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Les signaux faibles d'une fragilisation des marchés se multiplient - DJ Plus
information fournie par Agefi Dow Jones 14/10/2025 à 16:47

(Crédits: Adobe Stock)

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A en croire les indices actions, tout semble aller bien dans le meilleur des mondes possibles. Le S&P 500 progresse de 13% depuis le début de l'année, une performance comparable à celle des actions européennes.

L'instauration par Donald Trump de droits de douane élevés pour la plupart des pays du monde n'a pas encore affecté la croissance américaine. En Europe, les problèmes politiques qu'a connus l'Allemagne au début de l'année et ceux de la France aujourd'hui n'ont pas non plus grevé les marchés d'actifs risqués. Pourtant, les économistes sont unanimes pour souligner que la période reste très instable. Ces risques se constatent sur diverses classes d'actifs. Même s'ils n'indiquent pas forcément que les marchés vont craquer, ils méritent de s'y attarder.

+ Le high yield commence à souffrir +

Après des semaines d'euphorie, au cours desquelles les flux ininterrompus vers le crédit ont permis à la classe d'actifs d'atteindre des spreads historiquement serrés malgré un marché primaire très soutenu, le high yield (HY) euro a commencé à se fissurer. Les investisseurs s'inquiétaient déjà de la cherté de ce marché, mais ils continuaient d'acheter, attirés par le rendement. Le problème est qu'à ces niveaux de valorisation, la classe d'actifs ne rémunère plus suffisamment pour le risque pris et celui-ci devient asymétrique: il y a plus de chance de voir le spread s'écarter que se resserrer. Les flux auraient commencé à s'inverser.

"Le plus frappant est que pour une fois, le high yield commence à corriger avant les actions", souligne un gérant. Il suit un mouvement déjà initié sur le marché des prêts à effet de levier (loans). "Les facteurs techniques peu favorables à l'ouvre sur ce marché semblent s'être étendus aux obligations high yield" (HY), relèvent les stratégistes crédit de JPMorgan. Cela s'est traduit par une forte décompression entre les émetteurs notés double B et simple B ainsi que les triples C.

Les secteurs en difficulté (chimie, automobile...) ainsi que les plus cycliques ont le plus souffert de cette correction. La pression vendeuse restait soutenue lundi 13 octobre. "Nous avons vu le 'sell-off' depuis près d'un mois sur les 'business development companies' (BDC), fournisseurs de crédits et dettes privées cotés en Bourse. Et en tant qu'analystes, nous nous disons qu'il ne peut pas ne pas y avoir une corrélation avec des risques accrus sur les marchés des leveraged loans - dont les taux de défaut sont encore à peu près aussi élevés qu'en 2020 - et des obligations high yield", ajoute Lauréline Renaud-Chatelain, stratégiste obligataire chez Pictet WM. Ceci pourrait expliquer au moins en partie la panique du vendredi 10 octobre.

Les trois compartiments de la dette privée, des leveraged loans et de l'obligataire à haut rendement sont utilisés comme source de financement parfois par les mêmes entreprises, qui vont chercher les meilleures conditions de prêt. "Dernièrement, les entreprises les plus risquées sont moins venues sur le marché du HY ce qui a amélioré sa qualité et gardé ses défauts plus bas", explique cette stratégiste. Cette consolidation, qui a un peu restauré le rendement, pourrait n'être que de courte durée. La résistance des entreprises notés BB, et de surcroît de l'investment grade, ainsi que des obligations hybrides et des CoCos bancaires (pour "contingent convertibles", une forme d'obligation convertible en actions en fonction de la survenue de certains événements), peut faire penser que la correction était très spécifique. Mais le marché devrait rester prudent à la veille des résultats du troisième trimestre.

+ L'or s'envole +

L'envolée des métaux précieux, l'or bien évidemment mais aussi l'argent ou le platine, est le signe le plus frappant de l'inquiétude des investisseurs face à un système financier basé sur le dollar en pleine mutation. Le métal jaune vient de dépasser la barre des 4.000 dollars l'once et les analystes, dont ceux de Goldman Sachs, le voient grimper encore de plus de 20%. L'argent a battu vendredi son record vieux de près d'un demi-siècle à plus de 51 dollars l'once. Les investisseurs ont pris ces derniers mois le relais des banques centrales pour porter l'or à ses niveaux historiques. Leur crainte, une perte de valeur intrinsèque ("debasement") des monnaies, et principalement du dollar, en raison de l'expansion des déficits budgétaires et des dettes publiques.

"Ce qui rend ce cycle différent, c'est la vitesse à laquelle les investisseurs internalisent cette érosion, affirme Ole Hansen, responsable de la stratégie matières premières chez Saxo Bank. Les paiements d'intérêts du Trésor américain ont dépassé les dépenses annuelles de défense, la Réserve fédérale fait l'objet d'un examen politique en raison de son indépendance et les ratios d'endettement des marchés développés continuent de grimper malgré un PIB nominal record. Dans un tel environnement, le capital commence à migrer des promesses papier vers de rares réserves de valeur." Ce momentum favorable explique la décorrélation inhabituelle entre l'or et les taux réels américains ainsi que le dollar.

Pour Guillaume Derville, fondateur et associé chez Omen Partners, les mutations actuelles, qui entraînent davantage d'inflation structurelle à long terme, expliquent la forte progression des métaux précieux. Ces derniers auront à l'avenir, selon lui, une part de plus en plus importante dans les portefeuilles car les stratégies traditionnelles 60/40 entre actions et obligations ne sont plus aussi efficaces que pendant la longue période de baisse des taux. L'or serait aussi une réserve de valeur face à la cherté des marchés actions et à une bulle potentielle sur l'intelligence artificielle.

+ Des cryptos très nerveuses +

Un autre signal faible d'une certaine fébrilité des marchés peut se lire dans le cours du bitcoin . Après avoir connu au mois d'avril dernier un trou d'air après le "big bang" douanier de Donald Trump, le bitcoin avait retrouvé de l'allant. L'actif numérique a même été vu, ces derniers mois, comme une couverture contre la baisse du cours du dollar. Cette hausse du bitcoin peut être considérée comme un élément inquiétant en soi, car elle marque, comme celle de l'or, une défiance envers le système financier traditionnel.

Mais au moins autant que ce mouvement de fond, la chute de plus de 10% de cette cryptomonnaie le 10 octobre, lorsque Donald Trump a menacé de durcir encore ses conditions d'échange avec la Chine, a de quoi susciter la méfiance des marchés. Le bitcoin est "un miroir instantané du sentiment mondial à l'égard du risque, où chaque changement dans les attentes politiques est pris en compte directement et sans médiation", commente Linh Tran, analyste de marché chez XS.com.

Au-delà du bitcoin, c'est toute la galaxie crypto qui a souffert de liquidations massives le 10 octobre et donc du retour de l'aversion pour le risque. Sur ces actifs très spéculatifs, et gonflés par l'effet de levier, le moindre signal vendeur peut avoir un effet boule de neige.

+ La fin du conte de fées dans la dette privée +

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Et pourtant, depuis un mois, l'affaire First Brands a comme des airs de 2007 pour ceux qui se souviennent que la crise financière a commencé cette année-là avec le gel de deux fonds de Bear Stearns. First Brands, un équipementier automobile américain, s'est placé fin septembre sous la protection de la loi américaine sur les faillites, lesté d'un passif supérieur à 10 milliards de dollars. En août, il cherchait encore à refinancer 6 milliards de dette, et ses prêts s'échangeaient quasiment au pair sur le marché des loans. Depuis, pas un jour ne se passe sans de nouvelles révélations sur l'étendue d'un sinistre qui éclabousse le monde de la dette privée.

Le groupe, dont le patron a été poussé à la démission le 13 octobre, a bâti sa croissance à crédit. Deux principaux canaux menacent ses créanciers. D'une part, les prêts (loans) accordés à l'entreprise pour financer ses acquisitions, revendus ensuite via des véhicules de titrisation (collateralized loan obligations, CLO). D'autre part, les facilités de financement de son besoin en fonds de roulement, via de l'affacturage et de la supply chain finance (affacturage inversé), fournies par des fonds de private debt. Sur ce dernier point planent des suspicions de fraude, avec des mêmes factures qui auraient pu être escomptées plusieurs fois, et 2,3 milliards de dollars de créances qui auraient disparu du jour au lendemain.

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