
Le CAC 40 boucle le premier semestre sur une performance de 5,3%. Quel sera sa performance à la fin de l'année ? (crédit : LG / Boursorama)
Alors que l'indice français a terminé les six premiers mois de l'année sur une performance de 5,3%, retour sur le premier semestre des grandes valeurs de la cote et le point sur les indicateurs à surveiller au second.
Voilà, c’est fini, le CAC 40 a tiré le rideau du premier semestre vendredi soir sur une progression de 5,31%, à 5120,68 points. C’est bien mieux que les six premiers mois de l’année 2016 qui avaient vu l’indice français reculer de 8,6% mais cette progression masque deux temps bien distincts dans le parcours du CAC 40.
Le premier se clôt le 8 mai avec la fin de la séquence présidentielle et un indice qui ouvre à son pic annuel, à 5442,10 points. Le risque politique a plané dans l’esprit des investisseurs pendant cette période mais il n’a paradoxalement pas empêché le CAC 40 d’afficher une hausse de près de 12%.
«L’effet Macron» s’est dégonflé avant l’heure
L’avance d’Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle a même permis à l’indice de grimper de 4,1% sur la seule séance du 24 avril. Le métier de la Bourse, c’est d’anticiper et c’est ici bien ce qu’elle a fait. L’hypothèse d’une victoire du candidat d’En Marche et la levée du risque politique ont été jouées très tôt par les marchés.
Trop tôt ? C’est ce qu’on pourrait se dire en voyant la suite du parcours du CAC 40 car depuis le 8 mai et ce record à 5442,10 points, l’indice a cédé près de 6% et semble à avoir du mal à trouver un second souffle.
De l’autre côté de l’Atlantique, les errements de Donald Trump ont plus ou moins mis à mal le scénario reflationniste joué par les investisseurs sans que les conséquences ne se fassent vraiment ressentir sur les grands indices, avec notamment un Nasdaq Composite en progression de plus de 13%...
La victoire du luxe
Seize valeurs du CAC 40 progressent de plus de 10% sur le semestre. Les grandes gagnantes de la période écoulée sont indéniablement les valeurs du luxe. Kering a survolé la compétition en signant la meilleure hausse de l’indice à +39,8%. Le groupe a impressionné les investisseurs en début d’année grâce à la performance incroyable de Gucci (une croissance comparable de 43,8% au premier trimestre).
La plupart des analystes sont d’ailleurs convaincus que la belle histoire va se poursuivre au second semestre si l’on en croit les relèvements d’objectifs récents (Barclays est passé de 290 à 330 euros, UBS de 282 à 335 euros…).
Derrière, on retrouve LVMH, le géant du luxe a lui aussi signé un semestre de toute beauté, progressant de 20,3% et ravissant au passage le 3 mai la place de numéro un de plus grosse capitalisation de l’indice à Total avec, ce jour-là, un poids de 117 milliards d’euros (111,8 milliards aujourd’hui).
Certes, Atos s’est intercalé entre les deux avec +22,59% mais ce joli parcours n’est pas tout à fait comparable puisque la SSII n’a intégré le CAC 40 que le 20 mars.
Crédit Agricole signe également une belle performance à +19,75%. C'est d’autant plus remarquable que ses rivales font beaucoup moins bien (BNP Paribas +4,15%, Société Générale +0,78%, Axa -0,15%). Sur un an, la Banque verte gagne désormais près de 88% bénéficiant à plein du plan de réorganisation impulsé par Philippe Brassac.
Huit valeurs en recul au premier semestre
Seules huit valeurs de l’indice terminent dans le rouge : TechnipFMC (-28,59%), Total (-8,79%), Renault (-6,22%), Arcelormittal (-5,64%), Orange (-3,78%), Carrefour (-3,23%) Unibail-Rodamco (-2,69%) Axa (-0,15%).
Ce n’est pas vraiment une surprise de retrouver le parapétrolier TechnipFMC, la major Total et l’aciériste Arcelormittal aux avant-postes des baisses alors la période écoulée a été difficile pour les matières premières, pétrole en tête. Malgré les réductions de production décidées par l’Opep, mises en application en janvier et reconduites pour le second semestre, le Brent a décroché de 15,6%. L'or noir est pénalisé par des stocks qui restent importants grâce, notamment, à l’afflux de pétrole de schiste en provenance des Etats-Unis sur le marché. Mais cela pourrait bien ne pas durer...
Resserrement monétaire en cours
Que retenir d’autre de ce semestre ? Les banques centrales continuent d’occuper une place importante dans le paysage. La Fed a passé deux hausses de taux de un quart de point chacune : une le 15 mars, faisant passer le taux interbancaire au jour le jour de 0,75 à 1% et une autre le 14 juin pour le fixer de 1 à 1,25%.
Janet Yellen a également commencé à parler du dégonflement du pléthorique bilan de la banque centrale américaine (près de 4.500 milliards de dollars). Une autre hausse est encore prévue cette année, même si les marchés n’y croient guère.
Dans les mois qui viennent, l’institution va commencer à ne plus réinvestir les titres arrivant à échéance qu’elle détient (on parle de tombées obligataires) : ce montant sera de 6 milliards de dollars par mois pour les bons du trésor qui sera augmenté de 6 milliards tous les trois mois pendant un an pour atteindre 30 milliards de tombées non réinvesties par mois. Pour les autres formes de dette, ce sera 4 milliards de dollars par mois pour arriver par le même processus à 20 milliards de dollars par mois.
Où en est l’économie américaine ?
La politique de la Fed est loin d’être un détail pour les investisseurs dans les mois qui viennent. Pour Patrick Artus, chef économiste chez Natixis et invité sur le plateau d'Ecorama les marchés vont désormais devoir surveiller deux facteurs. Le premier, c’est le manque de visibilité sur la croissance américaine qui pourrait finalement ressortir en dessous de 2% cette année alors que les profits des entreprises se retournent à la baisse, « ce qui n’est pas ce que les marchés valorisaient. »
Le deuxième c’est la hausse des taux d’intérêt que le resserrement monétaire de la Fed et de la BCE va engendrer. «La hausse des taux d’intérêt en soi, ça fait baisser les marchés d’actions. […] Cette espèce d’illusion des marchés financiers jusqu’à il y a huit jours que même au plein emploi, même avec les salaires qui accélérèrent, les taux d’intérêt ne vont pas bouger, c’est quelque chose qui est totalement ridicule »
Stop ou encore, telle est la question ? La plupart des sociétés de gestion surpondèrent actuellement les marchés européens mais ceux-ci pourraient-ils échapper à une baisse en cas de correction américaine ? Les investisseurs disposeront bientôt d’un élément de réponse supplémentaire avec la publication des résultats du deuxième trimestre. S’ils sont supérieurs aux attentes, ils pourraient permettre un rally haussier pendant l’été. Avant une rentrée qui s’annonce elle, beaucoup plus compliquée à appréhender...
Les éléments à surveiller au second semestre
1) L’état de l’économie américaine
2) Le tempo du resserrement monétaire de la Fed et de la BCE
3) Le rebond possible du pétrole (et des matières premières)
4) La concrétisation (ou pas) du ralentissement chinois
Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)
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