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Les experts parlent récession, Wall Street voit la vie en rose !
information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 05/06/2025 à 12:53

Le 4 juin 2025

Laskine (Crédits: Adobe Stock)

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En Bourse, la prudence est-elle bonne conseillère ? Dans 90% des cas, aucun doute sur son efficacité. En ayant mis en place une stratégie de grande prudence lors du déclenchement de la guerre en Ukraine, nous sommes parvenus à fortement réduire l'impact de la chute des cours sur notre portefeuille de valeurs US. Dans les 10% restants, la situation est plus discutable. Comme le montrent nos graphiques ci-joints, l'excès de prudence dont nous avons fait preuve au cours de ces derniers mois ne nous a pas porté chance. Sur un an, notre portefeuille de valeurs US a décroché de près de 20 points par rapport aux valeurs technologiques du Nasdaq 100 qui ont superbement ignoré les avertissements lancés par les stratèges les plus imminents. L'écart ressort à 15 points comparé aux sociétés plus traditionnelles du Dow Jones. Seule consolation, le portefeuille affiche depuis le début de sa création début juin 2022 un gain tout à fait satisfaisant de 48%.

Laskine

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En dépit des signes de ralentissement de la croissance et de la hausse des taux d'intérêt, les prévisions alarmistes des Cassandre préoccupées par l'état de l'économie américaine ont été superbement ignorées par Wall Street. Jamie Denon, le patron que JP Morgan s'inquiétait encore en début de semaine de l'impact de la politique économique du président Trump sur les taux d'intérêt, donc sur le financement des entreprises, mais aussi sur l'évolution de la consommation des ménages et sur le marché immobilier. Fin mars, Dubravko Lakos-Bujas, le stratège en chef de la même banque, mettait en garde contre un risque de « krach éclair » pouvant être causé par une dégradation des profits des entreprises, un ralentissement de la croissance, les tensions constatées sur le marché obligataire, ainsi qu'un enthousiasme excessif à l'égard de l'intelligence artificielle.

Même Elon Musk, le fondateur de Tesla et de SpaceX qui s'était engagé aux côtés de Donald Trump, met en garde ses concitoyens contre le projet de loi budgétaire du président qualifié « d'abomination répugnante ». Le « big beautiful bill » que propose Donald Trump repose sur des baisses d'impôts non financés, autrement que par d'hypothétiques recettes issues des taxes à l'export ou par la réduction des dépenses publiques toujours au stade de projet. Cette stratégie ne peut, selon Elon Musk, que conduire à un creusement des déficits publics et à un affaiblissement de l'Amérique.

Les avertissements se multiplient, mais le marché n'en a cure. Le S&P 500 et le Nasdaq Composite ne sont qu'à 2% de leur record absolu de la fin 2024. L'explication de ce regain d'optimisme tient au fait que la récession brandie depuis des mois par les économistes les plus éminents ne montre toujours pas le bout de son nez. L'emploi a certes flanché en mai avec des créations de postes inférieures aux attentes, y compris dans les services, mais les indices de confiance continuent de progresser aux Etats-Unis. L'inflation, que tout le monde redoute en raison de la hausse des droits de douane, n'excède pas 2,8% hors énergie et alimentation. En données brutes, elle a même légèrement reculé à 2,3% en raison de la baisse du prix de l'essence. Les investisseurs saluent surtout l'extraordinaire résilience des entreprises de l'indice large S&P500 ayant fait état d'une hausse de 13,1% de leurs profits par action au premier trimestre (78% d'entre elles ont surpris positivement sur leurs bénéfices et à hauteur de 64% sur l'évolution de leur niveau d'activité).

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Les investisseurs sont, une fois de plus, sous l'emprise du fameux FOMO (Fear Of Missing Out), la peur de rater la hausse. A Wall Street, tout le monde se souvient de l'épisode 2022 au cours duquel tous les experts prévoyaient une récession qui ne s'est jamais produite. L'année avait commencé par deux trimestres consécutifs de contraction de l'activité (-0,4%, puis 0,1%), mais le PIB s'était nettement redressé au cours du second semestre. Au final, l'exercice s'était terminé par une progression légèrement supérieure à 2%, mais l'indice S&P 500 avait tout de même perdu 25% entre janvier et octobre. Une baisse pour rien serait-on tenté de dire, puisque la catastrophe annoncée ne s'est pas produite. Les années suivantes, 2023 et 2024, ont même été deux millésimes d'exception à la Bourse de New-York.

Quelle stratégie pour cet été ? Nous verrons très vite si Wall Street a eu raison d'ignorer les avertissements répétés des économistes. Dans le doute, nous avons décidé de rester pleinement investi, en concentrant la totalité de nos actifs sur le secteur technologique qui fait preuve d'une extraordinaire vitalité. La stratégie que nous avons mise en œuvre commence à porter ses fruits, puisque sur le mois écoulé notre portefeuille de valeurs US fait nettement mieux que le Dow Jones avec un gain de 5,6%. Nous ne parvenons pas à battre l'indice Nasdaq 100 qui a progressé de 8,8%, mais nous remontons la pente. Nos choix de valeurs technologiques sont essentiellement tournés vers les sociétés de services peu impactées par les risques liés à la mise en place de droits de douane. Cette semaine, nous avons vendu nos dernières positions résiduelles sur Apple (20 actions cédées) et Tesla (5 actions vendues). Les liquidités dégagées nous ont permis d'acquérir 100 actions Netease, le géant chinois des jeux vidéo pour PC et applications mobiles, qui a fait état d'un chiffre d'affaires trimestriel supérieur aux attentes (+12,1% à 3,3 milliards de dollars).

Notre portefeuille US est aujourd'hui composé de onze valeurs, toutes spécialisées dans les services technologiques à forte valeur ajoutée. Nos acquisitions récentes réalisées dans Netflix et Palo Alto fin avril, ainsi que dans Coinbase Global le 20 mai, nous donnent pleine satisfaction. En plus de l'acquisition récente de Netease, avec Alibaba et Baidu, nous disposons de trois grandes valeurs chinoises de la « tech » cotées à Wall Street qui restent très raisonnablement valorisées comparés aux ténors américains du secteur. Avec 40 actions Nvidia et 100 actions Intel, notre exposition au secteur des semi-conducteurs a été fortement réduite, mais nous n'excluons pas de les renforcer si la tendance reste positive. Dans le cas contraire, si les menaces de récession brandies par les économistes venaient à se confirmer nous n'hésiterions pas à radicalement réduire la voilure sur l'ensemble du portefeuille. Rappelons tout de même que les valeurs du S&P 500 se traitent sur la base de 21,6 fois les prévisions de bénéfices pour l'année en cours, ce qui est supérieur de près de deux points à la moyenne observée sur longue période.

Bonne lecture à tous et rendez-vous à la fin juin pour un bilan semestriel de l'ensemble de nos positions.

Roland Laskine

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