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Le prince héritier d'Abou Dhabi visé par deux plaintes en France
information fournie par Reuters 21/11/2018 à 16:56

    * Un proche du prince héritier saoudien Mohamed ben Salman
    * L'Arabie saoudite et les Emirats alliés contre les Houthis
    * La France pourvoyeuse d'armes des Emiratis et des
Saoudiens
    * Des organisations humanitaires font pression sur Paris

 (Avec plainte de ressortissants du Qatar)
    par Emmanuel Jarry
    PARIS, 21 novembre (Reuters) - Une organisation humanitaire
a déposé mercredi à Paris une plainte avec constitution de
parties civiles pour complicité de torture, traitements
inhumains et crimes de guerre à l'encontre du prince héritier
d'Abou Dhabi, Mohamed bin Zayed al-Nahyan, en visite en France,
a annoncé l'avocat français de cette ONG.
    Selon Me Joseph Breham, avocat de l'Alliance internationale
pour la défense des droits et des libertés (AIDL), des Yéménites
sont associés à cette plainte et également parties civiles.
    Le bâtonnier Pierre-Olivier Sur a déposé de son côté auprès
du pôle crimes contre l'humanité et crime de guerre du parquet
de Paris une plainte contre "MBZ" pour complicité de torture et
disparition forcée, au nom de trois ressortissants du Qatar.
    Proche du prince héritier saoudien, Mohamed ben Salman,
Mohamed bin Zayed al-Nahyan, 57 ans, est le régent de fait des
Emirats arabes unis. Il est aussi le commandant suprême des
forces armées émiraties, engagées aux côtés de Ryad dans la
guerre contre les rebelles houthis du Yémen soutenus par l'Iran.
    "C'est en cette qualité qu'il ordonne les bombardements",
souligne la plainte de l'AIDL consultée par Reuters et déposée
au moment où Emmanuel Macron déjeunait à l'Elysée avec Mohamed
bin Zayed al-Nahyan.
    Selon un groupe d'experts de l'ONU cité par cette plainte,
des attaques de la coalition au Yémen pourraient avoir violé les
"principes de distinction, de proportionnalité et de précaution"
et constituer des "crimes de guerre".
    Est notamment visé le bombardement le 8 octobre 2016 d'un
immeuble de Sanaa où se tenaient les funérailles du père d'un
ministre houthi. Bilan, au moins 137 civils tués et 695 blessés.
    
    DES QATARIS DÉTENUS AU SECRET
    Le même groupe d'experts fait état de tortures et autres
traitements dégradants dans des centres contrôlés par les
Emirats arabes unis au Yémen, comme ceux de Riyan et Bureika.
    Ni l'entourage du prince héritier d'Abou Dhabi, ni le
service de presse du gouvernement émirati, sollicités par
Reuters, n'ont réagi pour le moment à ces informations.
    Les trois clients qataris de Me Pierre-Olivier Sur ont pour
leur part été détenus au secret de février 2013 à mai 2015 par
la sûreté des Emirats arabes unis. Ils disent avoir été torturés
sans être informés des charges retenues contre eux.
    "Deux d'entre eux ont été drogués afin de leur faire avouer
leur 'hostilité' à l'égard des EAU", explique notamment Me Sur
dans un communiqué.
    Saoudiens et Emiratis ont pris la tête en mars 2015 d'une
coalition contre les rebelles Houthis, qui tiennent la capitale
yéménite, Sanaa, depuis quatre ans. Le conflit a fait plus de
10.000 morts et plongé le Yémen au bord de la famine.
    Arabie saoudite et Emirats arabes unis sont d'importants
clients de l'industrie d'armement de la France.
    S'il est aujourd'hui peu probable que Mohamed bin Zayed
al-Nahyan comparaisse devant un juge français, la plainte de
l'AIDL a trois objectifs, a expliqué à Reuters Me Joseph Breham.
    Elle vise à "faire prendre conscience aux autorités
françaises qu'on ne peut pas s'allier avec n'importe qui et que,
sous prétexte de business, on ne peut pas tout accepter".
    A plus long terme, elle vise à dire à "tous les dictateurs
et massacreurs de la planète" qu'il peuvent être jugés en France
et ne peuvent compter sur l'impunité, a ajouté Me Breham.
    
    SUSPENSION DES VENTES D'ARMES DEMANDÉE
    Il en va de même pour la plainte avec constitution de
parties civiles qu'il a déposée pour l'organisation humanitaire
yéménite "Legal Center for Rights and Development" (LCRD) en
avril contre Mohamed ben Salman, pour complicité de torture et
de traitements inhumains, ajoute Me Joseph Breham.  
    Mohamed ben Salman est soupçonné d'avoir commandité
l'assassinat du journaliste et opposant Jamal Khashoggi à
Istanbul le 2 octobre, ce qui renforce la pression sur Paris.
    L'AIDL, la Fédération internationale des droits de l'Homme
et la Ligue des droits de l'Homme, l'Observatoire des armements,
Action contre la faim, Action des chrétiens pour l'abolition de
la torture, Care et Première urgence internationale ont exhorté
dans un appel commun Emmanuel Macron à "peser de tout son poids"
sur son visiteur pour mettre un terme au conflit du Yémen.
    Ces organisations, pour lesquelles "MBZ" "porte une lourde
responsabilité dans la poursuite de cette guerre", ainsi que
l'ONG Human Rights Watch, demandent à Paris de suspendre les
ventes d'armes aux protagonistes, dont les Emirats arabes unis. 

 (Edité par Yves Clarisse)
 

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