Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Le marché s’impatiente avec la Chine
information fournie par Newsmanagers 25/08/2023 à 10:00

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

(Crédits photo : Adobe Stock - )

(NEWSManagers.com) - Nouvelle déception pour les investisseurs en Chine. Après la décision surprise de la banque centrale la semaine passée de réduire ses principaux taux directeurs, en réaction à des données d'activité et d'inflation inquiétantes, le marché attendait une réduction de la même ampleur des taux pratiqués par les banques.

Pékin a encore insisté ce weekend auprès d'elles pour assouplir les conditions de prêts. Mais la baisse a été bien inférieure aux prévisions. Le taux préférentiel de prêt à un an (LPR) a été abaissé de 10 points de base (pb) à 3,45% contre 3,55% précédemment, tandis que le taux préférentiel de prêt à cinq ans a été laissé inchangé, à 4,20%.

Le consensus des économistes tablait sur une baisse de 15 pb pour chacun. La plupart des prêts en Chine sont basés sur le LPR à un an, tandis que le taux à cinq ans est la référence des prêts immobiliers. Ceux-ci sont généralement guidés par les taux de la facilité de prêt à moyen terme (MLF) de la Banque populaire de Chine (PBoC), abaissés la semaine passée. Mais le LPR est fixé par les banques.

«Le LPR est le taux que les banques appliquent à leurs meilleurs clients, explique Michelle Lam, économiste chez Société Générale CIB. Il n'est pas directement contrôlé par la PBoC mais fixé par 18 banques commerciales désignées qui soumettent les taux proposés aux clients à la banque centrale chaque mois. Les banques fixent le taux 1 mois par rapport au taux MLF avec une marge qui dépend notamment des conditions de financement.

Des marges d'intérêt au plus bas

La rentabilité des banques semble avoir été un facteur clé dans ce mouvement de taux moins prononcé qu'attendu. La PBoC a évoqué cette question dans son rapport trimestriel publié il y a une semaine. Les banques doivent maintenir, selon elle, un niveau raisonnable de marge nette d'intérêt et de résultats dans l'intérêt de l'économie et pour éviter les risques financiers. «Les marges d'intérêt des banques sont soumises à une immense pression, note l'économiste de SG CIB. Les marges nettes d'intérêt (MNI) des banques commerciales sont déjà passées de 1,91% au quatrième trimestre 2022 à 1,74%, au deuxième trimestre 2023, le niveau le plus bas jamais enregistré. Mais plus de pression à la baisse est encore à venir.»

De fait, la PBoC a déclaré qu'elle continuerait à guider les banques pour qu'elles abaissent les taux d'intérêt sur les prêts hypothécaires existants dans le but de réduire le fardeau de la dette des ménages, mais aussi d'alléger le remboursement anticipé des prêts hypothécaires.Mais contrairement au volontarisme affiché lors du Politburo fin juillet, le gouvernement chinois semble hésiter sur l'ampleur du stimulus qui doit être engagé. Pékin doit éviter d'accroître les déséquilibres d'une économie très endettée et un affaiblissement supplémentaire du yuan.

«Notre interprétation est que l'absence d'une réduction claire et rapide des taux de prêt reflète le débat interne en cours au sein du gouvernement sur la nature et le degré d'assouplissement requis et la marge de manœuvre disponible et d'autres risques et priorités», affirme Aninda Mitra, responsable stratégies d'investissement et macroéconomie chez BNY Mellon IM. L'un des points clés pour les autorités chinoises est l'écart de rendement avec les Etats-Unis et l'impact sur la devise

«Peut-être que les autorités chinoises souhaitent attendre le point de vue de la Fed, lors du symposium de Jackson Hole en fin de semaine, sur les développements structurels (et cycliques) de l'économie américaine, ou une plus grande clarté sur la trajectoire des taux directeurs américains après la réunion de la Fed en septembre», poursuit le stratégiste de BNY Mellon.

Chute du yuan

La chute de la devise et des marchés actions reflète la perte de confiance à l'œuvre dans la deuxième économie mondiale qui peine à rebondir en grande partie à cause de la crise de son secteur immobilier, et désormais des difficultés pour certains acteurs de la finance non régulée. Après être revenu proche de ses points bas de la semaine passée face au dollar, vers 7,31, le yuan s'est redressé avec l'intervention des banques publiques chinoises sur le marché lundi.

«La correction sur le renminbi continue de refléter le pessimisme croissant des investisseurs quant aux perspectives de l'économie chinoise, affirment les stratégistes de MUFG. Cette perte de confiance a également entraîné une vente massive sur les marchés boursiers.» L'indice Hang Seng à la Bourse de Hong Kong est tombé à son plus bas niveau depuis novembre de l'année dernière et chute désormais de 14% par rapport au sommet de début août.

En Chine continentale, les indices boursiers sont également au plus bas depuis neuf mois. A lire aussi: La défaillance de Country Garden serait un coup très dur pour l'immobilier chinois Les dernières statistiques économiques et l'entrée en déflation de la Chine en juillet ont entraîné un flot de révisions en baisse de la croissance pour cette année de la part des économistes de banques. Ils ne croient plus à l'objectif de 5% que s'est fixé le gouvernement. JP Morgan, Morgan Stanley, Nomura et Deutsche Bank on réduit leur prévision pour cette année, seule cette dernière maintenant une perspective de croissance à 5%.

Plus pessimiste, Barclays anticipe 4,5%. «La croissance économique chinoise a ralenti depuis avril en raison du retournement plus marqué de l'immobilier», expliquent les économistes d'UBS qui regrettent un soutien politique moins marqué qu'annoncé et qu'attendu. Il n'y a pas eu non plus de mesures concrètes et significatives après les dernières annonces du Politburo. Les dernières statistiques de ventes de terrains par l'Etat ont chuté pour le 19e mois consécutif et reculaient en juillet de 10% sur un an. «Nous prévoyons maintenant un ralentissement immobilier plus profond et plus long, poursuivent-ils.En grande partie à cause d'un secteur immobilier plus faible, bénéficiant peu de compensations supplémentaires, mais aussi d'un ralentissement de la demande externe, nous abaissons nos prévisions de croissance du PIB de la Chine.» UBS a réduit la sienne lundi pour 2023 à 4,8% (contre 5,2% auparavant) et à 4,2% pour 2024 (contre 5%)

Même en cas de mesures supplémentaires, les défis structurels auxquels fait face la Chine limitent la marge de manœuvre et les possibilités pour Pékin. «Les difficultés économiques de la Chine semblent être plus structurelles que conjoncturelles, relève Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès. Le pays souffre d'un profond déséquilibre, avec un niveau excessif d'investissements dans l'immobilier et une consommation insuffisante.

C'est un problème de fond qui sera long à régler. D'autres difficultés, comme la démographie, les tensions géopolitiques ou le repli des exportations pèseront sur l'activité. Il ne semble pas exister de solution simple pour relancer la croissance.» Le changement de modèle est en cours, mais prend du temps et ne pourra se faire sans casse.

Xavier Diaz

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.