Si certains observateurs estiment qu'un repositionnement des encours des fonds monétaires aux États-Unis pourrait soutenir le reste des actifs, la posture de la Réserve fédérale et l'incertitude politique sont susceptibles d'inciter les investisseurs à la prudence.
Les encours des fonds monétaires atteignaient 6.925 milliards de dollars aux États-Unis à fin septembre, selon le Bureau pour la recherche financière, contre 1.280 milliards début 2015.
Sur ce total, les encours détenus par les particuliers sont passés de 666 milliards à 1.921 milliards de dollars entre 2015 et fin septembre 2024.
Le rendement de ces fonds, qui dépend pour l'essentiel du taux directeur de la Fed, baisse donc mécaniquement avec l'assouplissement monétaire et laisse présager d'un repositionnement massif.
"La question clé est de savoir ce que les ménages feront de leurs avoirs en titres du Trésor et de leurs encours en monétaire dans un contexte de baisse des taux", indique Torsten Slok, chef économiste d'Apollo.
"Cela résultera probablement en une courbe des taux plus pentue car les ménages pourraient remplacer leurs actifs à faible maturité par des actifs obligataires aux rendements plus élevés", ajoute l'économiste.
La baisse des taux de la Fed a déjà déclenché des sorties: selon les dernières données publiées par BofA, les fonds monétaires ont affiché des flux sortants sur les trois dernières semaines.
En parallèle, le nombre de comptes TreasuryDirect sur lequel de l'argent est déposé, un type de placement sur les titres souverains américains populaire auprès des investisseurs particuliers, a également reculé, passant d'environ 4,5 millions de comptes début 2024 à 4 millions actuellement.
Le mouvement demeure pourtant fragile.
"L’élément clé pour 2025 demeure la posture de Donald Trump vis-à-vis de la Fed : le président pourrait pousser l’institution à assouplir encore davantage les taux pour soutenir sa politique budgétaire, ajoutant de l’incertitude à la politique monétaire et de la volatilité sur les actifs risqués", prévient Florent Wabont, économiste chez Ecofi.
En parallèle, "la bonne tenue de l’économie américaine et la persistance de l’inflation rend pour la Fed moins urgent d’assouplir de nouveau les taux", ajoute l’économiste.
"Les flux entrants sur les fonds monétaires devraient ralentir mais ne s'inverseront pas tant que les taux de la Fed demeurent supérieurs à 2%", abondent les stratégistes de BofA, qui estiment par ailleurs que l'argent se reporterait d'abord sur les actifs obligataires.
Dans un contexte de taux durablement plus élevés et de volatilité politique et financière, la sécurité offerte par les fonds monétaire pourrait inciter les investisseurs à l'attentisme.
(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)
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