POINT HEBDO-Une semaine clé se profile pour les marchés

information fournie par Reuters •26/04/2024 à 11:35

Malgré le 1er-Mai, les investisseurs ne chômeront pas les prochains jours: réunion de politique monétaire américaine, salve de résultats et d'indicateurs rythmeront les échanges, alors que les tensions sur la demande en matières premières mettent les prix sous pression.

Tour d'horizon des perspectives des marchés dans les prochains jours:

1/LA FED SOUS LES PROJECTEURS

La prochaine réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale se tiendra mercredi 1er mai, jour férié pour les investisseurs européens qui n'en suivront pas moins les conclusions du FOMC.

La banque centrale devrait maintenir ses taux à leurs niveaux actuels et réaffirmer que tout assouplissement monétaire serait contingent à un reflux de la dynamique des prix.

De fait, la Fed est confrontée à une inflation persistante: les indicateurs de la dynamique des prix ne cessent de surprendre à la hausse, qu'il s'agisse des derniers chiffres du PIB, qui montrent que l'inflation PCE au premier trimestre a été plus forte qu'attendu, ou des chiffres de l'inflation CPI, qui ont également été supérieurs au consensus.

La persistance de l'inflation s'explique avant tout par la résistance des coûts du logement aux hausses de taux, alors que l'offre est contrainte par la politique monétaire, notamment, et que la demande soutenue par l'immigration reste importante.

L'inflation "super sous-jacente" des services hors logement est néanmoins vouée à rester ferme, remarque Tiffany Wilding, économiste de PIMCO dans une note, alors que les marchés du travail demeurent tendus.

"La Fed continue de tabler sur la poursuite de la désinflation, mais à un rythme peut-être moins rapide", abondent les analystes de BofA.

"La Fed continue de croire que le rebond de l'offre de travail constitue un choc d'offre favorable, qui permet à l'économie d'afficher un taux de croissance potentiel et réel plus élevé tout en faisant reculer l'inflation et en maintenant le chômage à des niveaux faibles".

Si ces nouvelles sont encourageantes pour l'activité américaine, elles le sont moins pour les marchés: sans rebond du chômage, il est peu probable que la Fed baisse ses taux. Les marchés attendent désormais environ 35 pb de baisses en 2024, contre 150 pb attendus en début d'année.

Plusieurs indicateurs publiés la semaine prochaine aideront les investisseurs à préciser leurs scénarios économiques: l'indicateur de confiance des consommateurs est attendu mardi, l'indicateur d'emploi ADP, l'ISM des services et les ouvertures d'emploi JOLT mercredi, et le rapport mensuel sur l'emploi ainsi que l'ISM des services vendredi.

2/NE PAS DÉCEVOIR

Les publications de résultats s'accélèreront la semaine prochaine aux Etats-Unis, alors que les marchés actions corrigent depuis début avril: le S&P 500 et le Dow Jones ont perdu 3,9% depuis un mois, contre 5,9% pour le Nasdaq.

Les investisseurs seront attentifs aux annonces des entreprises alors que l'espoir d'une baisse des taux de la Fed s'éloigne.

"Une hausse des actions aux Etats-Unis doit provenir d’une hausse des revenus", constate Thushka Maharaj, stratégiste chez JPMorgan AM, qui souligne que la performance des actions américaines depuis leur plus bas d'octobre provient essentiellement de la hausse des valorisations.

"Les analystes seront surtout attentifs au relèvement des perspectives à 12 mois des entreprises pour justifier des valorisations actuelles. La semaine prochaine sera cruciale, car 40% des constituants du S&P 500 publieront leurs résultats", ajoute la stratégiste.

Les analystes parient sur une hausse d'environ 10% des bénéfices par action pour le S&P 500 sur l'année 2024, légèrement supérieure à sa moyenne des 20 dernières années, 7,5%.

Les résultats au premier trimestre d'Amazon.com AMZN.O seront publiés mardi, ceux de Mastercard MA.N et de Pfizer

PFE.N mercredi. Les résultats au second trimestre de Qualcomm

QCOM.O sont attendus mercredi et ceux d'Apple AAPL.O jeudi.

3/LA BCE EN EQUILIBRE

La Banque centrale européenne sera attentive au flux de données des prochains jours, riche en enseignements sur la dynamique du bloc.

Côté activité, plusieurs indicateurs de sentiment en zone euro, dont la confiance des consommateurs, seront publiés lundi. Mardi seront publiés le PIB au premier trimestre pour la France et l'Allemagne, les prix à la production hexagonaux et les ventes au détail ainsi que le chômage allemands.

Le PIB de la zone euro au premier trimestre est également attendu mardi, tandis que les indicateurs PMI manufacturiers définitifs sont attendus jeudi.

Les marchés chercheront à comprendre si le rebond de l'activité suggéré par les indicateurs avancés se confirme.

Par ailleurs, les chiffres d'inflation en France, en Allemagne et en zone euro sont attendus mardi.

"Nous prévoyons que l'IPCH en zone euro restera stable en mars, à 2,6 % sur un an, contre une légère baisse à 3,0% pour l'indicateur sous-jacent. Les prix des biens pourraient poursuivre leur déclin, mais la dynamique plus ferme pour l'indicateur sous-jacent et l'impact de Pâques pourrait maintenir la croissance du prix des services à 4% pour le cinquième mois consécutif", estiment les économistes de Barclays.

Même si les chiffres ne surprennent pas, ce ralentissement ne facilitera pas la tâche de la BCE, qui cherche à se ménager des marges de manœuvre entre Fed restrictive, prix des matières premières élevés, et performance économique européenne décevante.

4/SUPERCYCLE

La hausse des matières premières se poursuit, soutenue par des dynamiques de fin de cycle durant lesquels la classe d'actif affiche historiquement une surperformance, l'offre et la demande étant déséquilibrées.

Sur les 23 matières premières qui composent l'indice Bloomberg Commodities, 15 sont en déport: les contrats à terme expirant le plus rapidement sont mieux valorisés que les contrats expirant plus tardivement, une situation rare et qui indique que les acheteurs sont prêt à payer une prime pour être livrés immédiatement.

Le cuivre est ainsi proche de ses records, tandis que le zinc et l'argent affichent de fortes performances sur le mois.

Les investisseurs seront attentifs aux impacts de ces hausses de prix sur l'inflation dans le monde entier, les pays émergents étant particulièrement vulnérables au rebond des prix des matières premières, selon la banque MUFG.

(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Sophie Louet)