(AOF) - Lanterne rouge de CAC 40, TP plonge de 17,78% à 70,48 euros, au plus bas depuis 2016, au lendemain de la publication de résultats semestriels décevants qui s'accompagnent de prévisions pessimistes concernant sa croissance annuelle. L'ex- Teleperformance accumule les déboires : son nouveau plan stratégique "Future Forward" avait déjà provoqué une chute du titre. TP a dévoilé un résultat net part du groupe de 249 millions d'euros contre 291 millions un an plus tôt à la même période. Son Ebita courant s'affiche à 697 millions d'euros contre 703 millions.
Le chiffre d'affaires du spécialiste de la gestion des relations clients atteint 5,1 milliards d'euros, en hausse de 0,8% sur un an.
Selon RBC, les investisseurs risquent de regretter qu'une grande partie des informations contenues dans le communiqué (notamment celles concernant TLS et la dynamique du flux de trésorerie disponible) auraient pu être communiquées bien à l'avance, au lieu d'une distribution au goutte-à-goutte des mauvaises nouvelles.
"Les signes d'une dynamique fondamentale risquent d'être éclipsés pour l'instant par l'ampleur de la déception au niveau des services spécialisés et le manque de visibilité sur une éventuelle reprise. La perte du contrat britannique relatif aux visas est bien connue, mais son impact négatif (dont une partie s'est déjà fait sentir au quatrième trimestre 2024) est passé d'environ 20 millions d'euros au premier trimestre à environ 50 millions d'euros au deuxième trimestre, et un impact similaire est attendu au troisième trimestre. Cette instabilité devrait être scrutée par les investisseurs", détaille UBS, qui abaisse son objectif de cours à 92 euros et maintient sa recommandation Neutre.
RBC, à Surperformance sur la valeur, explique aussi la déception au niveau des revenus du groupe au deuxième trimestre par la forte contraction en organique des services spécialisés. L'analyste met principalement en cause une mauvaise communication concernant l'ampleur d'une perte de contrat connue),
Le broker signe par ailleurs que l'EBITA au premier semestre est inférieur d'environ 2 % au consensus et le bénéfice net déclaré (toujours un terrain miné) inférieur d'environ 12 % au consensus. La dette nette est, elle, supérieure d'environ 8 % aux attentes, ce qui en partie du à la faiblesse des flux de trésorerie disponibles au premier semestre. Le cash-flow net disponible est passé de 448 à 259 millions d'euros en un an et il était attendu à
Le groupe anticipe désormais que la croissance de l'activité sera dans le bas de la fourchette initiale d'objectif en 2025, de + 2 % à + 4 %. Le groupe mise toujours sur une marge d'Ebita courant entre 15,0 % et 15,1 % à taux de change constants ainsi que sur une forte génération de cash-flow net de l'ordre de 1 milliard d'euros hors éléments non récurrents.
Concernant ses objectifs financiers 2026-2028, TP anticipe un retour à une croissance annuelle soutenue du chiffre d'affaires à données comparables avec un objectif compris entre + 4 et + 6 % en 2028, une marge d'Ebita courant d'environ 15,5 % en 2028 attendue après coût de la transformation IA et une génération d'un cash-flow net disponible cumulé d'environ 3 milliards d'euros sur la période 2026-28 qui tiennent compte des efforts fournis en matière d'IA.
L'action TP dévisse de près de 15% depuis le début de l'année et d'environ 40% depuis un an.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Leader mondial des solutions digitales intégrées, créé en 1978 ;
- Chiffre d’affaires de 10,3 Mds€ provenant de 2 branches : pour 85,5 %, les activités core services & Digital Integrated Business Services (relations clients, assistance technique, acquisition de clients, back-office en ressources humaines et comptabilité, conseil en processus métier dans l'analytique, les systèmes automatisés et l’intelligence artificielle) puis les « services spécialisés », mieux margés (interprétariat, gestion des demandes de visa, recouvrement de créances) ;
- Chiffre d’affaires réparti entre zones linguistiques : Espagne & Amérique latine pour 33 %, Asie-Pacifique pour 30 %, Europe & Afrique pour 30 %, et Inde & Moyen-Orient pour 7 % ;
- Modèle d’affaires « Cube » fondé sur 3 piliers : construction d’adjacences métiers, offre d’expertises industrielles approfondies et accélération de la croissance de géographies complémentaires ;
- Capital éclaté, Daniel Julien détenant 2,1 % des actions et Groupe Saham 3,8 %, Moulay Hafid Ellamy présidant le conseil de administrateurs et Daniel Julien assurant la direction générale assisté de Thomas Mackenbrock, futur directeur général.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- déploiement « High Touch-High Tech » combinant croissance interne et acquisitions au service d’une verticalisation par secteur et par marché,
- volontarisme dans le déploiement de nouveaux sites à l’international avec maintien de l’offre de télétravail (70 % des effectifs) et réduction d’1/3 des effectifs en France,
- rapidité des intégrations : après celle de Majorel, n° 1 mondial des solutions digitales pour entreprise (90 M€ de synergies en 2024, 150, voire 180 M€ attendues en 2025), lancement de synergies pour ZP, spécialiste des solutions linguistiques, consolidé depuis le 1 er février,
- innovation financée à plus de 200 M€ par an :
- déclinée en plateformes : structuration par le TAP (technologie, analyse des données, excellence des process) pour l’harmonisation de l'architecture des systèmes, déploiement de solutions expertes (expérience client omnicanal, modèles prédictifs…) et plateforme Cloud Campus d’interactions avec les clients,
- agressive dans les domaines des intelligences émotionnelle et artificielle : 100 M€ d’investissements, 62 000 programmes de formationen interne, 80 projets d'IA lancés au 1er trimestre, partenariats -commerciaux avec Ema et Parloa, experts en IA agentique, et avec Sanas, expert en compréhension des conversations en temps réel ;
- Stratégie environnementale visant le net zéro en 2040 :
- 2030 : réduction de 56,7 % des émissions directes et de 27,5 %, des émissions scope 3,
- focalisée sur la réduction de l’empreinte carbone, générée aux 9/10 èmes par la consommation d’électricité et l’atténuation des risques météorologiques extrêmes, 40 % des collaborateurs travaillant en Inde, Mexique et Philippines,
- lancement d’emprunts verts ;
- Agilité financière maintenue : capitaux propres de 4,6 Md€, effet de levier de 1,9 pour une dette notée « investiment grade » et autofinancement libre de 1,1 Md€.
Défis
- Sensibilité du résultat opérationnel à la parité du dollar (monnaie de compte de 31 % des revenus), des monnaies philippine, brésilienne, argentine et de l’euro (44 % des revenus) ;;
- Attente de la présentation stratégique le 18 juin, les investisseurs, estimant, depuis 3 ans, insuffisante la réponse du groupe à la concurrence multiforme -délocalisations déflationnistes dans l’activité de centres d’appels et solutions d’intelligence artificielle ;
- Après une hausse de 2,1% des revenus à fin mars, objectifs 2025 confirmés : chiffre d'affaires en accélération au 2 nd semestre et en hausse de 3 à 5 % et marge opérationnelle au moins maintenue :
- Dividende record en hausse à 4,2 € (48 % de résultat net distribué).
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