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Les petites et moyennes capitalisations face au défi de l'analyse extra-financière
information fournie par TRIBUNE LIBRE 29/10/2021 à 08:36

"Nous observons une prise de conscience des directions d'entreprise sur les enjeux extra-financiers. Toutefois, c'est en matière de gouvernance que les plus grands progrès restent à faire. Il s'agit souvent de sociétés bien gérées mais dont l'équilibre des pouvoirs au sein des organes de décision n'est pas suffisamment explicité. La formalisation des garanties auprès des actionnaires minoritaires demeure aussi insuffisante." (Crédits photo : Adobe Stock -  )

"Nous observons une prise de conscience des directions d'entreprise sur les enjeux extra-financiers. Toutefois, c'est en matière de gouvernance que les plus grands progrès restent à faire. Il s'agit souvent de sociétés bien gérées mais dont l'équilibre des pouvoirs au sein des organes de décision n'est pas suffisamment explicité. La formalisation des garanties auprès des actionnaires minoritaires demeure aussi insuffisante." (Crédits photo : Adobe Stock - )

Entretien avec Marie-Pierre Peillon, Directrice de la recherche et de l'intégration ESG et Stéphane Fraenkel, directeur
associé gestion actions et convertibles chez Groupama AM.


En matière d'analyse extra-financière, quelles sont les spécificités du marché des petites et moyennes capitalisations ?
Marie-Pierre Peillon :
Globalement, nous constatons un accès plus difficile à la recherche ESG sur ce segment, a fortiori concernant les petites capitalisations. Cela s'explique par le fait que ces entreprises n'ont, d'une part, pas toujours les moyens (organisationnels, en ressources humaines ou en temps) de collecter, formaliser et publier leurs informations extra-financières, d'autre part, moins d'obligations réglementaires en la matière comparées aux grandes entreprises, bien que la réglementation CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) introduise un périmètre d'application plus large et inclusif, couvrant désormais près de 49000 entreprises européennes, contre 12000 avec NFRD (Non Financial Reporting Directive). Ainsi, à l'heure actuelle, disposant de relativement peu de données disponibles, les agences de notation extra-financière ont tendance à dégrader les notes des petites entreprises. Cette « inefficience » peut entretenir une forme de « biais de notation », l'évaluation ne reflétant pas toujours la réalité de l'entreprise, et se traduire par un détournement des flux d'investissement des valeurs small et mid caps.

La « rareté » des données nuit à l'analyse…
Marie-Pierre Peillon : C'est un frein. Dès lors, l'enjeu pour les gestionnaires d'actifs et les investisseurs est de compenser cette relative rareté de l'information, ainsi que le biais de notation, par des modèles de recherche et d'analyse propriétaires. Développer une méthodologie d'analyse « maison » permet de construire sa propre notation, en complément de la recherche fournie par les agences extra-financières. Cette approche s'avère incontournable lorsqu'on investit sur les petites et moyennes capitalisations.

Sur quel volet les petites et moyennes entreprises peuvent-elles progresser ?
Marie-Pierre Peillon : Nous observons une prise de conscience des directions d'entreprise sur les enjeux extra-financiers. Toutefois, c'est en matière de gouvernance que les plus grands progrès restent à faire. Il s'agit souvent de sociétés bien gérées mais dont l'équilibre des pouvoirs au sein des organes de décision n'est pas suffisamment explicité. La formalisation des garanties auprès des actionnaires minoritaires demeure aussi insuffisante.

Quel rôle peut jouer l'industrie financière auprès de ces sociétés ?
Marie-Pierre Peillon : Les investisseurs et gestionnaires d'actifs doivent tout d'abord accompagner les entreprises dans la définition et la formalisation de leurs enjeux ESG. Cela doit jeter les bases d'une approche partenariale, de dialogue, pour accompagner la progression des entreprises. A titre d'exemple, nous croyons beaucoup aux vertus de l'engagement actionnarial des investisseurs. Notre rôle est de sensibiliser les Conseils d'Administration des sociétés dans lesquelles nous investissons sur nos attentes, et cette approche passe nécessairement par le dialogue actionnarial d'une part, la politique de vote actionnarial d'autre part. Attention toutefois, chez Groupama AM « engagement » ne signifie pas « activisme ». Nous privilégions toujours le dialogue à la sanction pour sensibiliser les directions aux bonnes pratiques.
Stéphane Fraenkel : Ce dialogue actionnarial est clé pour nous dans la mesure où nous sommes des investisseurs de conviction et de long-terme. Nous nous engageons auprès des entreprises à l'horizon de 3, 5 ou 10 ans selon une philosophie partenariale et constructive. Les critères extra-financiers ne peuvent être appréhendés que sur une échelle de temps long.

Comment se matérialise cet engagement ?
Stéphane Fraenkel : Nos actions sont variées. Nous incitons par exemple certaines sociétés à publier un rapport de soutenabilité ou des indicateurs extra-financiers jugés nécessaires. D'un point de vue pratique, il peut s'agir de données de consommation d'énergie par unité de production ou d'indicateurs de formation du personnel. Aussi, nous pouvons nous montrer très actifs en termes de politique de vote en Assemblée Générale. C'est le cas lorsque nous identifions des problématiques d'équilibre des pouvoirs au sein de la gouvernance, un enjeu parfois plus sensible chez les petites et moyennes entreprises dont le capital est familial.
Marie-Pierre Peillon : Pour illustrer notre démarche, il y a le cas d'une société avec laquelle nous avons initié un dialogue actionnarial suivi dès 2014, qui s'est transformé en engagement sur la durée. Groupama AM a exprimé à plusieurs reprises des désaccords sur le plan de la politique de rémunération, de la structure du Conseil et l'équilibre des pouvoirs, enfin, de la stratégie RSE de l'entreprise. Cela s'est matérialisé par des votes contre les résolutions relatives à ces enjeux.
Ouverte au dialogue, l'entreprise a su entendre nos recommandations et a entrepris des mesures correctives. Nous avons constaté un rééquilibrage entre rémunération fixe et variable, l'introduction d'un mécanisme de « clawback » (clause de récupération), une limitation des indemnités de départ et de non-concurrence, l'abaissement du nombre d'actions de performance. La gouvernance a gagné en clarification vis-à-vis de l'extérieur avec le resserrement du board. Enfin, un comité RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) a été créé récemment, composé de quatre personnes indépendantes au sein du Conseil, deux ans après la nomination d'une responsable de la politique RSE. Aujourd'hui, cette société nous sollicite régulièrement avant et après les Assemblées Générales.

Quelle valeur apporte l'analyse extra-financière au gérant de portefeuille ?
Stéphane Fraenkel : Loin d'être une préoccupation qui concernerait uniquement les grandes capitalisations, l'intégration des critères ESG permet de s'assurer que les sociétés sont sur la bonne trajectoire de croissance durable. L'extra-financier est partie intégrante de ce qui fait l'activité économique de ces sociétés au quotidien.
Grâce à notre approche transversale et nos équipes d'analystes expérimentés – avec une spécificité, puisque chaque analyste œuvre à la fois sur le volet financier et extra-financier – l'ESG permet une grille de lecture inédite, propre à Groupama AM : appréhender les trois grandes mutations qui touchent en profondeur les modèles des entreprises, entre transition énergétique et environnementale, transition numérique et, enfin, transition démographique. Nous investissons pour l'avenir. L'alignement des intérêts extra-financiers et financiers n'est pas une option pour les investisseurs de long-terme que nous sommes.


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1 commentaire

  • 29 octobre 08:52

    L'ESG ne peut pas être le seul critère ...


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