Si l’encre est loin d’être sèche sur l’élaboration d’une taxonomie sociale à Bruxelles, certains acteurs veulent prendre de l’avance. Le gestionnaire LBP AM vient de porter sur les fonts baptismaux sa politique de droits humains. Pour autant la société de gestion avait déjà dessiné les contours de ses investissement sociaux dès 2001. « Cette année-là, nous tissé un partenariat avec la FIDH (Fédération internationale des droits humains ), une organisation non gouvernementale (ONG) internationale qui défend tous les droits humains : civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, égraine Guillaume Lasserre, directeur adjoint des gestions. Tout d’abord autour de l’élaboration d’un fonds, LBP AM SRI Human Rights, dont l’objectif est d’investir dans les entreprises et les états déployant le plus d’efforts et de ressources pour la promotion et le respect des Droits de l’Homme. Puis nous avons souhaité étendre la démarche à l’ensemble de notre gestion, avec pour préalable la structuration de cette politique ».
Textes fondateurs
« Il nous manquait un document clé », poursuit Héléna Charrier, responsable solutions ISR. Or, cette notion avant tout culturelle et politique se heurte à l’immensité de son concept. « Pendant longtemps, s’attaquer à cet enjeu social revenait à le traiter par le biais des controverses , rappelle-t-elle. Ici, notre démarche est fondée sur les principes onusiens, au travers l’élaboration de cinq piliers ». Ce cadre s’arrime aux textes internationaux fondateurs comme les Principes des Nations unies sur les entreprises et les droits de l’Homme (UNGP), la Déclaration universelle des droits de l’Homme, les lignes directrices de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales ou encore les conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT). Aux enjeux d’identification des risques par secteurs, géographies et thématiques sont adjoints les enjeux de leur matérialité dans les portefeuilles afin de les prévenir et de les atténuer, mais aussi de suivre les mesures prises par les entreprises.
Pour y parvenir, le gestionnaire s’appuie sur des « sachants », ONG, universités, syndicats… « Nous avons mené des études et identifié neuf thématiques saillantes afin de pointer les secteurs et les géographies les plus sensibles ainsi que les thématiques majeures de risques », souligne Camille Bisconte de Saint Julien, analyste Droits Humains & Social. L’une d’entre elles est celle des polluants éternels et ses incidences sur la santé humaine. Une démarche qui a conduit le gestionnaire à exclure 7 entreprises, dégrader la note ESG de six autres et de mener une politique d’engagement avec les 6 acteurs les plus avancés. « L’objectif est de se positionner en amont des controverses », appuie l’analyste. L’an passé, LBP AM a interagi avec 40 entreprises dans lesquelles elle investit pour promouvoir des pratiques responsables et durables en matière de droit à la santé, conditions de travail, etc. Un levier qu’elle estime majeur. Prochainement aboutira un projet de recherche mené avec une université parisienne sur la situation des droits de l’Homme en Inde.
Valérie Riochet
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