
( AFP / FABRICE COFFRINI )
Le nouveau patron de Nestlé entend "redoubler d'efforts" pour redresser la croissance des ventes et a annoncé la suppression de 16.000 postes durant les deux prochaines années, soit près de 6% des effectifs, faisant bondir le cours de son action de plus de 8%.
"Le monde évolue et Nestlé doit s’adapter plus rapidement", ce qui impliquera "de prendre des décisions difficiles, mais nécessaires, pour réduire les effectifs", a déclaré Philipp Navratil, qui a repris les commandes du géant de l'alimentation début septembre, dans un communiqué.
Le groupe aux plus de 2.000 marques, dont les cafés solubles Nescafé et bouillons Maggi, commence à récolter "les premiers résultats" de ses investissements et doit maintenant "redoubler d’efforts" pour accélérer sa croissance, a affirmé M. Navratil, la relance des volumes étant sa "priorité absolue", a-t-il insisté.
Des économies de coûts et suppressions d'emplois sont déjà en cours, a-t-il précisé aux journalistes lors d'une conférence téléphonique, expliquant qu'il a toutefois voulu "être transparent sur ce que cela représente en termes d'effectifs".
Ancien patron de Nespresso, il présentait jeudi le chiffre d'affaires de Nestlé sur neuf mois et était attendu au tournant après un mois de septembre agité à la tête du groupe.
Au début du mois, Nestlé avait licencié son prédécesseur, le Français Laurent Freixe, à la suite d'une enquête interne concernant une relation amoureuse avec une subordonnée. Deux semaines plus tard, le groupe annonçait le départ de son président, le Belge Paul Bulcke, qui a passé la main plus tôt que prévu à Pablo Isla, son vice-président et ancien PDG du géant espagnol de la mode Inditex (propriétaire notamment de Zara).
De nombreux analystes n'avaient pas caché espérer que le nouveau tandem ramène un peu de stabilité au sein du groupe, secoué par un scandale à rebondissements sur ses eaux en bouteille et par l'effritement de ses ventes depuis la vague d'inflation qui a poussé les consommateurs à se tourner vers des produits moins chers, comme les marques de distributeurs des supermarchés.
"Le message" du nouveau directeur général est "offensif", a réagi Jean-Philippe Bertshy, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier, estimant que ses "premières mesures vont dans la bonne direction".
A 10H55 GMT, l'action s'adjugeait 8,21% à 82,29 francs suisses, dopant le SMI, l'indice phare de la Bourse suisse, en hausse de 1,25%.
- 12.000 postes de bureau -
L'an passé, l'action avait perdu près du quart de sa valeur, suscitant une vague de critiques en Suisse où le titre occupe une place de choix dans les portefeuilles des petits porteurs et fonds de pension. Début 2025, elle avait amorcé un rebond, avant de repartir à la baisse face aux inquiétudes autour du climat de consommation.
Dans le communiqué, Nestlé précise que ces suppressions d'emplois vont concerner 12.000 postes de bureau dans diverses fonctions et parties du monde, représentant "1 milliard de francs d'économies annuelles d'ici fin 2027, soit le double du montant prévu jusqu'à présent.
S'y ajouteront 4.000 postes dans le cadre d'initiatives déjà en cours visant à accroître la productivité dans la production et la chaîne d'approvisionnement.
M. Navratil a en conséquence relevé l'objectif d'économies pour fin 2027, à 3 milliards de francs (3,2 milliards d'euros), contre 2,5 milliards de francs visés auparavant.
Dans le communiqué, il dit vouloir mettre en œuvre "une gestion rigoureuse" des ressources en se focalisant sur les produits à "plus fort potentiel".
Sur les neuf premiers mois de 2025, Nestlé a vu son chiffre d'affaires fléchir de 1,9% par rapport à la même période un an plus tôt, à 65,9 milliards de francs suisses.
Dans une note de marché, Patrik Schwendimann, analyste à la banque cantonale de Zurich, relève cependant une "surprise positive" au niveau des volumes de ventes au troisième trimestre seul.
Les volumes se sont accrus de 1,5% entre juillet et septembre, bien au-dessus des prévisions des analystes financiers interrogés par l'agence suisse AWP qui s'attendaient en moyenne à une progression de 0,3%.
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