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Les Etats-Unis ont détruit 140.000 emplois en décembre, de quoi cela est-il le symptôme ?
information fournie par Cercle Finance 08/01/2021 à 16:29

(Crédits photo : Unsplash - Ben White )

(Crédits photo : Unsplash - Ben White )

Donald Trump avait fait de l'emploi un de ses principaux arguments de campagne en 2016 et il avait promis de faire revenir les « bons jobs » sur le sol américain après que les administration successives, républicaines comme démocrate, aient laissé l'Amérique se désindustrialiser et les multinationales délocaliser la production vers des pays à bas coût.

Et Donald Trump en voulait notamment à la Chine qui aurait abusé de la « naïveté » de ses prédécesseurs en pratiquant une concurrence déloyale qui s'est traduite par une hémorragie d'emplois qualifiés, ce qui faisait la force de la classe moyenne et la fierté du pays.

Le mot d'ordre fut rééquilibrage des échanges commerciaux avec la Chine -au besoin à coup de sanctions- et relocalisations.

Et l'Amérique a en effet renoué avec le plein emploi -tout moins d'après les chiffres officiels, avec ce taux de chômage extraordinairement faible de 3,5% début 2020, mais pas grâce aux relocalisations, ni à la hausse de la demande chinoise : les Etats Unis ont généré un nouvel écosystème basé sur les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, avec à la clé des millions d'emplois à forte valeur ajoutée.

Mais de 2017 à début 2020, les emplois manufacturiers ne se sont pas vraiment redressés et ce sont les emplois de « services », souvent des jobs à temps partiel, qui constituaient l'essentiel des offres chaque - jusqu'à ce que survienne la crise du Covid qui a détruit à une vitesse inouïe 33 millions d'emplois, bien plus qu'il ne s'en était créés depuis mars 2009 (une vingtaine de millions), trahissant la vulnérabilité de la structure du marché du travail US.

A ce jour, près de 10 millions d'emplois ont disparu par rapport à décembre 2019 : 149,8 millions contre 158,8.

Les emplois à forte valeur ajoutée de la Silicon Valley ont été largement épargnés et la virtualisation du travail induite par les mesures de confinement débouche sur une transformation bien plus rapide que prévue des besoins de main d'œuvre.

Et la leçon des 3 derniers mois de l'année 2020 est qu'une fois les réembauches les plus urgentes effectuées pour faire face à un retour à la normale de l'activité dans le secteur manufacturier (le taux de chômage retombant en 6 mois de 14,8% vers 6,9% en octobre), le rythme des embauches se contracte fortement : +654.000 au mois d'octobre (révisé de +610.000), +336.000 (révisé de +245.000), puis -140.000 en décembre contre +50.000 à +70.000 espéré.

L'ampleur des révisions à la hausse des créations d'emplois en octobre et novembre s'explique par un retard des remontées de données provenant des entreprises, mais cela ne change rien à l'inflexion de la demande depuis la fin de l'été.

Les chiffres de décembre pourraient à leur tour être révisés à la hausse mais cela ne changera guère la dynamique générale.

Il sera difficile de se rassurer avec la stagnation un peu contre-intuitive du taux de chômage en décembre (vers 6,7% au lieu de 6,8%, avec 10,73 millions de chômeurs) car de nombreux allocataires arrivent en fin de droit et disparaissent des listes.

Par ailleurs, le taux de chômage des jeunes progresse nettement de 11,6 vers 12,5% le mois dernier.

Les chèques fédéraux de 600$ envoyés aux ménages en difficulté fin novembre -et qui seront peut-être portés à 2.000$ d'ici fin janvier- revêtent de ce fait une importance cruciale pour leur éviter de basculer dans la grande précarité, de subir des saisies immobilières ou d'être expulsés pour non versement des loyers.

Les chiffres d'emplois de décembre laissent craindre que le chômage de longue durée se prolonge pour les salariés qui avaient décroché un emploi dans le secteur des « services » à faible valeur ajoutée (restauration/hôtellerie, tourisme, loisirs).

En revanche, la hausse du salaire horaire de +0,8% s'avère 4 fois plus élevée que les +0,2% anticipés : cela s'explique pour partie par le versement de « compléments » et de « primes » en fin d'année, mais aussi par la hausse des salaires dans les secteurs en tension comme la technologie, la construction de logements individuels.

L'autre symptôme un peu inquiétant reste le faible taux de participation de la « population active » : il recule à 61,5% contre 67,3 en janvier 2020.

En conclusion, malgré une grande réactivité liée à la souplesse du système et du marché du travail, l'impact du Covid a cessé de s'estomper au milieu de l'automne, avant même la mise en œuvre de reconfinements partiels, puis plus sévères au fil des semaines, en Californie notamment.

Le rebond des embauches à partir de mai 2020 a été très spectaculaire, la projection des courbes laissait espérer une diminution du chômage vers 5% d'ici fin 2021, avec l'aide de plans de relance massifs, quel que soit l'hôte de la Maison Blanche, mais le premier « relief plan » de 2.300Mds$ début avril (soit 10% du PIB américain), les 3.400Mds$ injectés par la FED ont vu leurs effets sur l'emploi s'estomper rapidement.

Les 10% de PIB supplémentaires sous formes de dépenses nouvelles (relance keynésienne prôné par Janet Yellen, la future Secrétaire au Trésor) anticipées en 2021 ne pourront doper le marché du travail que si les conditions sanitaires sont fortement améliorées par la campagne de vaccination qui a débuté le 14 décembre dernier, avec au moins 20% de la population immunisée -si possible durablement- d'ici la mi-2021 (réouverture des hôtels, restaurants, parcs à thème, complexes cinéma, etc.).

10 millions d'emplois perdus sont en jeu mais d'ores et déjà, les bouleversements des habitudes de travail ont permis à de nombreuses entreprises de constater qu'elles pouvaient produire autant avec moins d'effectifs, et surtout que ce qui peut être traité par téléphone ou vidéo peut également l'être par des salariés bien formés aux outils informatiques, depuis des pays très compétitifs comme l'Inde.

Joe Biden saura t'il s'opposer à cette forme de délocalisation des cols blancs, après celle des cols bleus sous Bush et Obama ?

1 commentaire

  • 08 janvier 17:58

    Peut être la crise non ?


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