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"Le monde à l’arrêt, pour combien de temps ?"
information fournie par GreenSome Finance 03/04/2020 à 14:55

Arnaud  Riverain
Arnaud  Riverain

Arnaud Riverain

GreenSome Finance

Associé Fondateur

http://www.greensome-finance.fr/

La Chine se relance tout doucement alors que l'Europe est totalement à l'arrêt et les États-Unis en passent de l'être. Tel un tsunami, le Covid-19 emporte tout avec lui. Notre économie moderne n'a jamais vécu un tel événement ce qui fait que nous naviguerons à vue lorsqu'il sera possible de lâcher les amarres car là on attend que la tempête passe.

Les dégâts seront considérables car jamais on avait mis à l'arrêt en même temps autant de pays. C'est tout l'hémisphère nord qui est touché et par ricochet l'ensemble de la planète. C'est une bonne chose d'un point de vue environnemental, il est en tout autrement économiquement parlant. Sans surprise les marchés ont brutalement décroché et affichent les pires performances jamais constatées sur un tel laps de temps.

Après, curieusement, nous avons assisté à un rebond non négligeable à partir du 20 mars et cela jusqu'au 26. Au cours de cette période les indices que sont le CAC 40 ou le Dow Jones ont repris 20% après avoir perdu plus du tiers de leur valeur en 1 mois. Cette vague de rachat s'est faite sans vrai catalyseur car les mauvaises nouvelles n'ont cessé de s'accumuler hormis le fait que la Chine s'extirpait doucement de sa torpeur. Bref les marchés n'ont plus de boussoles car nous sommes loin d'être en mesure de relever les compteurs et le jeu des prévisions s'avère plus qu'hasardeux. On peut essayer de comparer à la période des subprime mais les raisons n'ont rien à voir. Nous avions vécu une crise du système financier alors que là nous vivons une crise économique faute de consommateurs. Avant le confinement il n'y avait aucun problème d'accès à la liquidité. Après le confinement se posera un nouveau problème, le retour du chômage et donc les conséquences induites sur la consommation.

Performances des indices (Source : GreenSome Finance - Nyse Euronext)

Performances des indices (Source : GreenSome Finance - Nyse Euronext)

Consensus

Le confinement induit que nous n'avons pas accès à tous nos outils, dès lors nous ne sommes pas en mesure de voir l'évolution des prévisions d'évolution des bénéfices par action. Après, gageons que cela va être revu fortement à la baisse. A titre d'exemple, les subprime avaient induit des révisions de l'ordre de 20% à 30% à la baisse. Il va sans dire que l'on peut s'attendre à des corrections sévères car les sociétés ont commencé à constater des effets en mars et l'on sait que le T2 sera mauvais. Le T3 sera, espérons-le, une période de redémarrage mais il y a les vacances. Donc sauf à ce que l'État dise que les vacances sont raccourcies, ce qui est peu probable s'il ne veut pas tuer l'économie du tourisme, le T3 ne devrait pas non plus être « jojo ».

Estimations de variation des bénéfices par action au 29 février. (Source : InFront)

Estimations de variation des bénéfices par action au 29 février. (Source : InFront)

Valorisation

Difficile d'avoir une lecture objective des valorisations. La baisse des valeurs a été violente et les premiers ajustements à la baisse des prévisions commencent à avoir lieu. Aussi, au global et même si on a l'impression que de vraies opportunités se présentes, il convient de prendre du recul. En effet, les analystes avancent à l'aveugle. Aussi, pour 2020e, les « pricing » ne semblent pas des plus attractifs. Il faut regarder 2021e pour se dire que cela peut devenir intéressant. Après attention, les analystes ont toujours tendance à ajuster véritablement l'exercice en cours, le suivant n'étant qu'une conséquence du précédent. Par ailleurs, vue la typologie de la crise, pour de nombreux secteurs certains se disent que nous serons sur un scénario en V ce qui pourrait justifier une très forte accélération en 2021e…

Valorisation des indices. (Source : InFront)

Valorisation des indices. (Source : InFront)

Conclusion

Pour le moment à part attendre on ne peut pas faire grand-chose. Lorsque l'on écoute les sociétés, hormis les secteurs très exposés, on sent un discours assez rassurant car il n'y a pas de problème de liquidité et encore moins du fait des mesures prises par les États et les Banques Centrales. Tout juste, car c'est politiquement correct selon nous, les grands groupes décident d'annuler leurs politiques de distribution de dividendes. En effet, jamais on n'avait ouvert en aussi peu de temps autant les robinets. Pour les gros et les moyens cette crise aura un coût mais ils pourront l'encaisser car ils n'ont qu'à se baisser pour trouver des liquidités et en plus à des très bonnes conditions. Ils peuvent même en profiter pour optimiser leurs bilans. Ceux qui vont véritablement souffrir ce sont les petits car eux n'ont pas la trésorerie pour tenir et ce ne sont pas quelques milliers d'euros ou de dollars qui leur permettront d'attendre que les clients reviennent. Ainsi selon nous, le scénario en V semble bien optimiste car pour cela il faut que tout le monde reparte en même temps et là il est certain que les petits, qui sont les plus nombreux, mettront plus de temps à s'en remettre.

Au-delà de cet aspect, peut se poser un nouveau problème surtout pour l'Europe. Cela fait des années que l'on dit que pour que l'économie européenne tourne il ne faut pas dépasser les 3% de déficit. Plus récemment en France, on nous dit que pour sauver notre beau système des retraites par répartition il faut le changer car il manquera peu ou prou 15 milliards d'ici 7 ans. Et là miracle on a oublié l'histoire des 3%, on trouve de l'argent sans soucis car comme l'a dit notre président «quoi qu'il en coûte l'État sera là». Que va-t-il se passer une fois que nous pourrons sortir de chez nous ? Comment expliquer qu'il n'y a pas d'argent alors que là on en a trouvé sans problème ? Comment retrouver une certaine orthodoxie financière ? La parole gouvernementale risque d'être inaudible aux oreilles de certains… Aussi, l'après Covid-19 sera peut-être pire que l'avant.

Pour revenir aux marchés financiers, attention car nous n'avons vu que la partie émergée de l'iceberg. Nous sommes très loin de pouvoir vraiment mesurer les conséquences macro et micro économiques de la crise sanitaire que nous traversons. Nous ne sommes donc pas à l'abri de nouveaux à-coups violents. Donc, comme nous sommes confinés autant faire de même sur les marchés. Une fois que nous pourrons sortir le nez de chez nous et si l'envie de revenir sur les Small Caps il faudra alors privilégier celles qui ont une structure de cash-flow excédentaire, un bilan peu endetté, ont un CA avec un niveau de récurrence élevé (ex. logiciels) et surtout sont liquides…

1 commentaire

  • 03 avril 14:53

    Enfin un article raisonnable et mesuré, qui n'incite pas à se jeter sur certaines valeurs, juste parce qu'elles seraient massacrées et auraient par la même occasion retrouvé un potentiel soi-disant quasi certain. Ceux qui ont ou semblent avoir des certitudes ne sont pas de bons conseillés dans ce genre de période.


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