(.) BRUXELLES, 7 février (Reuters) - La "clause de sauvegarde" ("backstop") destinée à éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande après le Brexit est au centre du blocage entre Londres et Bruxelles, le Parlement britannique refusant d'adopter le plan de sortie négocié par la Première ministre Theresa May avec l'Union européenne. Voici les aspects essentiels et les enjeux de ce backstop: CONSENSUS POUR ÉVITER UN RETOUR À UNE "FRONTIÈRE DURE" En 1998, l'Accord du Vendredi saint conclu entre le Royaume-Uni et l'Irlande a mis fin à trente ans de violences en Irlande du Nord. Il a permis de supprimer les contrôles le long des 500 kilomètres de frontière entre la province britannique et la République d'Irlande, avec la mise en place dans toute l'île de règles et d'institutions qui font de l'Irlande du Nord un cas spécifique au sein du Royaume-Uni. Le Brexit pourrait entraîner de nouveaux contrôles le long de la frontière. Un attentat commis le mois dernier à Londonderry par un groupe anti-britannique a fait craindre un retour à la violence, et l'on redoute que des postes-frontière ne soient pris pour cible par des militants armés. QUELLE SOLUTION ? Theresa May assure qu'un accord commercial et douanier spécifique avec l'UE, à négocier pendant une période de transition qui pourra durer de 20 à 44 mois, devrait permettre d'éviter le rétablissement de contrôles poussés à la frontière irlandaise. Mais le gouvernement de Dublin, soutenu par ses partenaires européens, veut des assurances au cas où les futures négociations commerciales échoueraient. QUELLES ASSURANCES ? L'Accord de retrait que Theresa May a conclu en novembre dernier avec l'UE précise que le Royaume-Uni restera dans l'union douanière jusqu'à ce que d'autres arrangements soient trouvés pour éviter le rétablissement d'une frontière physique en Irlande. L'UE a proposé de maintenir l'Irlande du Nord dans sa zone économique, ce que refusent Theresa May et les unionistes nord-irlandais qui assurent à la Première ministre une majorité au Parlement de Westminster et pour qui cela risquerait d'aboutir à une "annexion" de l'Irlande du Nord par Dublin. LES OBJECTIONS DES DÉPUTÉS BRITANNIQUES Nombreux sont les parlementaires britanniques qui répugnent à voir le Royaume-Uni demeurer lié aux règles européennes et à des droits de douanes qui empêcheraient Londres de conclure ses propres accords commerciaux. Pour eux, il s'agirait alors d'un "faux Brexit". Theresa May a insisté pour que l'UE fixe une date limite au backstop, peut-être en 2021. Certains gouvernements européens n'excluent pas une telle échéance, mais peut-être plus proche de 2025 que de 2021. Une idée que repoussent d'autres pays de l'Union, à commencer par l'Irlande. QUE FAIRE MAINTENANT ? C'est la totale incertitude. Le 29 janvier dernier, la Chambre des communes a adopté un amendement chargeant Theresa May de négocier des "mécanismes alternatifs" en lieu et place du "backstop". L'UE affirme qu'elle ne renégociera ni l'Accord de retrait, ni le protocole sur le backstop. Elle pourrait toutefois revoir la déclaration politique sur les futures relations commerciales entre Londres et l'Union après le Brexit, afin d'éviter si possible le recours à cette clause de sauvegarde, par exemple en maintenant le Royaume-Uni dans une union douanière, ce à quoi Theresa May est opposée. ET S'IL N'Y A PAS D'ACCORD ? Si chacun campe sur ses positions, le Royaume-Uni quittera l'UE le 29 mars à 23h00 GMT. Les gouvernements de Londres et de Dublin ont fait savoir qu'ils n'avaient pas l'intention d'imposer des contrôles douaniers à la frontière. Mais Bruxelles a clairement indiqué qu'un Brexit sans accord signifierait le retour à une frontière dure, sous une forme ou sous une autre. DUBLIN DANS L'INCERTITUDE Les partenaires européens de l'Irlande ont affirmé qu'ils se tenaient au côté du Dublin et défendraient le backstop. Mais ils veulent aussi éviter le "no deal", un Brexit sans accord. Si cela n'est pas possible, l'Irlande ne pourra pas laisser longtemps ouverte la seule frontière terrestre entre l'UE et le Royaume-Uni. Et si les Irlandais ne sont pas en mesure de contrôler les marchandises en provenance de Grande-Bretagne, l'UE risque de se demander un jour si les exportations irlandaises vers le reste de l'Union ne doivent pas à leur tour faire l'objet de contrôles. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ Brexit: L'UE accepte de prolonger ses discussions avec May LE POINT sur les négociations du Brexit: ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Alastair Macdonald; Guy Kerivel pour le service français, édité par Henri-Pierre André)
Le "backstop", point de blocage du Brexit
information fournie par Reuters 07/02/2019 à 14:45
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