
( AFP / YUICHI YAMAZAKI )
L'agence de notation Moody's Ratings a abaissé vendredi en catégorie spéculative la note des obligations du constructeur automobile japonais Nissan, en grandes difficultés financières et dont les négociations en vue d'un rapprochement avec son compatriote plus solide Honda ont récemment échoué.
La note que Moody's assigne à Nissan a été abaissée à Ba1, contre Baa3 auparavant, en raison de la "détérioration" de sa capacité à honorer ses engagements financiers, notamment en ce qui concerne son flux de trésorerie disponible, sur fond de résultats moroses.
Son basculement en catégorie spéculative indique que, pour l'agence de notation, le risque existe de voir le constructeur faire défaut sur certaines dettes.
Cette décision "reflète la faible rentabilité de Nissan due au ralentissement de la demande pour sa gamme de modèles vieillissants", a résumé Moody's dans un communiqué.
"Un ralentissement est évident en Chine depuis le début de l'exercice 2023 et son plus grand marché, les Etats-Unis, est désormais confronté à des défis avec des stocks élevés et des modèles plus anciens" qui n'attirent plus les acheteurs, faute de proposer des véhicules sur le créneau en plein boom des hybrides, insiste l'agence.
La note reste assortie d'une perspective négative - signifiant qu'elle pourrait encore être dégradée plus bas - pour "prendre en compte les risques associés à l'application de son plan de restructuration", au coûteux renouvellement de ses gammes vieillissantes et aux tensions commerciales internationales a expliqué Dean Enjo, vice-président de Moody's Ratings.
Face à un assombrissement persistant de ses perspectives, "le flux de trésorerie disponible de la branche automobile de Nissan est devenu négatif au cours de l'exercice 2024, en grande partie en raison d'une baisse importante des bénéfices, et nous prévoyons que cela perdurera" jusqu'à la fin de l'exercice 2025-2026, prévient Moody's.
Ayant vu sa marge opérationnelle s'effondrer, Nissan prévoit en effet d'être déficitaire sur son exercice décalé 2024/25, après une nouvelle perte nette inattendue de 14 milliards de yens (87 millions d'euros) sur le troisième trimestre (octobre-décembre).
Sur le trimestre, ses ventes ont plongé de 12,2% sur un an en Chine - où sa production a fondu de 14,7%.
Massivement endetté, Nissan avait entamé fin décembre des négociations pour fusionner avec un partenaire plus solide, son compatriote Honda, en vue d'unir leurs forces dans l'électrique, mais les discussions ont récemment été stoppées.
Pour tenter de se redresser, Nissan avait annoncé début novembre vouloir supprimer 9.000 postes dans ses effectifs mondiaux et réduire de 20% sa capacité de production.
Enfin, "la reprise du flux de trésorerie de Nissan est également menacée en raison de l'environnement commercial mondial actuel, avec des droits de douane potentiels sur sa base de production importante au Mexique", que le président américain Donald Trump menace d'imposer, ajoute Moody's.
"Compte tenu des perspectives négatives, une revalorisation (de la note) de Nissan est peu probable au cours des 12 à 18 prochains mois", conclut l'agence de notation.
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