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Le CAC 40 plus porté par une dynamique de rattrapage que de croissance
information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 24/10/2025 à 10:42

(Crédits: Adobe Stock)

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Le 23 octobre 2025

Retour aux fondamentaux. Les investisseurs en ont assez de courir après les sautes d'humeur de Donald Trump et de Vladimir Poutine sur la question du conflit en Ukraine, ou d'essayer de voir ce qui cache derrière le sourire énigmatique de Xi Jinping lors des négociations sur les droits de douane. Lassés, aussi, d'essayer de lire dans le marc de café pour chercher à deviner les prochains chiffres d'inflation ou d'évolution du marché de l'emploi. A la Bourse de Paris, plus personne ne prête plus la moindre attention aux discussions surréalistes auxquelles se livrent nos députés pour tenter de trouver un budget pour la France. Seuls nos concitoyens se désespèrent du matraquage fiscal qui les attend au tournant. Sur ce sujet, les investisseurs internationaux se gardent bien de donner leur avis : sans doute pensent-ils, comme dans le célèbre sketch des Inconnus, que notre pays n'est pas au sommet de sa forme, « mais cela ne nous regarde pas » !

En réalité, les marchés ont trouvé un autre centre d'intérêt : il s'agit bien évidemment des résultats trimestriels d'entreprises. Dans ce domaine, au moins, les règles du jeu sont claires. Quand les annonces sont bonnes, on achète à tour de bras. Quand c'est mauvais, on tire à boulets rouges, quitte à laisser du sang sur les murs. Mais, in fine, le bilan est largement positif, avec un indice CAC 40 ayant franchi cette semaine un nouveau plus haut historique en séance à 8 271,48 points. La plupart des autres places mondiales sont abonnées aux mêmes performances.

Laskine

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La différence de traitement entre les bons et les mauvais élèves est en effet saisissante. Au chapitre des réjouissances, il n'est cependant pas inutile de préciser que les plus belles réactions boursières aux dernières publications trimestrielles saluent moins des performances extraordinaires que des publications moins mauvaises qu'attendues. C'est typiquement le cas du groupe de luxe Kering qui poursuit son formidable redressement en dépit de l'annonce d'une baisse de 10% de son chiffre d'affaires trimestriel. Les investisseurs estiment que la sanction boursière de ces derniers mois, avec un cours de Bourse passé de près de 800 euros à l'été 2021 à un plus bas de 150 euros fin avril, était trop sévère. Ils misent sur un redressement de Gucci sous l'impulsion d'une direction générale largement renouvelée. Le marché s'est en revanche montré moins magnanime à l'égard d'Hermès qui a fait état d'une très belle progression de 10% de son activité, mais le titre reste très fortement valorisé.

Edenred, le spécialiste des tickets-restaurant, a de son côté flambé de 19% en début de semaine, après l'annonce d'un chiffre d'affaires trimestriel en progression de 6,5%. En soi, cette hausse n'a rien d'extraordinaire, mais elle s'est révélée supérieure aux estimations. Elle ouvre la porte à une révision à la hausse des attentes bénéficiaires à laquelle le marché ne s'attendait pas. Très bon accueil également pour des publications trimestrielles de Valeo, Accor et Bureau Veritas. Les chiffres publiés par ces trois sociétés ne permettent pas non plus de sauter au plafond, mais la confirmation de leurs prévisions pour l'année entière rassure les investisseurs en manque de visibilité. Ces quelques exemples montrent que le marché cherche avant tout à s'assurer que nos entreprises tiennent le cap, tout en sachant fort bien que la croissance fait cruellement défaut de ce côté-ci de l'Atlantique.

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A l'opposé, les sanctions sont sans pitié. C'est le cas du spécialiste français des logiciels de gestion des cycles de production, Dassault Systèmes, qui s'est effondré ce jeudi de près de 13% après avoir revu à la baisse ses prévisions pour 2025. Même tarif pour le fabricant européen de puces électroniques très exposé au marché automobile, STMicroelectronics, ayant annoncé qu'il anticipait un chiffre d'affaires pour le quatrième trimestre inférieur aux attentes. Cette sanction n'est pas sans rappeler celle infligée à L'Oréal en début de semaine. Le géant français des cosmétiques a raté le consensus de très peu, mais tout ce qui obère la visibilité sur le niveau d'activité ou les résultats ne passe pas. Sodexho et Carrefour en ont également fait les frais.

Ce chassé-croisé de bonnes et de mauvaises nouvelles n'est pas sans conséquence sur les portefeuilles. Sans surprise, nos meilleures performances sont enregistrées sur nos portefeuilles de gestion collective, avec une progression de plus de 14% sur un an de notre sélection d'ETF Monde ayant su tirer parti des possibilités de diversification offertes par les nombreux trackers éligibles au PEA dont nous disposons. Nos fonds ISR poursuivent eux aussi leur chemin vertueux. L'idée ici n'est pas « de sauver la planète », mais de sélectionner les valeurs gérées le plus efficacement. Notre portefeuille d'actions Défensif affiche toujours une belle progression de 7,76% sur un an, mais celle-ci aurait pu être bien meilleure, si nous n'avions pas eu la très mauvaise idée d'acheter le 2 octobre 500 actions Dassault Systèmes qui se sont effondrées cette semaine. Nous avons également eu la maladresse de renforcer les positions sur BNP Paribas, un peu avant la chute du titre causée par sa condamnation aux Etats-Unis sur un litige portant sur les activités de la banque au Soudan. Dans le portefeuille Offensif, le résultat des bonnes opérations que nous avons réalisées sur Kering, Valeo, Airbus ou Medincell a été neutralisé par l'acquisition, là aussi fort maladroite, de 500 actions STMicroelectronics deux jours avant leur chute ! La gestion d'un portefeuille orienté vers des opérations spéculatives est semée d'embûches. L'année n'est pas encore terminée, ce type de stratégie impose de revenir sans cesse sur l'ouvrage. Nous nous y attelons.

Quelle stratégie pour le troisième trimestre ? Comme nous le montrent les réactions récentes des investisseurs, la marche en avant de la cote européenne - et française particulièrement – repose plus sur un processus de rattrapage après plusieurs années de plomb, marquées par les conséquences de la guerre en Ukraine et la hausse du prix de l'énergie, que par une véritable dynamique de croissance. Les dernières données collectées par LESG I/B/E/S montrent en effet que les perspectives de progression des profits des entreprises européennes se sont ces dernières semaines légèrement dégradées avec une progression moyenne des bénéfices par action revenue à seulement 0,2%. Le tempo sur lequel nous avançons n'est pas très enjoué, mais la capacité de progression d'un marché bien décidé à rattraper son retard par rapport aux grandes places boursières ne doit pas être négligée. Les valeurs françaises se paient aujourd'hui autour de 18,4 fois les profits attendus pour l'année en cours et se traitent sur une base très conservatrice de 2,04 fois la valeur comptable des actifs des sociétés cotées à la Bourse de Paris. A titre d'exemple, les valeurs du S&P 500 se négocient à Wall Street à plus de 30 fois les profits, avec un ratio cours/valeurs comptable situé à 5,4 points. Les perspectives de croissance des sociétés américaines sont sans communes mesures avec les nôtres. Toutefois, l'écart est suffisamment important pour susciter un regain d'intérêt de la part des investisseurs internationaux pour la France ayant retrouvé un contexte politique plus apaisé. Alors que nous étions la semaine dernière assez réservés sur la stratégie à suivre à court terme, nous sommes aujourd'hui plus disposés à reprendre des positions acheteuses sur les valeurs françaises. L'objectif est de privilégier en priorité des valeurs en retard, notamment seules qui seront capables d'offrir une bonne visibilité sur leur capacité à tenir leurs promesses en matière d'activité et de profits.

Bonne lecture et bon week-end à tous,

Roland Laskine

1 commentaire

  • 11:01

    Mon seul commentaire : il faut sauver le soldat CAC afin que la présentation des résultats aux PP soit "neutre"...Comment expliquer rationnellement la progression du luxe.? j 'ai adoré: "les perspectives du luxe , on a touché le point bas ".!!. Bref l industrie financière sauve son année 2025


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