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Ouverture du procès de Lafarge pour financement du terrorisme en Syrie
information fournie par Reuters 04/11/2025 à 11:14

Le logo du fabricant français de matériaux de construction Lafarge sur une usine de production de béton Lafarge à Pantin, près de Paris

Le logo du fabricant français de matériaux de construction Lafarge sur une usine de production de béton Lafarge à Pantin, près de Paris

par Juliette Jabkhiro

Le cimentier Lafarge, dont la filiale en Syrie est accusée d'avoir versé de l'argent à des groupes armés pour maintenir en activité une usine au début de la guerre civile dans les années 2010, est jugé à partir de mardi pour financement du terrorisme et infraction douanière.

L'entreprise française de matériaux de construction, filiale du groupe suisse Holcim depuis 2015, est soupçonnée d'avoir versé à trois groupes djihadistes, dont l'État islamique (EI) et le Front al Nosra (affilié à Al Qaïda), désignés comme terroristes par l'Union européenne (UE), un total de cinq millions d'euros entre 2013 et septembre 2014.

Lafarge et huit personnes, dont d'anciens dirigeants du groupe ont fait l'objet d'une enquête du parquet antiterroriste ouverte en 2017 dans une affaire qui conduit pour la première fois en France au procès d'une personne morale - l'entreprise - pour financement du terrorisme.

"Le procès concerne des activités menées il y a plus de dix ans et qui constituaient une violation flagrante du Code de conduite de Lafarge SA. Aucun des anciens dirigeants poursuivis à titre individuel ne travaille aujourd’hui pour Lafarge SA ou d'autres entités affiliées", a réagi mardi Lafarge après de Reuters.

"Il s'agit d'une affaire héritée du passé de Lafarge SA, traitée de manière responsable dans le cadre de la procédure judiciaire."

Aux Etats-Unis, Lafarge a admis en 2022 avoir versé 6 millions de dollars à l'EI et au Front al Nosra pour permettre à ses employés, clients et fournisseurs de franchir les points de contrôle après le déclenchement du conflit civil en Syrie.

L'entreprise a accepté de payer 778 millions de dollars dans cette procédure de plaider coupable.

Les huit personnes jugées, accusées avec Lafarge d'avoir organisé différents types de paiements auprès des groupes armés, encourent jusqu'à 10 ans de prison pour l'infraction de financement du terrorisme et 5 ans pour l'infraction douanière. Lafarge encourt une amende d'un million d'euros pour la première et de plusieurs millions pour la seconde.

L'usine de Jalabiya, construite entre 2007 et 2010 et rachetée par Lafarge en 2008 pour 680 millions de dollars, a commencé ses activités en octobre 2010, quelques mois seulement avant le début du soulèvement syrien de mars 2011.

Elle était située dans le nord de la Syrie, une zone ravagée par les combats, à seulement 50 km au sud de Kobané et à 80 km au nord de Rakka, qui allait devenir la capitale de l'EI. Les employés étaient logés à Manbij, sur la rive ouest de l'Euphrate, et devaient traverser le fleuve pour accéder à l'usine.

Environ trois millions d'euros auraient été consacrés à la sécurisation du passage aux points de contrôle, tandis que 1,9 million auraient servi à des achats de matières premières provenant de carrières contrôlées par l'EI.

Le procès devrait durer jusqu'au 16 décembre.

Lafarge fait également l'objet d'une enquête pour complicité de crimes contre l'humanité en lien avec la manière dont l'entreprise a maintenu en activité son usine en Syrie.

(Reportage Juliette Jabkhiro, version française Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)

1 commentaire

  • 11:36

    L'UE devrait aussi passer en procès, pour financement du hamas sous couvert d'aider les palestiniens, et là il y a toutes les preuves.


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