(AOF) - Michelin (+ 3,91% à 33,75 euros) affiche une des plus fortes hausses du CAC 40 au sein d’un secteur soutenu par des rumeurs d'exemptions de droits de douane américains. Le fabricant de pneumatiques, qui avait lancé un rare avertissement en 2024, a généré l’année dernière un cash-flow libre supérieur aux attentes et prévoit une progression de ses profits en 2025. Selon Jefferies, en dépit de l'abaissement des prévisions pour l'exercice 2024, le modèle économique du groupe a montré sa "résilience".
Des résultats en baisse en 2024
Michelin a publié un chiffre d'affaires en recul de 4,1% en 2024 à 27,2 milliards d'euros contre 28,34 milliards il y a un an. Le géant du pneumatique précise que les volumes de pneus sont en baisse de 5,1% en raison "du déclin simultané de la Première monte dans tous les secteurs, de l'intensification de la concurrence sur les marchés de masse et de contraintes conjoncturelles dans les activités de spécialités".
En 2024, le résultat opérationnel des secteurs s'établit à 3,37 milliards d'euros contre 3,57 milliards en 2023 avec une marge opérationnelle de 12,4 % contre 12,6% l'année précédente. Le résultat net du groupe est tombé de 1,98 milliard en 2023 à 1,89 milliard en 2024.
Des perspectives incertaines
"Dans un environnement très incertain", le groupe vise pour 2025 une progression de son résultat opérationnel des secteurs à taux de change constants par rapport à 2024, et une génération de cash-flow libre avant acquisitions "supérieure à 1,7 milliard d'euros", contre 2,22 milliards au 31 décembre 2024 et 2,34 milliards au 31 décembre 2023.
Michelin prévoit que les marchés des pneumatiques devraient connaître "une légère croissance en 2025, mais un déclin au premier semestre en raison de la baisse de la demande en Première monte". Le groupe "maintient ses objectifs pour 2026 tels que communiqués lors de sa Journée Investisseurs 2024" à savoir une marge opérationnelle d'activité de 14% et un résultat opérationnel des activités de 4,2 milliards d'euros.
Jefferies reste à Conserver avec un objectif de cours de 36 euros.
Des anticipations sur les droits de douane provoquent un mouvement sectoriel
Le secteur automobile progresse nettement aujourd'hui et ce mouvement touche autant les équipementiers, Forvia, Michelin, Valeo et OPmobility que les constructeurs Stellantis et Renault, qui figurent parmi les principales progressions de l'indice SBF 120.
Selon Reuters, Mike Johnson, le président républicain de la Chambre des représentants a indiqué que Donald Trump envisageait des exemptions de droits de douane qui pourraient inclure les industries automobiles et pharmaceutiques. Quelques catégories pourraient être traitées différemment par la Maison Blanche "et je pense que ces deux-là en feraient partie ", a-t-il déclaré lors d'une brève interview.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Leader mondial des pneumatiques avec 1/5ème du marché, né en 1889 ;
- Groupe organisé en trois divisions générant 28,6 Mds€ de ventes : automobile (49%), transport routier (26 %) et activités de spécialités -mines, agriculture, construction, avion…, l’Amérique du nord étant le 1er marché du groupe (39 %)j, devant l’Europe (35 %) ;
- Activité réalisée aux 3/4 sur le marché des pneus de remplacement, moins cyclique que la « première monte » et moins sensible à la santé des constructeurs automobiles ;
- Ambition 2030 : à partir de la production des pneumatiques, dont la part sera réduite à 70 % des revenus, offrir des services autour du pneu via la connectivité puis au-delà du pneu (composites flexibles, biosourcés, impression 3D et mobilité hydrogène notamment dans les secteurs de la santé, l’espace et l’aéronautique) ;
- Société en commandite par action contrôlée par la famille fondatrice (4,22 % du capital et 5,2 % des droits de vote), Barbara Dalibard présidant le conseil de surveillance de 11 membres et Florent Menegaux présidant la gérance.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- face à l’entrée massive des pneus asiatiques sur les marchés européens tant du remplacement que de 1ère monte, focus sur les zones géographiques et les produits les plus créateurs de valeurs, fermeture ou réduction de l’activité d’usines en Europe,
- monétisation de la base de données clients,
- accélération de la diversification hors pneus -secteurs de la santé, l’espace et l’aéronautique- renforcée par acquisitions de FCG Composite (joints et matériaux textiles ou caoutchouc) pour 700 M€, après celles de Canopy Simulation, TBC, TRK et Watea,
- focus sur l’innovation pilotée par le président, répondant à 3 enjeux -fabrication additive, composites flexibles et mobilité hydrogène :
-1/3 des ventes provenant de produits ou services de moins de trois ans
- R&D (700 M€ par an dans 9 centres) soutenue par des partenariats externes, de recherche (300) ou stratégiques (Enviro, Vabios, addUp, Pyrowave) ;
- Stratégie environnementale « Planet » visant la neutralité carbone en 2050 et déployée par l’écosystème mondial Movin’On :
- objectif intermédiaire 2030 : recul de 50 % des émissions vs 2010,
- offre de pneus protecteurs de l’environnement par emploi de matières recyclées (46 % en 2030 et 100 % en 2050) et de matériaux durables,
- accompagnement de la mobilité électrique et hydrogène via Symbio, société commune avec Faurecia,
- économie circulaire « 4 R » (Réduire, Réutiliser, Renouveler, Recycler), dopée par des technologies de rupture en partenariat (Carbios, Enviro, Pyrowave…) ;
- Renforcement de la place de n° 1 mondial des pneus pour véhicules électriques et poids lourds.
- Bilan sain : ratio d’endettement de 26,6 % à fin juin et autofinancement libre de 922 M€.
Défis
- Dans un marché mondial en repli, compensation insuffisante des hausse de prix de vente et de la résistance des segments à forte valeur ajoutée ;
- Fort recul de la demande minière pour les pneus de spécialités et les convoyeurs ;
- Après un repli de 4,6 % des ventes à fin septembre, objectifs 2024 : abaissé pour le bénéfice opérationnel à + 3,4 Mds€ environ et relevé pour l’autofinancement libre de + 1,7 Md€ ;
- Stratégie 2030 : hausse annuelle de 5 % des ventes et rentabilité des capitaux investis de plus de 10,5 %.
- Dividende 2024 de 1,35 €.
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