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Les défis qui attendent François Provost, le nouveau DG de Renault
information fournie par Reuters 30/07/2025 à 17:41

par Gilles Guillaume et Dominique Patton

Le nouveau directeur général de Renault RENA.PA , François Provost, arrive à un moment charnière pour le groupe, où après plusieurs années de redressement et de transformation quelques lézardes sont apparues dans ses récents succès.

Après le départ soudain de l'architecte du rebond du groupe Luca de Meo, parti à la surprise générale diriger le géant du luxe Kering PRTP.PA , Renault est allé vite.

Le constructeur automobile a confié l'intérim de la direction générale au directeur financier, puis a nommé le successeur de Luca de Meo deux semaines plus tard. Car le temps presse et les analystes attendent avec impatience le prochain plan stratégique du groupe pour maintenir Renault sur sa lancée et répondre aux nombreux défis.

FAIRE FACE À UNE CONCURRENCE ACCRUE

Si Renault a été largement préservé de la guerre commerciale avec les Etats-Unis étant donné qu'il ne vend pas de voiture sur le marché nord-américain, il est indirectement touché par la pression commerciale accrue de ses concurrents désireux de trouver d'autres débouchés que les Etats-Unis.

Ultra-dépendant du marché européen, Renault a vu la croissance de ses ventes caler au deuxième trimestre à cause d'une dégradation en juin. Le groupe au losange, spécialisé à travers son histoire dans les plus petites voitures abordables, est aussi confronté à la pression de nouveaux entrants très compétitifs, notamment chinois, sur le marché de l'électrique mais aussi de l'hybride, une des recettes du succès récents du constructeur grâce à sa technologie maison E-Tech.

Barclays a récemment estimé que Renault pourrait afficher une dynamique moins positive au premier semestre en termes de prix-mix, régulièrement en hausse jusqu'ici grâce à ses lancements et à sa montée en gamme.

RÉDUIRE LA DÉPENDANCE À L'EUROPE ET... À L'AUTO

Sur un marché européen morose alors que Renault y vend plus de 70% de ses voitures, le groupe a besoin de renforcer sa présence hors d'Europe. Il compte investir trois milliards d'euros d'ici 2027 pour lancer sous la marque Renault huit nouveaux véhicules destinés à l'Amérique latine, à l'Afrique du Nord, à la Turquie et à la Corée, sans oublier l'Inde.

Futurama, le nouveau plan stratégique qui prendra le relais de la Renaulution de Luca de Meo, et dont la présentation était envisagée, jusqu'au changement brutal de directeur général, pour la deuxième moitié de novembre, visera aussi à développer les activités au-delà du coeur de métier automobile - recharge électrique et services financiers - afin de réduire la dépendance aux cycles du secteur.

Les investisseurs estiment qu'une activité financière solide permet à un constructeur d'être compétitif sur les prix en proposant des tarifs de LOA attractifs, sans devoir désespérément baisser le prix catalogue de ses voitures.

RESTER INDÉPENDANT TOUT EN MULTIPLIANT LES PARTENARIATS

Conscient que sa taille relativement réduite ne lui permet pas de financer seul la course à l'électrification et à la voiture plus autonome, Renault a multiplié les partenariats, comme avec Google dans l'infotainment, Geely dans l'électrique en Corée et dans les motorisations essence et hybrides ailleurs dans le monde, ou encore Volvo Group dans les fourgons électriques.

Cette stratégie a suscité toutefois l'inquiétude des syndicats sur une perte du savoir-faire maison et des rumeurs récurrentes de fusion avec un groupe de plus grande taille, comme Stellantis. Le partenariat avec Geely et l'importance croissante de l'ingénierie chinoise pour accélérer des programmes comme Twingo alimentent les mêmes interrogations, mais le principal actionnaire du groupe, l'Etat français, restait convaincu encore récemment que cette stratégie ne compromettait pas la capacité de Renault à rester indépendant.

MAINTENIR UN RYTHME ÉLEVÉ DE LANCEMENTS

Sous la direction de Luca de Meo, Renault a réalisé l'un des plus importants renouvellement produits de son histoire afin de moderniser et rajeunir son image, et d'unifier son style.

Après un nombre record en 2024 - 10 lancements et deux restylages - Renault prévoit encore sept lancements et deux "facelifts" en 2025, dont la nouvelle Renault 4 électrique, le Dacia Bigster et la sixième génération de la Clio. Selon des sources proches du dossier, huit autres modèles sont programmés pour 2026, dont quatre électriques: la nouvelle Twingo, deux fourgons Flexivan, la nouvelle Alpine A110 et une toute petite Dacia du segment A. Devraient s'ajouter, selon les sources, une nouvelle Dacia compacte et plusieurs modèles pour les marchés hors d'Europe, comme le pick-up Niagara.

Les nouveaux lancements jouent un rôle capital pour maintenir ou augmenter la part de marché et les prix de vente d'un constructeur automobile, mais un rythme soutenu constitue un défi marketing et industriel pour garder la cadence sans retard ou défaut qualité.

REDRESSER LA BARRE DANS LES UTILITAIRES

Renault a enregistré en 2024 une deuxième année de croissance d'affilée dans les véhicules utilitaires en Europe, un marché très profitable où la marque au losange est leader. Mais les ventes ont plongé de 29% au premier semestre, à cause du contexte économique morose, de l'arrêt de la fourgonnette Express et du renouvellement du grand fourgon Master.

POURSUIVRE LES CESSIONS D'ACTIONS NISSAN

Depuis le rééquilibrage de l'alliance historique avec Nissan, début 2023, Renault a entrepris de céder régulièrement des actions de son partenaire japonais placées dans une fiducie afin de libérer des fonds immobilisés jusqu'ici. En 2023 et 2024, il a procédé à trois cessions, pour un total de 1,6 milliard d'euros en cash et 2,4 milliards de pertes associées. En tout 12,5% du capital de Nissan a été vendu et Renault conserve encore 35,71% de son partenaire (17,05% directement et 18,66% via la fiducie).

Il lui faut trouver le moment opportun pour céder d'autres titres, vu les difficultés actuelles du groupe japonais. Renault aura aussi son mot à dire sur un éventuel partenariat stratégique entre Nissan et un autre groupe pour aider à son redressement. Le constructeur français s'est opposé à un projet récent de rapprochement avec Honda au motif que les termes financiers proposés n'étaient pas assez généreux.

RETROUVER UNE NOTE CRÉDIT 'INVESTMENT GRADE'

C'est l'une des priorités de l'équipe financière de Renault, afin d'ouvrir l'action à de nouveaux investisseurs incapables aujourd'hui d'acheter des titres notés "junk" et d'aider à faire croître une capitalisation boursière de seulement dix milliards d'euros.

La dette du groupe est actuellement notée Ba1 par Moody's et BB+ par S&P Global, un cran en deçà de la catégorie investissement, avec dans les deux cas une perspective positive.

(Rédigé par Gilles Guillaume, édité par Blandine Hénault)

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