur les parois du véhicule 30 à 40 minutes après le départ. Selon Gabor Schmidt, le chauffeur du camion a plusieurs fois prévenu son chef afghan mais a reçu ordre de ne pas ouvrir les portes, et obéi. "Ils savaient aussi qu'il y avait des enfants à l'intérieur", a souligné le procureur. Le prévenu afghan a dit par téléphone à l'un des autres prévenus qu'il voulait que les migrants meurent, et qu'il faudrait ensuite abandonner leurs corps, a-t-il ajouté. Le gang de passeurs s'est arrêté à deux reprises pour vérifier le niveau de liquide de refroidissement du véhicule et faire le plein d'essence, sans ouvrir les portes du camion. A un arrêt, ils n'ont plus entendu aucun cri. Le convoi a franchi la frontière autrichienne et le camion a été abandonné près de la commune de Parndorf. "Toutes les victimes sont mortes trois heures, au plus tard, après le début du voyage", a déclaré le représentant de l'accusation. (Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Tangi Salaün)
Quatre hommes jugés en Hongrie pour la mort de 71 migrants
information fournie par Reuters 21/06/2017 à 18:14
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