
Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, États-Unis
TOKYO/WASHINGTON (Reuters) -Les marchés financiers mondiaux plongeaient à nouveau lundi après la mise en garde de Donald Trump aux partenaires commerciaux des Etats-Unis, appelés à verser "beaucoup d'argent" s'ils souhaitent obtenir la levée des vastes droits de douane décidés par Washington, que le président américain présente comme un "médicament".
A Paris, le CAC 40 abandonne près de 6% en début de séance, se dirigeant vers sa plus forte baisse journalière depuis mars 2020 et l'émergence de la pandémie de COVID-19.
L'indice parisien avait déjà perdu 3,3% jeudi, après l'annonce de droits de douane "réciproques" par l'administration Trump et 4,26% vendredi à la suite des représailles décidées par la Chine.
L'indice paneuropéen Stoxx 600 chute de 5,93% et les contrats à terme sur les indices de la Bourse de New York, qui préfigurent la tendance à l'ouverture de Wall Street, montrent un repli de l'ordre de 4% à 5%.
En Asie, les marchés actions ont connu lundi leur pire journée en plus de 16 ans. L'indice MSCI regroupant les places boursières de la région a plongé de 8,9%, son plus fort repli depuis octobre 2008 et la crise financière mondiale.
L'indice de la Bourse de Taïwan a chuté de 9,7%, sa plus forte baisse jamais enregistrée en une séance.
Les investisseurs craignent que la politique commerciale de Donald Trump déclenche une flambée des prix, une baisse de la demande, un blocage des investissements et, au bout du compte, provoque une récession mondiale.
S'exprimant dimanche auprès de journalistes, Donald Trump a dit ne pas être préoccupé par le plongeon des marchés financiers à travers le monde alors que des milliers de milliards de dollars de capitalisation boursière se sont évaporés depuis l'annonce de ses droits de douane massifs.
"Je ne veux pas que quoi que ce soit plonge. Mais parfois vous devez prendre des médicaments pour corriger quelque chose", a-t-il dit à bord de l'avion présidentiel Air Force One le ramenant à Washington après un week-end de golf en Floride.
Le président américain a fait savoir qu'il s'était entretenu au cours du week-end avec des dirigeants d'Europe et d'Asie, lesquels espèrent convaincre le chef de la Maison blanche de revoir les taxes dites "réciproques".
"Ils viennent à la table. Ils veulent discuter, mais il n'y aura pas de discussion à moins qu'ils ne nous paient beaucoup d'argent sur une base annuelle", a déclaré Donald Trump.
RÉPONSE ATTENDUE DE L'UE
Depuis samedi, les services douaniers américains prélèvent des taxes de 10% - le seuil minimal fixé mercredi par Donald Trump - sur les importations de nombreux pays. Les droits de douane réciproques, allant de 11% à 50% en fonction des pays, doivent entrer en vigueur mercredi à 04h01 GMT.
Plusieurs gouvernements ont exprimé leur souhait de dialoguer avec les Etats-Unis pour éviter ce couperet.
Selon le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, plus de 50 pays ont entamé des négociations avec Washington depuis l'annonce du président américain mercredi sur les vastes surtaxes douanières.
L'Union européenne, visée par des droits de douane "réciproques" à hauteur de 20%, a promis de riposter. Les ministres du Commerce extérieur du bloc se réunissent lundi à Luxembourg pour réfléchir à d'éventuelles mesures.
Le vice-président exécutif de la Commission européenne chargé de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné, n'a pas écarté lundi des mesures de coercition comme un retrait des entreprises américaines des marchés publics européens.
Un vote des Vingt-Sept est prévu mercredi sur la riposte aux droits de douane américains déjà imposés sur l'acier et l'aluminium.
La Chine, qui a annoncé vendredi des droits de douane de 34% sur les importations en provenance des Etats-Unis, a dénoncé lundi une "intimidation unilatérale et protectionniste typique", par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lin Jian.
Le Japon, l'un des principaux alliés des Etats-Unis en Asie, fait partie des pays espérant pouvoir sceller un accord sous une forme ou une autre avec Washington. Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a toutefois prévenu lundi que des résultats ne viendraient "pas du jour au lendemain".
Alors que le dirigeant japonais s'exprimait devant le Parlement, le Nikkei a reculé à un plus bas depuis octobre 2023, sous l'effet du repli des titres bancaires qui ont perdu près d'un quart de leur valeur de marché au cours des trois dernières séances.
RISQUE DE RÉCESSION
Les économistes de JPMorgan s'attendent désormais à que les taxes douanières provoquent un déclin de 0,3% du produit intérieur brut (PIB) annuel des Etats-Unis, contre une précédente prévision de +1,3%. Ils anticipent aussi une hausse du taux de chômage à 5,3% contre 4,2%.
Certains misent sur le fait que le risque accru de récession puisse pousser la Réserve fédérale américaine (Fed) à réduire ses taux d'intérêt dès le mois de mai.
Le milliardaire Bill Ackman, qui avait apporté son soutien à la candidature de Donald Trump pour l'élection présidentielle américaine de novembre dernier, a déclaré dimanche que Trump perdait la confiance des dirigeants d'entreprises, prévenant d'un "hiver nucléaire économique" si le chef de la Maison blanche ne suspendait pas cette guerre commerciale.
(Leika Kihara à Tokyo, Trevor Hunnicutt à bord d'Air Force One, Jarrett Renshaw, Daphe Psaledakis, Steve Holland, Douglas Gillison, Ted Hesson, Kanishka Singh et Susan Heavey à Washington, Tom Westbrook à Singapour, Ben Blanchard à Taipei, Khanh Vu et Francesco Guarascio à Hanoi; version française Jean Terzian et Blandine Hénault)
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