
Un ouvrier fixe une pièce sur une voiture Mercedes à l'usine 56 à Sindelfingen
Audi, filiale de Volkswagen, prévoit de renforcer sa présence aux Etats-Unis, tandis que Mercedes va y accroître sa production, alors que les constructeurs européens cherchent à se protéger d'éventuels droits de douane imposés par Donald Trump.
Donald Trump a augmenté les droits de douane sur l'aluminium et l'acier et a menacé d'en imposer d'autres sur les importations en provenance du Mexique et du Canada, ainsi que sur toutes les automobiles et les semi-conducteurs, mettant sous pression des constructeurs automobiles européens déjà fragilisés par des coûts élevés et la concurrence chinoise.
Les droits de douane seront à l’ordre du jour d’une réunion à Bruxelles, vendredi, entre Maros Sefcovic, le Commissaire européen au Commerce, et des représentants du secteur automobile, des fournisseurs et des fabricants de batteries.
Maros Sefcovic a rencontré ses homologues américains à Washington en début de semaine et a déclaré qu'il avait constaté une certaine volonté de réduire les droits de douane de part et d'autre.
Audi, qui ne dispose pas encore d’usine aux États-Unis, prévoit d'y fabriquer ses modèles clés et annoncera un site cette année, a déclaré son président du directoire à Reuters.
Le directeur financier de Mercedes-Benz, Harald Wilhelm, a déclaré jeudi aux investisseurs que la marque de luxe, qui exporte des véhicules haut de gamme et des berlines aux États-Unis depuis l'Europe, localisera davantage de production dans son usine de Tuscaloosa, en Alabama, afin de se protéger des tensions commerciales croissantes.
Les exportations européennes vers les États-Unis ont atteint 800.000 véhicules l’an dernier, soit quatre fois les exportations américaines vers l’Europe.
Selon JATO Dynamics, les trois grands constructeurs automobiles allemands ont représenté 73% des exportations de voitures de l'UE vers les États-Unis l'année dernière.
"Quel que soit le tour de vis de la guerre commerciale, les constructeurs automobiles allemands sont presque toujours les perdants", a déclaré Guillaume Dejean, expert de l'industrie automobile chez Allianz Trade, dans une note de recherche.
Mercedes-Benz et BMW, qui sont tous deux de grands exportateurs des États-Unis, ont une production américaine qui leur donne plus de flexibilité pour réorganiser la production et faire de la place pour les ventes locales.
Le directeur des achats de BMW a déclaré en début de semaine que le constructeur automobile ne voyait pas la nécessité de négocier un accord spécial pour être exempté des droits de douane américains, soulignant son importante présence aux États-Unis et ses bonnes relations avec les autorités de l'État de Caroline du Sud.
Oliver Zipse, président du directoire de BMW, a demandé à l'UE de répondre à l'appel de Donald Trump et d'abaisser ses droits de douane de 10% sur les exportations de voitures en provenance des États-Unis à 2,5%, aligné sur les droits de douane américains actuels sur les importations européennes. Cela profiterait à BMW, qui exporte 90.000 voitures par an vers l'Europe.
Les querelles sur la gestion des droits de douane surviennent à un moment difficile pour l'industrie automobile allemande, alors que VW cherche à réduire sa production et à supprimer des emplois pour diminuer ses coûts.
Guillaume Dejean a déclaré qu'il était plus urgent que jamais pour l'industrie de trouver les fonds nécessaires pour renforcer ses défenses contre la concurrence et les tensions commerciales.
"Il s'agit d'un exercice d'équilibre : bien sûr, investir dans de nouveaux marchés coûte de l'argent, à un moment où les fonds sont limités", a-t-il déclaré. "Mais si ce n'est pas maintenant, quand ?"
(Reportage Victoria Waldersee, version française Elena Smirnova, édité par Augustin Turpin)
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