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Lloyd Diamond, Pixium Vision : «Grâce à ce rapprochement avec Second Sight, beaucoup de choses sont possibles»
information fournie par Boursorama 13/01/2021 à 14:20

Lloyd Diamond, directeur général de Pixium Vision et Guillaume Renondin, directeur financier. (crédit : DR)

Lloyd Diamond, directeur général de Pixium Vision et Guillaume Renondin, directeur financier. (crédit : DR)

Alors que la medtech a lancé le début de son étude pivotale PRIMAVERA pour son dispositif Prima dans la DMLA sèche, le rapprochement avec l'américain Second Sight a enthousiasmé le marché. Quels en sont les ressorts et les ambitions ? Interview à deux voix avec Lloyd Diamond, directeur général du groupe et Guillaume Renondin, directeur financier depuis mai 2020.

Boursorama : On avait en tête que Pixium Vision et Second Sight étaient des sociétés rivales, voire opposées sur une question de brevets. A quel moment a germé l'idée d'un rapprochement ?
Lloyd Diamond : Ces échanges remontent au moment de mon arrivée à la direction de Pixium Vision en 2019.  La société était alors en concurrence avec Second Sight au sujet de plusieurs brevets. J'avais alors reçu un appel de l'ancien dirigeant de la medtech américaine, Will McGuire qui m'avait expliqué que Second Sight arrêtait les implants rétiniens pour basculer sur les implants du cortex visuel et qu'il pouvait être plus intéressant de mettre de côté «nos différends» sur les brevets afin de travailler à une alliance portée par la complémentarité des deux sociétés. Cette idée avait été bien accueillie par les deux conseils d'administration mais il fallait trouver comment la concrétiser. Nous avions des pistes à l'étude, dans la R&D ou encore le marketing. Le déclencheur a été l'annonce de Second Sight expliquant l'impossibilité de financer le développement de Orion. Matthew Pfeffer, le nouveau directeur général, envisageait alors de liquider l'entreprise et m'a demandé si le rachat des brevets de Second Sight pouvait nous intéresser. C'était une offre attrayante mais il n'était pas si simple d'imaginer une utilisation des brevets et au cours de la discussion, nous avons finalement fait part de notre intérêt pour l'ensemble de la société.

Boursorama : Rappelons les grandes lignes de l'opération : Pixium Vision va apporter à Second Sight sa technologie de neuromodulation et recevra en échange 60% du capital de la medtech américaine. Une levée de fonds de 25 millions de dollars via un placement privé sera ensuite effectuée. Parallèlement, une nouvelle filiale sera créée pour travailler sur la stimulation corticale avec la technologie du dispositif Orion. La société issue du rapprochement entre Pixium Vision et Second Sight détiendra 40 % de la nouvelle filiale et aura la priorité sur l'obtention des droits exclusifs de commercialisation du dispositif Orion à l'échelle mondiale. Enfin, Pixium Vision restera coté à Paris. Qu'est-ce que cela va changer concrètement pour l'investisseur individuel français qui détient des actions Pixium Vision ? Pourquoi avoir fait ce choix de filialiser le développement d'Orion ?
Lloyd Diamond :
En restant sur Euronext Growth, Pixium Vision permet aux investisseurs particuliers de participer à l'opération de création de valeur que nous sommes en train de réaliser, ce qui aurait été plus difficile pour une société cotée aux Etats-Unis, notamment en raison des frais. Quant à la filialisation d'Orion, c'est une décision assez logique : la technologie du dispositif Orion est plus précoce que celle de PRIMA, il aurait fallu une plus grosse augmentation en capital pour financer son développement. Elle touche par ailleurs à la neurochirurgie alors que Pixium Vision est dans l'ophtalmologie.

Guillaume Renondin : En effet, les produits développés Orion et Pixium n'ont pas les mêmes cibles, ne concernent pas les mêmes cliniciens. Conserver Orion et financer son développement, représentait beaucoup d'argent. Il faut avoir un chiffre en tête : Second Sight a dépensé plus de 300 millions de dollars dans ses projets de développement. Séparer les deux n'est pas une mauvaise chose, d'autant que nous conservons les droits exclusifs de commercialiser le produit si les développements vont à leur terme. Ensuite, pour revenir sur les changements induits par cette opération pour l'actionnaire individuel français, on peut dire que finalement il ne va pas y avoir beaucoup d'incidence dans le cadre de l'opération avant l'augmentation de capital.  Pixium Vision deviendra le principal actionnaire de la nouvelle structure. Ensuite, l'augmentation de capital diluera légèrement notre part dans le nouvel ensemble mais en termes d'activité, tout est consolidé au niveau de Pixium Vision. Donc pour l'actionnaire français, on peut imaginer que les deux cotations évolueront de la même façon, même si elles ne sont pas rigoureusement identiques.

Boursorama : Concrètement, qu'est-ce que vous attendez de cette opération ?
Lloyd Diamond : Premièrement, cette opération nous donne accès à une meilleure connaissance du marché américain. Même si Second Sight a arrêté Argus [NDLR : implant rétinien développé dans le cadre de la rétinite pigmentaire], la société est allée très loin : elle dispose d'un très bon réseau de chirurgiens, d'hôpitaux, et de patients et ils ont en outre une très bonne réputation clinique. Deuxièmement, même si Orion devient une filiale du nouvel ensemble, l'expérience et le savoir-faire des salariés de Second Sight restent accessibles et représentent un formidable atout. Ensuite, si Orion allait au bout de ses développements, entre notre dispositif PRIMA et Orion, nous aurions des solutions pour traiter la plupart des cécités existantes, qu'elles affectent la rétine, le nerf optique ou le cerveau. Dernier argument mais pas des moindres, cette opération nous donne également accès au marché financier américain.

Guillaume Renondin : l'étude pivotale pour PRIMA va coûter environ 50 millions d'euros y compris les coûts opérationnels sur une période de 3 ans, et nous avons du cash jusqu'à fin 2021. Il aurait fallu relever des fonds mais quand on affiche une capitalisation boursière de 15-20 millions d'euros, c'était difficile de se financer. On a recours à des obligations convertibles, des equity lines qui viennent à chaque fois caper la hausse du cours. Les actionnaires se retrouvent dilués et ne peuvent pas profiter de la progression du titre. Être présent sur le Nasdaq permettra d'obtenir des financements sur la base d'une valorisation que nous espérons plus élevée qu'aujourd'hui et avec des outils qui ne caperont pas la hausse de l'action…D'ailleurs le marché a accueilli favorablement l'opération puisque le cours a pratiquement doublé.

Boursorama : cette présence américaine peut-elle accélérer l'étude de faisabilité en cours et l'étude pivotale que suivra outre-Atlantique ?
Lloyd Diamond : cette opération permet à Pixium Vision de continuer sa dynamique. Nous allons poursuivre les implantations pour les trois patients restants sur 5 [deux sont déjà implantés] de notre étude de faisabilité américaine. Fin 2021, début 2022, nous aurons également les résultats à 36 mois de l'étude de faisabilité européenne et les premiers résultats de notre étude pivotale PRIMAVERA, soit un an après le rapprochement d'activité ; Nous disposerons alors d'un dossier solide à présenter devant la FDA pour négocier au mieux notre cheminement réglementaire. Nous essayerons d'obtenir le « breakthrough devices designation » [NDLR : procédure accélérée pour l'approbation d'un produit quand son intérêt est reconnu par l'autorité de santé américaine] pour le Système Prima.

Boursorama : Imaginons un scénario rose, dans lequel PRIMA obtient le marquage CE fin 2023, début 2024, quelles projections de chiffre d'affaires faites-vous à partir de ce moment ?
Guillaume Renondin :
il faut s'attendre à une augmentation progressive. Avec le marquage CE, nous ne nous adressons par définition qu'au marché européen. Les ventes sont également très liées au nombre de centres avec lesquels nous travaillons. A raison de deux patients par centre, on peut imaginer une quarantaine de patients à équiper. Il est réaliste d'envisager l'équipement de 5 à 10 patients par an. Mais le vrai décollage du chiffre d'affaires, nous l'attendons en 2026 sachant qu'il faut tenir compte du remboursement et de l'approbation dans les autres pays.
Lloyd Diamond : On peut toutefois confirmer un peak sales de 400 à 500 millions USD dans la DMLA sèche, il y a également d'autres indications comme la rétinite pigmentaire qui peuvent ajouter du chiffre d'affaires additionnel…

Boursorama : Qu'est-ce que vous avez envie de dire à l'actionnaire individuel qui serait sceptique sur l'intérêt de cette opération ?
Guillaume Renondin :
cette opération représente une opportunité de faire évoluer le cours de Bourse, de limiter la dilution des actionnaires avec des refinancements successifs. Je rappelle également que Pixium Vision est une société française avec un savoir-faire français qui reste cotée en France, tout en consolidant Second Sight et en bénéficiant de la progression du cours que nous espérons aux États-Unis. Aussi, Lloyd Diamond devient le Directeur général des deux sociétés.

Lloyd Diamond : ce rapprochement a beaucoup de sens d'un point de vue stratégique. Nous allons montrer qu'ici 1+1 ne font pas 2, mais 3, et ça c'est toujours bénéfique pour les actionnaires. De plus cette structure peut nous amener à imaginer bon nombre de scénarios de développement et, pourquoi pas, de nouvelles acquisitions…

Boursorama : certains actionnaires se prenaient d'ailleurs à rêver d'un leader dans les maladies de l'œil grâce à un rapprochement avec Gensight, c'est une idée que vous jugez saugrenue… ou pas ?
Lloyd Diamond : Nous avons des métiers très différents, Pixium Vision, société de technologie médicale et Gensight, spécialisé dans la thérapie génique mais l'idée n'est pas dépourvue de sens. Comme je vous l'ai dit, avec cette structure, beaucoup de choses sont possibles.

Propos recueillis par Laurent Grassin

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