* L'évolution des émissions du Trésor joue sur la courbe * Les banques préfèrent Fannie et Freddie aux Treasuries * L'écart deux ans-dix ans n'est pas forcément le plus pertinent par Karen Brettell 10 décembre (Reuters) - Le délai entre une inversion de la courbe des rendements obligataires et une récession pourrait avoir augmenté, ce qui incite certains investisseurs à rechercher des indicateurs plus fiables. Le gouvernement américain a multiplié les émissions pour couvrir un déficit budgétaire qui pourrait atteindre 1.000 milliards de dollars (875 milliards d'euros) l'an prochain mais il a beaucoup plus emprunté à court terme qu'à long terme. Les banques, pour leur part, préfèrent le papier obligataire adossé à des créances immobilières aux titres de la dette souveraine américaine (Treasuries) depuis la crise financière, ce qui rend d'autant plus significatif tout mouvement de la courbe des rendements de ce type d'obligations. Au vu de ces changements de fond de l'offre et de la demande, certains analystes estiment que le délai entre une inversion de la courbe des rendements des Treasuries à deux et à 10 ans et le début d'une récession serait supérieur aux 18 à 24 mois observés dans le passé. Des analystes et des économistes observent par ailleurs que d'autres courbes des rendements permettent peut-être de prédire de manière plus fiable une récession et l'envisagent encore plus éloignée dans le temps que ne pourrait le signaler le "spread" entre les échéances à deux et 10 ans. La courbe des rendements obligataires américains courts et moyens s'est inversée la semaine dernière pour la première fois depuis la période précédant la crise financière, le rendement à deux ans dépassant le trois ans et le cinq ans. L'écart de rendement ("spread") entre l'obligation à deux ans et l'obligation à 10 ans US2US10=TWEB est tombé à moins de dix points de base, au plus bas depuis 2007, faisant craindre l'imminence d'une récession. Des analystes expliquent que les programmes d'assouplissement quantitatif (QE) lancés par les banques centrales depuis la crise financière de 2007-2009 ont faussé la courbe des rendements, ce qui implique qu'une inversion de la portion de la courbe entre deux et 10 ans ne doit pas forcément être interprétée comme le signe d'une récession prochaine. "La courbe actuelle est considérablement déformée par les QE et également par les effets de leur dénouement", dit ainsi Thomas Simons, économiste en charge du marché monétaire chez Jefferies. Le Trésor américain a augmenté l'offre de papier à deux ans de 82 milliards de dollars depuis février alors que celle d'obligations à 10 ans n'augmentait que de 22 milliards. "Ça fait une quantité importante déversée sur le court terme sans équivalent sur le long terme", note Simons. Cet écart a contribué à la hausse des rendements des échéances les plus courtes, donc à la diminution du spread entre le deux ans et le 10 ans. A ce facteur, il faut ajouter la demande bancaire qui, depuis la crise, se porte de plus en plus sur la dette garantie par les géants semi-publics du crédit immobilier Fannie Mae FNMA.PK et Freddie Mac FMCC.PK . "Dans la mesure où les banques en usent moins que du Fannie et du Freddie, la courbe des Treasuries a vraiment perdu en importance au cours des neuf années et demie écoulées", constate Brian Reynolds, analyste de Canaccord Genuity. Les obligations émises par Fannie Mae et Freddie Mac donnent des rendements supérieurs à ceux des Treasuries et comme ces deux organismes ont été renfloués par l'Etat fédéral en 2008, ils bénéficient de la garantie de ce dernier. Les banques américaines ont porté leurs avoirs en dette garantie par Fannie Mae, Freddie Mac et d'autres organismes publics ou semi-publics à 2.230 milliards de dollars contre 1.160 milliards fin 2008, alors que leurs avoirs en Treasuries sont passés de 56 à 503 milliards de dollars durant la même période, selon des données de la Réserve fédérale. Les spreads entre les échéances à deux et 10 ans de la dette émise par Fannie Mae et par Freddie Mac sont de 24 et 44 points de base respectivement, ce qui veut dire qu'une éventuelle inversion de la courbe interviendrait plus tard que celle de la courbe des Treasuries. Dans un document publié en août, la Réserve fédérale de San Francisco observait que même si la courbe des Treasuries à deux et 10 ans restait la référence des experts financiers, une inversion de la courbe entre les bons à trois mois et les obligations à 10 ans serait un indicateur de récession plus fiable à un horizon d'un an. Ce spread est actuellement d'une cinquantaine de points de base et donc une inversion de cette courbe interviendrait elle aussi plus tard que celle de la courbe à deux-dix ans. "Il pourrait s'écouler de nombreux mois avant qu'on observe ce point d'inversion de la courbe", dit Charlie Ripley, stratège senior d'Allianz Investment Management. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ auctions https://tmsnrt.rs/2QkyeBh Inversion https://tmsnrt.rs/2QeQbBg Freddie https://tmsnrt.rs/2QhDfKY ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)
Le délai entre inversion de la courbe et récession en question
information fournie par Reuters 10/12/2018 à 13:44
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