La semaine à venir s'annonce riche en événements géopolitiques et monétaires : les tensions atteignent des niveaux sans précédent au Moyen-Orient et font grimper les prix du pétrole, tandis que plusieurs grandes banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine (Fed), annonceront leurs décisions en matière de taux d'intérêt. Les dirigeants des pays du G7 se réuniront par ailleurs au Canada.
Tour d'horizon des perspectives de marché dans les jours à venir :
1/ LE MOYEN-ORIENT SOUS TENSION
Les frappes israéliennes menées dans la nuit de jeudi à vendredi contre l'Iran soulèvent un risque géopolitique majeur que les investisseurs redoutent depuis longtemps.
L'ampleur de la riposte de Téhéran, qui promet un "châtiment sévère" selon les termes du guide suprême de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, ainsi que les actions des grandes puissances mondiales - notamment celle des Etats-Unis - dans les jours à venir seront cruciales pour la région et les marchés.
La première réaction à cette escalade inédite a été, sans surprise, la flambée des prix du pétrole, la baisse des Bourses et une ruée des investisseurs vers les valeurs refuges, de l'or aux obligations d'État.
La situation géopolitique jette un doute sur le nouveau cycle de discussions entre des responsables américains et iraniens qui était prévu dimanche à Oman en vue d'un nouveau pacte nucléaire, question clé de l'escalade militaire, qu'Israël justifie en citant de nouveaux renseignements selon lesquels l'Iran s'approcherait du "point de non-retour" dans le développement d'une arme atomique.
Tout cela a des répercussions sur l'économie mondiale et il est probable que la volatilité augmentera si la situation ne s'apaise pas rapidement.
2/ INFLATION OU EMPLOI ?
La Réserve fédérale (Fed) doit annoncer mercredi prochain sa décision de politique monétaire - un statu quo est largement attendu-, avec pour défi de répondre à la question de savoir si, dans ses perspectives, la banque centrale est plus préoccupée par une remontée de l'inflation ou par la santé du marché du travail.
La Fed présentera également ses projections en matière de politique monétaire et de croissance économique pour la première fois depuis mars, soit avant la salve de droits de douane lancée par le président américain Donald Trump contre ses principaux partenaires, qui a entraîné une révision à la hausse des estimations d'inflation et du chômage.
Les marchés s'attendent à environ deux réductions de 25 points de base chacune d'ici la fin de l'année - la première probablement en septembre - un pari renforcé par le rapport sur l'inflation plus faible que prévu publié plus tôt cette semaine.
La Fed et son président Jerome Powell restent par ailleurs sous la pression du locataire de la Maison blanche, qui a réitéré ces derniers jours son appel à une baisse des taux aux Etats-Unis, jugeant le chef de la banque centrale trop lent dans ses décisions.
Les chiffres des ventes au détail de mai, prévus mardi, pourraient en outre montrer comment les droits de douane affectent les dépenses de consommation.
3/ UN AGENDA CHARGÉ POUR LA BOJ
Une autre des principales banques centrales du monde, la Banque du Japon (BOJ), entame lundi sa réunion de politique monétaire de deux jours, avec une réduction des achats obligataires et les perspectives d'inflation au programme.
Alors que la plupart des traders s'attendent à ce que la BoJ maintienne ses taux d'intérêt inchangés, la déclaration et de la conférence de presse du gouverneur Kazuo Ueda seront suivis de près, car la banque centrale s'est engagée à continuer à relever ses coûts d'emprunt si l'inflation de base se rapproche de sa cible de 2%.
La voie à suivre est toutefois devenue plus incertaine.
L'inflation de base du Japon est supérieure à l'objectif depuis plus de trois ans et elle est ressorti à 3,5% en avril, son niveau le plus élevé depuis plus de deux ans, en grande partie en raison d'une hausse de 7% des prix des denrées alimentaires.
Un accord commercial entre les États-Unis et le Japon - dont l'économie est fortement exportatrice - peine en outre à se concrétiser, et la hausse des rendements des obligations d'État japonaises à long terme en mai a encore compliqué les choses.
Par conséquent, les marchés n'oublieront pas autre point à l'ordre du jour de la BoJ : l'examen d'un plan visant à ralentir le rythme d'achats d'obligations qui court jusqu'à la fin du mois de mars, et l'annonce d'un nouveau programme pour la nouvelle année fiscale commençant en avril 2026.
4/... ET POUR LE RESTE
La vague de décisions de politique monétaire se poursuivra en Europe, avec des réunions des banques centrales en Suède, en Suisse, en Norvège et au Royaume-Uni.
La Riksbank suédoise donnera le coup d'envoi mardi, avec des paris sur une baisse des taux de 25 points de base.
La Norges Bank devrait quant à elle maintenir ses taux jeudi, tandis que la la Banque nationale suisse (BNS) annoncera probablement une réduction de 25 points de base, avec une possibilité plus faible d'une baisse de 50 points de base.
Les prix ont diminué en Suisse en mai pour la première fois depuis plus de quatre ans, augmentant la pression sur la banque centrale pour qu'elle réduise fortement ses taux.
Au Royaume-Uni, la faiblesse des données sur l'emploi a fait naître la perspective de nouvelles réductions des coûts d'emprunt par la Banque d'Angleterre (BoE) en 2025, mais les marchés parient toujours sur un statu quo lors de la réunion qui s'achève jeudi.
L'économie britannique s'est par ailleurs nettement contractée en avril à un creux de près de deux, ce qui vient s'ajouter aux mauvaises nouvelles économiques.
5/ POIGNÉES DE MAIN AU G7?
La géopolitique, le commerce et bien d'autres sujets seront abordés lors du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra du 15 au 17 juin en Alberta, au Canada, dans un contexte de relations tendues entre le pays et son voisin américain.
Les droits de douane planeront sur le sommet après l'accord entre les États-Unis et la Chine sur un cadre permettant de remettre leur trêve commerciale sur les rails, même si les marchés l'ont accueilli avec une certaine froideur.
Le Japon, quant à lui, espère pouvoir obtenir un accord commercial en marge du sommet.
L'UE souhaite par ailleurs discuter de l'abaissement du plafond des prix du pétrole russe fixé par le G7 et la plupart des membres du groupe semblent prêts à le faire même sans la participation des États-Unis.
Le président ukrainien Volodimir Zelensky prévoit en outre d'assister au sommet, et dit également espérer une rencontre avec le président américain Donald Trump en marge de la réunion.
(Compilé par Karin Strohecker ; graphes par Sumanta Sen ; version française Diana Mandia, édité par Blandine Hénault)
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