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Le 17 octobre 2025
En déclarant la semaine dernière que « nous ne lâchons pas les valeurs françaises en pleine tempête », nous ne pensions pas si bien dire. Notre CAC 40 affichait à la clôture de ce jeudi, une progression de près de 3% depuis le début de la semaine. Difficile de faire mieux dans le contexte qui est le nôtre. Un tel rebond de la Bourse de Paris paraît très insolente aux yeux de la plupart de nos concitoyens, tant la nomination du gouvernement Lecornu 2 a été douloureuse et chaotique.
Mais les investisseurs internationaux ne regardent pas la politique par le petit bout de la lorgnette. Pour les marchés financiers, il suffit de savoir que le gouvernement n'a pas été renversé par le dépôt de deux motions de censure successives pour que la situation s'éclaircisse. La France va pouvoir annoncer un budget. Tout le monde veut croire que les promesses de redressement des comptes publics seront tenues. Si ce n'est pas le cas, il sera toujours temps de redresser le tir. C'est le « so far, so good », bien ancrée dans la culture américaine toute-puissante dès lors qu'il est question de Bourse et de marchés financiers.

Laskine
Dans notre paragraphe consacré à la stratégie d'investissement, nous avions justifié vendredi dernier notre entêtement à ne pas quitter le navire par « un ultime élan patriotique qui veut que l'on n'accable pas son pays dans les périodes difficiles, mais aussi parce que nos entreprises sont dignes de confiance ». Du patriotisme il en faut. Mais, cette semaine, c'est bien du côté de nos entreprises que sont venues les bonnes nouvelles. Parmi les poids-lourds de la cote, LVMH a fait état d'un niveau d'activité, certes ralenti par rapport aux années précédentes, mais tout de même supérieur aux attentes. Publicis, notamment porté par sa capacité à monétiser son expérience acquise dans l'IA, a relevé ses objectifs annuels. Dans le secteur des spiritueux, Pernod Ricard a lui aussi fait état d'un chiffre d'affaires trimestriel meilleur que prévu et a confirmé l'ensemble de ses perspectives pour l'exercice 2025/2026. Que dire d'EssilorLuxottica qui signe la meilleure performance trimestrielle de son histoire, avec une progression de 11,7% du chiffre d'affaires à structure et taux de change constant ?
Les sociétés françaises ne sont pas les seules à se montrer méritantes. Dans le secteur technologique vers lequel tous les regards sont aujourd'hui orientés, ASML, le spécialiste néerlandais des équipements pour l'industrie des semi-conducteurs a aussi fait état de très bonnes performances. Les analystes financiers de Deutsche Bank ont déclaré, cette semaine, qu'ils s'attendent à une légère amélioration des comptes des sociétés européennes, grâce à une conjoncture plus favorable et à de possibles bonnes surprises du côté des banques.
Nous avons, dans ces conditions, continué de renforcer les positions sur l'ensemble de nos portefeuilles PEA. Les principaux arbitrages ont été, une fois de plus, réalisés au sein du portefeuille Offensif, dont la vocation est précisément de se montrer actif en toutes circonstances. Cette semaine, nous avons remplacé la ligne Euroapi (une ligne composée de 7 000 titres), par l'achat de 400 actions Exosens. Le spécialiste français de la fabrication de principes actifs pour l'industrie pharmaceutique ne nous ayant pas donné pleine satisfaction, nous avons décidé d'acquérir 400 actions de la société Exosens qui figure parmi les leaders mondiaux de la conception et de la fabrication de détecteurs de neutrons notamment utilisés dans la sécurité et la défense. Cette société vient de faire l'objet d'une prise de participation à hauteur de 9,8% de son capital par la société Theon International. Cette opération permet aussi de mettre en place des synergies entre les deux groupes dans un contexte de forte demande dans le domaine des budgets militaires.
Nous avons également renforcé de 100 actions les positions sur BNP Paribas. Le titre qui avait souffert ces derniers temps de l'instabilité politique en France peut espérer retrouver des couleurs avec le retour d'une certaine stabilité. Ce jeudi, juste avant la clôture du marché parisien, nous avons enfin augmenté de 25 titres la ligne Airbus, qui affiche depuis son entrée à la mi-avril, un gain de 19%.

Laskine
Dans la sélection d'ETF Monde PEA nous avons en revanche pris de larges bénéfices sur le tracker Amundi Chine (ex-MSCI China) qui s'est apprécié de 20% en l'espace de trois mois. Même s'il est fort probable qu'un accord soit trouvé entre les deux pays, la dégradation des relations entre les Etats-Unis et la Chine ne constitue pas le contexte idéal pour envisager une poursuite de la progression des valeurs chinoises. Nous avons en revanche très nettement renforcé de 100 parts la position sur le tracker Amundi CAC 40 qui avait déjà été très nettement augmentée la semaine passée.
S'agissant du portefeuille Défensif, nous avions déclaré préférer attendre que la situation française s'éclaircisse avant de reprendre l'initiative. Sans doute aurions-nous dû bouger plus tôt, mais la prudence étant la règle sur le portefeuille, nous avons procédé, ce jeudi, à un premier arbitrage ayant consisté à acheter 50 actions Airbus.
Quelle stratégie pour les semaines à venir ? Le potentiel de rattrapage de l'indice CAC 40, qui affiche un gain modeste de 7,25% sur un an glissant, comparé à plus de 14% pour l'indice Eurostoxx 50, fait peu de doute. Compte tenu des bons résultats de nos champions nationaux, les valeurs françaises n'ont pas de raison de ne pas continuer sur leur lancée. Pour peu, bien sûr, que le nouveau gouvernement survive à ses détracteurs les plus virulents et parvienne à tenir ses promesses. La capacité de rebond de la cote française risque, toutefois, de se heurter à un contexte de marché un peu plus difficile en raison des interrogations portant sur la pérennité de la poursuite de la baisse des taux américains, sans véritable signal de recul effectif de l'inflation et à un moment où l'impact négatif de la hausse des droits de douane commence à se faire sentir aux Etats-Unis. Le retour des inquiétudes sur la solidité des banques de dépôts américaines, notamment les établissements régionaux, confrontées à une montée des risques sur leur politique un peu trop généreuse de soutien de l'économie américaine pourrait aussi calmer les ardeurs des investisseurs. La montée de l'indice de volatilité de Wall Street (le fameux VIX) à plus de 25 points incite de ce point de vue à une certaine prudence. A court terme, nous sommes donc plutôt d'avis de maintenir les positions en l'état. Le temps de nous assurer, que la marche en avant des valeurs européennes, portée par la solidité des performances de nos entreprises, ne soit pas entravée par un environnement boursier devenu plus difficile que prévu. Après les hausses récentes, sans retour de la confiance sur la Bourse de New-York, l'Europe a peu de chances de faire cavalier seul sur la scène boursière mondiale.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine
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