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Marché: Boston Partners table sur une stagflation au S2
information fournie par Cercle Finance 04/07/2025 à 10:31

(CercleFinance.com) - La date du 9 juillet ne dit sans doute rien aux oreilles profanes. Mais dans les milieux financiers, son évocation a de quoi faire sourciller les analystes et crisper quelques mâchoires. Cette date fatidique, qui approche à grands pas, marquera en effet la fin de la trêve de 90 jours accordée par Donald Trump pour négocier les droits de douane. Que se passera-t-il ensuite ? Le mystère reste entier.

Il faut dire que les tractations sont pour le moins opaques. Tout juste sait-on que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré vouloir une ' solution négociée ', tout en assurant que l'UE se tenait prête au cas où ' aucun accord satisfaisant ne serait trouvé '.

L'absence d'avancées concrètes inquiéterait-elle les marchés ? Pour le moment, pas le moins du monde. En effet, les indices américains tutoient leurs sommets historiques (très largement portés par les ' Sept magnifiques ') et les Bourses européennes font preuve d'une étonnante résilience -d'insouciance, même, murmureraient certains.

Les marchés semblent en effet se désensibiliser progressivement aux annonces du milliardaire républicain, lassés par ses revirements incessants, soulignait-on chez Robeco en début de semaine.

' Pour l'instant, les droits de douane sont pour l'essentiel à 10 %. Et Trump a indiqué qu'il n'allait pas les modifier, nous verrons si cela se confirme ', note Duilio R. Ramallo, Senior Portfolio Manager chez Boston Partners, société de gestion américaine spécialisée dans l'investissement ' value ' appartenant à Robeco.

Face à l'impact des tarifs, les entreprises ont des options limitées : les absorber, quitte à réduire les marges, ou les répercuter sur les prix, quitte à nourrir l'inflation.
' Philips, GE Vernova, 3M... toutes ces entreprises évoquent un impact supérieur à 4 % sur leur marge brute, avec même plus de 10 % pour Ford, près de 20 % pour GM ou encore 47 % pour First Solar, dont les panneaux photovoltaïques sont construits en Chine ', explique l'expert, tableau de chiffres à l'appui.

Selon lui, répercuter à 75 % les droits de douane pourrait entraîner une hausse de l'inflation de l'ordre de 1,2 à 1,3 %.
Dans ces circonstances, la Fed et son président, Jerome Powell, sont en première ligne, ce dernier s'attirant régulièrement les foudres de la Maison Blanche pour son obstination à maintenir les taux inchangés.

Selon Boston Partners, les taux actuels n'ont pourtant rien d'anormal. ' La véritable période étrange, c'était celle des taux zéro et des taux négatifs... C'était absurde ', se rappelle le spécialiste.

Jonglant entre tableaux, graphiques et courbes, Duilio R. Ramallo poursuit ses explications. S'il rappelle que ' les prévisions macroéconomiques ne valent en général pas grand-chose et constituent surtout un pari sur l'avenir ', il estime que l'inflation est probablement plus solide qu'on ne le pense.
' Les prix des biens et de l'énergie sont revenus à la normale, mais les services restent élevés et ce sont eux qui soutiennent l'inflation, alors que l'économie américaine est constituée aux deux tiers de services. '

Les anticipations de la Fed ont d'ailleurs de quoi le surprendre. ' En 2012, avec une inflation à 2 %, la Fed voyait les taux longs à 4 %. Aujourd'hui, avec une inflation à 3 %, elle les voit à 3,2 %. Ça n'a pas beaucoup de sens pour moi. '

Dans un contexte d'inflation persistante et de maintien des taux, Duilio R. Ramallo s'attend à un second semestre ' moins bon que le premier '. ' Il y a aussi de fortes chances que les consommateurs aient anticipé leurs achats : si vous pensiez que votre voiture coûterait 5, 10 ou 20 % de plus dans six mois à cause des tarifs, beaucoup ont avancé leurs achats, achetant des biens durables plus tôt pour éviter des prix plus élevés. Cela tire la demande vers l'avant et crée donc un vent contraire pour la demande au second semestre, en plus des prix plus hauts. '

Et de conclure : ' Je ne sais pas si nous entrerons en récession, mais je pense qu'il y a une forte probabilité que nous connaissions de la stagflation, c'est-à-dire une inflation plus élevée avec une croissance faible. Et ce terme de stagflation sera probablement bien plus présent au second semestre. '


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