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Le Chili opère un net virage à droite avec la victoire de Kast à la présidentielle
information fournie par Reuters 15/12/2025 à 03:24

(Actualisé avec précisions, commentaires de Kast)

par Alexander Villegas et Fabian Cambero

Le candidat d'extrême droite José Antonio Kast a remporté dimanche le second tour de l'élection présidentielle au Chili, porté par un électorat réclamant davantage de sécurité et une lutte accrue contre l'immigration, une victoire qui marque un virage à droite sans précédent dans le pays depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet en 1990.

José Antonio Kast a remporté 58% des suffrages, contre 42% pour Jeannette Jara, la candidate de la coalition de gauche au pouvoir, qui a rapidement reconnu sa défaite.

Vétéran de la politique, José Antonio Kast a adopté de longue date des positions très conservatrices, prônant durant la campagne électorale la construction de tranchées et murs frontaliers, de déporter tous les migrants clandestins et de déployer l'armée dans les quartiers à forte criminalité.

Au cours d'un discours de victoire prononcé devant une foule de partisans survoltés, rassemblés au siège du Parti républicain qu'il a fondé, José Antonio Kast a promis "un vrai changement".

"Sans sécurité, il n'y a pas de paix. Sans paix, il n'y a pas de démocratie. Et sans démocratie, il n'y a pas de liberté", a-t-il dit. "Le Chili va redevenir libre de toute criminalité, anxiété et crainte".

Il a toutefois prévenu que le chemin serait difficile, ajoutant qu'il n'y avait "pas de solution magique" et que le changement demandait de la persévérance et du temps.

Certains de ses partisans portaient des casquettes rouges frappées du slogan "Make Chile Great Again", référence au célèbre slogan du président américain Donald Trump, dont l'administration pourrait profiter de la victoire de José Antonio Kast pour renforcer ses alliances en Amérique du Sud.

Cette victoire vient confirmer la poussée de la droite nationaliste en Amérique latine, dans le sillage des arrivées au pouvoir de Daniel Noboa en Equateur, de Nayib Bukele au Salvador et de Javier Milei en Argentine. Par ailleurs, l'élection en octobre en Bolivie du centriste Rodrigo Paz a mis fin à près de deux décennies de gouvernements socialistes dans le pays.

Jadis jugé trop extrémiste par nombre de Chiliens et battu par le socialiste Gabriel Boric lors du scrutin de 2021 - à l'issue de ce qui fut alors sa deuxième campagne présidentielle -, José Antonio Kast a rassemblé des électeurs de plus en plus préoccupés par la criminalité et l'immigration.

Si le Chili demeure l'un des pays les plus sûrs de la région, les crimes violents se sont multipliés ces dernières années, sur fond d'enracinement des groupes criminels, lesquels profitent des frontières poreuses dans le nord désertique du pays pour acheminer de la drogue depuis la Bolivie et le Pérou voisins.

Les flux de migrants ont aussi pris de l'ampleur, selon des données gouvernementales, avec nombre de migrants clandestins en provenance du Venezuela ces dernières années.

José Antonio Kast a proposé notamment de créer une police aux frontières inspirée de celle dont disposent les Etats-Unis afin d'arrêter rapidement et d'expulser les personnes tentant d'entrer illicitement au Chili.

Il a également dit vouloir réduire massivement les dépenses publiques.

Reste que les réformes radicales voulues par le chef de file de l'extrême droite pourrait se heurter à l'opposition d'un Congrès fragmenté. Bien que les partis de droite ont effectué des gains lors des législatives de novembre, la gauche dispose d'un nombre similaire de sièges.

(Alexander Villegas et Fabian Cambero, avec la contribution de Lucinda Elliott et Reuters TV; version française Tangi Salaün et Jean Terzian)

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